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Le congrès européen des associations sceptiques (Vienne 2022)

Publié en ligne le 21 mars 2023 -

Le 19e congrès européen des associations sceptiques s’est tenu à Vienne (Autriche) du 9 au 11 septembre 2022. Après avoir été reporté pour cause de pandémie, il a enfin pu avoir lieu en présentiel, permettant ainsi la rencontre de plus de cent participants issus d’associations venant d’une douzaine de pays. Ce fût l’occasion de se connaître, d’échanger et d’argumenter autour de l’esprit critique, de la science, de ses bonnes et ses mauvaises pratiques et de ses utilisations dans nos sociétés.

L’organisation du congrès était assurée par les associations sceptiques allemandes et autrichiennes (GWUP, Société pour l’étude scientifique des parasciences), en collaboration avec la fédération européenne ECSO (European Council of Skeptical Organisations).

L’Afis était présente avec une demi-douzaine de participants et un stand pour faire connaître à nos collègues européens ses activités, sa revue Sciences et pseudo-sciences et les publications de sa maison d’édition Book-e-Book. Cette participation a été préparée par la Commission internationale de l’association.

Une première table ronde autour du thème « Le mouvement sceptique en Europe » a mis en relief toutes les difficultés rencontrées pour faire passer nos messages au public, que ce soit au travers des réseaux sociaux, sur Internet ou via divers moyens d’information (journaux et revues), et surtout auprès des plus jeunes. D’une façon plus générale, les difficultés parfois rencontrées pour faire passer l’information scientifique sur des sujets d’actualité sensibles a été soulignée, que ce soit sur Internet (Wikipedia), dans les médias ou dans l’éducation.

Doit-on encore se présenter comme des sceptiques (comme dans le nom d’associations dans de multiples pays – telles que SKEPP en Belgique, Association for Skeptical Enquiry au Royaume-Uni, Szkeptikus Társaság en Hongrie) ? Ce nom est en effet largement utilisé à contre-sens pour remettre en cause un consensus scientifique ou s’opposer à des faits établis (vaccino-sceptique, climato-sceptique…). De plus, en France, ce terme a une connotation négative supplémentaire, désignant une personne qui doute de tout. Une conférence donnée par le philosophe et biologiste Massimo Pigliucci a précisé le sens qu’il convient de donner à ce terme, rassemblant le scepticisme éthique issu des Grecs anciens (qui invite à suspendre son jugement en l’absence de faits probants) et le scepticisme scientifique s’appuyant sur la méthode scientifique, pour conclure qu’il s’agit également d’un mode de vie invitant à lire, se renseigner, s’ouvrir aux autres. Il a été conclu que le scepticisme doit être compris comme la pratique de l’examen et du doute.

De nombreux autres thèmes ont été abordés. Citons quelques exemples.

« Gérer l’incertitude en science », que ce soit dans sa production ou dans sa communication vers le public, est un sujet qui a été abordée au travers de deux thèmes d’actualité : les pandémies et le changement climatique. D’autres sessions se sont intéressées aux « Sciences et l’environnement » avec des exemples dans le domaine de l’agriculture et celui des radiations ionisantes (le bilan post Fukushima).

Le « Scepticisme dans l’éducation » a fait également l’objet d’une session dédiée. Franck Ramus, spécialiste du développement cognitif et de la réussite scolaire des enfants au CNRS et à l’École normale supérieure de Paris et par ailleurs, membre du comité de parrainage de l’Afis, a fait une conférence intitulée « Qu’est-ce que l’éducation fondée sur les preuves ? ». Il a souligné la nécessité d’évaluer les pratiques d’enseignement, que ce soit pour juger des méthodes en cours ou des nouvelles méthodes proposées, et a présenté les moyens pour procéder à des évaluations rigoureuses.

D’autres thèmes ont été l’objet de sessions spécifiques : « Vers une politique européenne rationnelle sur les drogues » ou encore « Les théories conspirationnistes ».

Le conseil d’administration de l’ECSO a été reconduit. L’Afis y est représentée par son président, François-Marie Bréon.


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L' auteur

Marianne Rodot

Marianne Rodot coordonne les activités de la Commission internationale de l’Afis. La commission internationale (...)

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