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Maladie de Lyme (prolongations, octobre 2016)

Publié en ligne le 22 avril 2019 - Maladie de Lyme -

Nous rendons compte ici de prolongements ou d’éléments complémentaires relatifs à des articles que nous avons publiés dans des numéros antérieurs.

La Haute autorité de santé (HAS) a finalement rendu publiques ses nouvelles recommandations de diagnostic et de prise en charge de la maladie de Lyme [1]. Celles-ci ont fait l’objet de très fortes critiques de la part de l’ensemble des sociétés savantes impliquées dans la prise en charge des maladies transmises par les tiques. Dans un communiqué commun publié le 19 juillet 2018 [2], elles expliquent pourquoi elles refusent de  « cautionner la recommandation de bonne pratique élaborée par la HAS ». Elles dénoncent en particulier le chapitre concernant ce que la HAS appelle la  « symptomatologie/syndrome persistant(e) polymorphe après une possible piqûre de tique » (SPPT) qui ne s’appuie  « sur aucune donnée validée », et s’inquiètent de  « risques majeurs pour les patients en raison de la création d’une entité dépourvue de fondement scientifique » (errance diagnostique, prise en charge inadaptée et possiblement délétère, risques liés au mésusage des antibiotiques). Les quatorze sociétés savantes signataires regrettent par ailleurs que  « la méthode d’écriture de cette recommandation ne [réponde] pas aux critères de qualité habituels de la HAS » et indiquent que le rapport  « n’a pas fait l’objet de discussions au sein du groupe de travail », qu’il contient des annexes  « dont le contenu est dénué de tout fondement scientifique et ne repose sur aucun niveau de preuve ».

De son côté, l’Académie de médecine [3]  « exprime sa profonde déception » et fait part de  « ses plus extrêmes réserves » face à la décision de création de « centres spécialisés des maladies vectorielles à tiques », proposition qu’elle juge  « dispendieuse [et] qui tend à désavouer l’expertise des services de maladies infectieuses et tropicales existants ».

Enfin, le CNGE (Conseil national des généralistes enseignants, principale société scientifique de médecine générale) [4] appelle tout simplement les médecins à  « ne pas tenir compte de la “recommandation” de la HAS » qui  « ne s’appuie aucunement sur des données scientifiques valides ». Pour la CNGE, la lecture des conclusions de l’agence incite à penser  « que les opinions des groupes de pression poursuivant des intérêts particuliers ont été prises en compte aux dépens des données de la science et de l’approche centrée sur le patient ».

Dans un communiqué de presse publié le 22 juin 2018 [5], l’Afis dénonçait un texte qui aura peu de chances de  « calmer la controverse et transformer la qualité de la prise en charge des patients » mais qui  « présente le défaut majeur d’affaiblir le rôle de l’expertise scientifique et laisser la porte ouverte à des dérives médicales déjà constatées en France et aux États-Unis ».

Références

 [1] « Borréliose de Lyme et autres maladies vectorielles à tiques », recommandations de bonne pratique, 20 juin 2018. Sur has-sante.fr

 [2] « Borréliose de Lyme et autres maladies transmises par les tiques : Pourquoi les sociétés scientifiques et professionnelles refusent de cautionner la recommandation de bonne pratique élaborée par la HAS », communiqué de presse de l’ensemble des sociétés savantes impliquées dans la prise en charge des maladies transmises par les tiques, 19 juillet 2018. Sur infectiologie.com

 [3] « Mise au point de la Haute autorité de santé (HAS) à propos de la maladie de Lyme : Réactions et déception de l’Académie nationale de médecine », communiqué de presse, 2 juillet 2018. Sur academie-medecine.fr

 [4] « Maladie de Lyme chronique : le CNGE conseille de ne pas tenir compte de la “recommandation” de la HAS », communiqué de presse, juillet 2018. Sur cnge.fr

 [5] « Maladie de Lyme. La Haute autorité de santé privilégie la confusion aux dépens de l’expertise scientifique », communiqué de l’Afis, 22 juin 2018. Sur afis.org

Publié dans le n° 326 de la revue


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Maladie de Lyme

La maladie de Lyme, ou borréliose de Lyme, est une maladie infectieuse, non contagieuse, causée par une bactérie (de type Borrelia burgdorferi) transmise à l’Homme par piqûres de tiques infectées. Le consensus scientifique, partagé par l’ensemble des agences sanitaires au niveau international, fait l’objet d’une contestation de la part de certaines associations.