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L’imposture est dans la rumeur, éditorial SPS n°296

Publié en ligne le 15 juin 2011 -
Éditorial de Science et pseudo-sciences n°296 (juin 2011)

Presque dix ans après les attentats du 11 septembre, force est de constater que les thèses conspirationnistes rencontrent encore un écho significatif, surtout sur Internet, mais aussi dans d’autres médias.

Ces thèses postulent que les attentats ne seraient pas ce que l’on croit communément – une opération terroriste liée à Al-Qaida – mais une gigantesque manipulation opérée par un secteur du complexe militaro-industriel des états-Unis cherchant à faire avancer ses intérêts propres. Ces thèses sont pratiquement nées en France, avec la publication en 2002 du livre très médiatisé de Thierry Meyssan, qui expliquait qu’aucun avion ne s’était écrasé sur le Pentagone. Bien que très rapidement réfutée et décrédibilisée par une contre-enquête de deux journalistes de Libération, qui montraient que le « travail » de Meyssan, libre interprétation de documents trouvés sur le Net, ne répondait même pas aux critères minimaux de la démarche journalistique, tels que l’enquête de terrain visant à confronter les différents témoignages[1], cette mode conspirationniste n’a depuis cessé de se développer. Et en particulier aux États-Unis, avec la mise en avant de nouvelles affirmations fantaisistes, relatives cette fois-ci, aux attentats de New York sur le World Trade Center : l’effondrement des tours ne pourrait s’expliquer par le seul écrasement des avions, des explosifs auraient été placés à l’avance, des pilotes amateurs ne pouvaient réaliser l’opération, la Bourse avait anticipé l’attentat...

Gageons qu’à l’occasion du dixième anniversaire des attentats, alors que journaux, radios et télévisions consacreront des dossiers au sujet, les thèses conspirationnistes auront une place de choix... Le doute et l’esprit critique inclinent forcément à une forme de scepticisme, mais cela ne veut pas dire douter de tout ! Le scepticisme radical aboutit à un nihilisme stérile... La démarche productive consiste à s’interroger toujours sur les raisons que l’on a de penser ce qu’on pense, et de garder intacte la volonté de savoir et de comprendre.

C’est ce à quoi entend contribuer ce numéro hors-série de Science et pseudo-sciences en confrontant les arguments conspirationnistes à la connaissance scientifique. Pour chacun des sujets couverts (aéronautique, génie civil, chimie, métallurgie, etc.), il a été fait appel à des spécialistes du domaine.

Science et pseudo-sciences

Références


1 | Guillaume DASQUIE et Jean GUISNEL, L’effroyable mensonge. Thèses et foutaises sur les attentats du 11 septembre, Paris, La Découverte 2002.

Publié dans le n° 296 Hors-série 11 septembre de la revue


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