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Science, nature et éthique

Publié en ligne le 1er juillet 2014 -
Éditorial de Science et pseudo-sciences n°309 (juillet 2014)

Dans les sociétés humaines, des règles de fait ou de droit déterminent les contours de l’interdit, du prescrit et du permis. Elles indiquent comment les êtres humains doivent être, se comporter ou agir entre eux et envers ce qui les entoure. Ces règles témoignent des valeurs qui structurent chacune des sociétés. C’est ainsi que les révolutionnaires français (juillet 1789) décrétaient que les « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits » et que « les droits naturels et imprescriptibles de l’homme » sont « la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression ». En 1848 la République française adoptait sa célèbre devise « Liberté, Égalité, Fraternité » et, cent ans plus tard, l’Assemblée générale de l’ONU affirmait « l’égalité des droits des hommes et des femmes ».

La nature, quant à elle, se contente... d’être. Elle n’est ni bonne ni mauvaise, n’est ni bien intentionnée ni mal intentionnée, ne fait pas le bien ni le mal, n’obéit ni ne détermine aucune morale, ne met en oeuvre aucun processus d’éthique. Quant à la science 1, elle ne fait que constater et rendre compte de cette nature.

Ainsi, par exemple, l’opposition au sexisme tout comme l’antiracisme trouvent leur légitimité dans l’ordre de la morale ou de la politique, mais pas dans celui de la science ou de la nature. Ne pas l’admettre, et faire, par exemple, reposer la revendication d’égalité entre les hommes et les femmes sur une similitude absolue des cerveaux s’avérerait non seulement peu rationnel, mais aussi, serait s’exposer au risque de voir la science invalider la posture choisie.

La connaissance scientifique ne porte en elle aucune morale, aucune éthique particulière. Inutile donc de la biaiser pour tenter de la rendre, en apparence, plus cohérente avec certaines valeurs. Avec le dossier « Féminin / Masculin » de ce numéro, nous tentons d’apporter quelques éclairages sur un sujet trop souvent obscurci par des considérations idéologiques.

Science et pseudo-sciences

1 Comprise ici comme l’ensemble des connaissances que l’on a sur le monde naturel.

Publié dans le n° 309 de la revue


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