Yves Buisson (1948-2025)
Publié en ligne le 2 décembre 2025 -
C’est avec une grande tristesse que nous apprenons la disparition du Professeur Yves Buisson survenue le 26 novembre 2025 à l’âge de 77 ans. Yves Buisson était membre du comité de parrainage de l’Association française pour l’information scientifique (Afis) et de sa revue Science et pseudo-sciences depuis avril 2022.
Yves Buisson était médecin, biologiste des hôpitaux des armées, professeur agrégé du Val-de-Grâce, titulaire de la Chaire d’Épidémiologie et de prévention dans les armées. Il était également membre de l’Académie nationale de médecine depuis 2007 et membre associé de l’Académie nationale de pharmacie depuis 2018. En juin 2025, il a été élu à l’Académie des sciences d’outre-mer.
Sa carrière se distingue par un engagement constant au service de la santé mondiale, marqué par la direction d’institutions majeures en microbiologie et médecine tropicale à travers plusieurs continents : directeur du laboratoire de biologie médicale de l’Institut Pasteur de Dakar au Sénégal (1980 à 1983), chef du service de biologie clinique de l’hôpital d’instruction des armées du Val-de-Grâce à Paris (1987-1999), directeur de l’Institut Pasteur du Cambodge (1999-2001), délégué général du réseau international des Instituts Pasteur et instituts associés (2001-2002), directeur de l’Institut de médecine tropicale du service de santé des armées – Le Pharo à Marseille (2004-2007) et directeur de l’Institut de la francophonie pour la médecine tropicale à Vientiane, au Laos (2008-2013).
Yves Buisson a également été président de la Société de pathologie exotique de 2015 à 2018 et coordinateur de la Cellule de veille Covid-19 de l’Académie nationale de médecine de 2020 à 2023.
Très engagé aux interfaces entre science et société, Yves Buisson tirait ainsi quelques leçons sur les rapports entre science et politique à la suite de la pandémie de Covid-19 [1] : « Communiquer est probablement, pour le scientifique, l’enjeu le plus difficile au cours d’une crise sanitaire. Il faut informer le grand public sans l’inquiéter et conseiller le gouvernement sans être instrumentalisé. Accaparée par les médias et par le pouvoir exécutif, la parole scientifique était trop abondante, trop technique, souvent incompréhensible et assommante pour ceux auxquels elle était destinée. Ainsi, nombre de personnes ont préféré la simplicité des messages diffusés sur les réseaux sociaux, au risque d’accorder une écoute bienveillante aux fausses informations. Le débat entre scientifiques implique la confrontation d’opinions différentes et d’expertises diverses à la recherche de preuves parfois insaisissables. Son langage est complexe et les réponses qu’il apporte ne sont pas dénuées de doute. En période de crise, le temps de la science n’est pas celui de la décision, et la prise de décision qui incombe au pouvoir politique, et à lui seul, se fait sur fond d’incertitudes et de connaissances évolutives. Il en assume la totale responsabilité et ne doit pas se défausser sur les instances scientifiques qu’il sollicite pour l’éclairer, surtout en cas d’échec ».
L’Afis adresse à son épouse Blandine, à ses enfants et à toute sa famille ses sincères condoléances.
[1] Buisson Y, « Les insuffisances scientifiques pendant la Covid-19 », Science et pseudo-sciences, n°339 (janvier 2022).





