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La science travestie

Publié en ligne le 10 juillet 2015 -
Éditorial de Science et pseudo-sciences n°313 (juillet 2015)

La vie est un spectacle permanent : les enfants s’émerveillent devant un sapin étincelant, les amoureux devant un coucher de Soleil sur l’horizon, l’être humain devant l’immense perspective que lui offre la voûte céleste. Sans cet émerveillement, les plus grands accomplissements de l’être humain n’auraient probablement jamais vu le jour. Mais cet attrait pour le merveilleux, l’aventureux et le mystérieux peut faire paraître la science bien complexe et austère. Complexe, la science l’est par nécessité. Quant à son caractère prétendu austère, ce n’est qu’une perception de certains face à son indispensable rigueur : la science sait émerveiller ceux qui prennent le temps de la comprendre.

Mais nous vivons dans un monde où tout doit se vendre et la rigueur de la science n’est pas vendeuse. Qu’à cela ne tienne, les maîtres à penser autoproclamés n’hésitent pas à mettre en spectacle de fausses données, de fausses thérapies, des expérimentations frauduleuses et des théories fumeuses. Sur ce marché du spectaculaire et de l’extraordinaire, le scientifique rigoureux pourra se voir qualifié de rigoriste, ou bien même de vendu aux lobbies industriels, tandis que l’illuminé ou le faussaire sera présenté comme un visionnaire courageux...

Dans une époque où chacun se doit de donner son avis sur tout, y compris sur les questions d’expertise scientifique, la complexité de la science n’est, pour certains, pas un obstacle. Il leur suffit d’ignorer l’évaluation par les pairs, de préférer les grands médias aux congrès scientifiques ou encore de solliciter le jugement de tribunaux et de juges, en général peu formés à la méthode scientifique, plutôt que de tenir compte des avis des agences de santé publique. C’est ainsi que l’on effraye avec les prétendus ravages des ondes de la téléphonie mobile, des OGM ou des vaccins.

Nous n’avons pas d’autres armes que la perspicacité intellectuelle, la rigueur de l’analyse, et l’acharnement de celui qui, comme l’écrivait Kipling, sait rêver sans laisser son rêve devenir son maître.

Science et pseudo-sciences

Publié dans le n° 313 de la revue


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