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L’obésité, un mal... inévitable ?

Publié en ligne le 2 mai 2006 -
par Julie Calvé

« Loin de moi, l’idée de présenter l’obésité comme quelque chose de souhaitable ! Mais le phénomène est le corollaire du mode de vie qu’on a choisi ; en d’autres mots, il correspond bien à notre façon de vivre », lance Angelo Tremblay, professeur-chercheur à l’Université Laval.

Bien ? Une association de mots pour le moins inhabituelle. Depuis quelques temps, on ne cesse de mettre la population en garde contre les méfaits du surplus de poids, à grand renfort de statistiques alarmantes sur la prévalence du diabète et des maladies cardiovasculaires !

« Ce qu’on dénonce, ce qui nous cause des problèmes, est aussi utile à autre chose ». Soyons clair : ce n’est bien sûr pas l’obésité qui est « utile », mais les mécanismes de régulation de l’insuline. En l’absence d’un mode de vie adéquat, ils se « dérèglent » et causent une hyperinsulinémie, favorisant ainsi l’émergence du diabète et le stockage des graisses. Mais, rappelle Angelo Tremblay, ce système sert également à la régulation de l’énergie. Autrement dit, il maintient l’équilibre et établit le bilan énergétique.

La preuve par son contraire ? Exposées à un mode de vie « non-santé », les personnes qui souffrent d’une déficience de ce système de régulation (incapacité à stocker les graisses/hypodystrophie) tombent gravement malades.

Stress, sédentarité, malbouffe... On l’a dit et redit, ces facteurs sont à la source du problème d’obésité en Occident. Mais il y a peut-être plus : le travail... de bureau. Dans deux petites études préliminaires, Angelo Tremblay a relevé un lien clair entre l’exercice intellectuel et l’augmentation de l’appétit. Lors d’une expérience, les participants devaient lire et résumer un texte sur une période de 45 minutes, une dépense calorique équivalente à « rester assis sur une chaise à ne rien faire ». Invités à manger par la suite, les participants engloutissaient 200 calories de plus que ceuxqui n’avaient rien fait !

Le chercheur espère pouvoir confirmer ces résultats avec un projet plus élaboré. Sans être une cause de l’obésité, le travail de la modernité pourrait fort bien y être lié. « Chose certaine, ironise Angelo Tremblay, les descendants du singe n’ont pas été préparés à ça ! »


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