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N’avalez pas tout ce qu’on vous dit

Publié en ligne le 21 juin 2019
N’avalez pas tout ce qu’on vous dit
Superaliments, détox, calories et autres pièges alimentaires

Bernard Lavallée
Éditions La Presse, 2018, 248 pages, 24 €

L’auteur est un nutritionniste québécois connu des réseaux sociaux et des médias, notamment par son blog Le nutritionniste urbain 1. Avec un ton très direct et sans aucune intention moralisatrice, il fait un tour d’horizon de ce qu’est la nutrition et de la façon dont les discours présentés comme appuyés par la science sont instrumentalisés par les gourous de tel ou tel régime et par l’industrie agroalimentaire. On notera d’emblée que le lectorat ciblé est clairement canadien, avec beaucoup de chiffres et d’exemples orientés vers le Canada et le Québec, même si l’on peut tirer parti du contenu sans être canadien, bien entendu. De nombreux schémas et illustrations viennent ponctuer les pages tout au long du livre, et l’on trouve un résumé à la fin de chaque chapitre avec les idées principales ; on ne peut que saluer l’effort de pédagogie.

On appréciera la première partie du livre, chargée de rappels sur les bases de la nutrition et l’état de notre connaissance scientifique. Le tout sans trop se perdre dans des détails abscons, en ayant toujours à l’esprit que le lecteur n’est pas un chercheur en nutrition.

Ces rappels permettent dans la deuxième partie d’avoir un œil bien plus sceptique quant à la pléthore de conseils en nutrition qui fleurissent dans les magazines, blogs, étiquettes de produits, etc. On apprend par exemple que les antioxydants n’ont jamais clairement prouvé leurs vertus miraculeuses, ou que les effets des nutriments ne peuvent que rarement être extrapolés aux aliments qui les contiennent. Il est par exemple faux de croire que seule la teneur en fer d’un aliment va conditionner son absorption, car le fer des végétaux est généralement beaucoup moins absorbé que celui des aliments d’origine animale. On apprend que 90 % des résultats de recherches effectuées sur des cellules ou des animaux de laboratoire ne sont pas reproduits lorsque l’expérimentation a lieu sur des humains. L’emballement médiatique fait souvent peu de cas de la réserve nécessaire lorsqu’on sait que neuf résultats sur dix n’auront aucune incidence mesurable sur l’Homme.

La dernière partie du livre est une véritable diatribe contre l’industrie agroalimentaire qui, selon l’auteur, tente de masquer autant que possible le lien entre l’obésité et la consommation de produits transformés. Ainsi les étiquettes des valeurs caloriques et nutritionnelles des produits sont imprécises, une marge d’erreur de 20 % étant autorisée par la loi canadienne, marge également autorisée par la législation européenne 2. Elles sont également trompeuses car elles mettent en avant des vertus nutritives intéressantes alors même qu’il est beaucoup plus sain de se procurer ces apports par la consommation de produits non transformés.

Pour résumer les conseils de ce livre, éviter (sans supprimer) les aliments transformés et cuisiner autant que possible des produits bruts, ne considérer aucun nutriment comme foncièrement bon ou mauvais mais plutôt manger le plus diversifié possible. Pour l’environnement, privilégier la provenance locale qui est toute aussi saine pour la santé que du quinoa péruvien, l’impact carbone en moins.

2 Régulation (EU) No 1169/2011,p. 7. On notera également une tolérance de + 50 % / – 35 % sur les vitamines et minéraux. En ligne sur ec.europa.eu


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