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Skepter (Pays-Bas), numéro de l’été 2010 (paru en novembre 2010)

Publié en ligne le 22 mai 2011 -
par A. Atsou-Pier
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Drogues numériques

Les parents américains s’inquiètent sur leurs enfants qui ajoutent des « battements binauraux » à leurs fichiers MP3 pour ressentir les effets de drogues. Ils peuvent être tranquilles : les auteurs de cet article, Dirk Koppenaal et Rob Nanninga, ont pris quelques I-doses via le logiciel I-Doser, sans ressentir autre chose que du scepticisme.
Les « battements binauraux » sont également disponibles sur CD. Ceux du Monroe Institute états-unien favoriseraient la croissance spirituelle en améliorant la synchronisation des hémisphères gauche et droit. Un objectif peu recommandable, disent les auteurs, sauf si l’on veut créer des crises épileptiques.

La « Thérapie du champ de pensée » et les « Techniques de liberté émotionnelle »

Les énergies trop subtiles pour pouvoir être mesurées ne sont plus le pré carré des guérisseurs alternatifs, elles sont également utilisées dans la psychothérapie alternative. La première thérapie de ce genre était la « Thérapie du champ de pensée »de Roger Callahan : chaque perturbation du champ d’énergie correspond à un ou plusieurs points des méridiens (ceux des acupuncteurs), et il suffit de taper du bout des doigts sur ces points pour faire disparaître les phobies, les angoisses, les dépressions, etc. Une variante simplifiée et moins chère se trouve dans les « Techniques de liberté émotionnelle » de Gary Graig, dont plusieurs livres d’auto-assistance ont été traduits en néerlandais. Et non sans résultat, car même l’Université Technique de Delft propose ces techniques à ses étudiants en difficulté. Pourtant, il n’est pas impossible que ces thérapies alternatives entrent un jour dans le domaine des thérapies conventionnelles. Une étude de Church, Dawson et al., à paraître dans le Journal of Clinical Psychology, montre que les « Techniques de liberté émotionnelle » réduisent les troubles de stress post-traumatique de vétérans. Le mécanisme responsable de cet effet pourrait être le même que celui de l’EMDR dont l’effet aurait été démontré 1 : les émotions négatives liées à des images angoissantes du passé ou de l’avenir s’atténuent si le patient, tout en se souvenant de ses images, charge sa mémoire de travail d’une tâche complexe. On peut aussi penser à un simple effet placebo.

Le point G et autres découvertes sur la sexualité féminine

Le point G et l’éjaculation féminine ont une longue histoire 2, mais ne sont devenus monnaie courante auprès du grand public qu’après la parution d’un livre 3 populaire sur la sexualité humaine en 1982. Même la plupart des sexologues croyaient que ces phénomènes, ainsi que la différence freudienne entre l’orgasme vaginal et l’orgasme clitoridien, existaient vraiment ; il faut noter que certaines femmes y croient aussi, sans qu’aucune vérification scientifique ne semble appuyer leurs dires. Terence M. Hines, psychologue, est le premier à jeter le pavé dans la mare en publiant en 2001 une étude critique 4 sous le titre « The G spot : a modern gynecologic myth », sans toutefois convaincre les vrais partisans du point G. Mais des études 5 récentes semblent lui donner raison, elles montrent que le point G ne serait pas une unité anatomique ou histologique, mais une unité érogène fonctionnelle. Et le liquide produit lors de l’éjaculation féminine serait surtout de l’urine.

Le Messie venu de la Corée

Rob Nanninga, rédacteur de Skepter, retrace l’histoire du Révérend Sun Myung Moon et son Église de l’Unification. Le temps où Moon était considéré comme le leader d’une secte semble révolu. Il côtoie la haute société politique, surtout après le couronnement de lui et de sa femme comme Roi et Reine de la Paix en 2004 dans une salle du Sénat américain et la création consécutive de la Fédération pour la Paix Universelle. Plusieurs personnalités politiques néerlandaises se sont associées à cette fédération, parmi lesquelles plusieurs anciens ministres. L’ancien premier ministre Dries van Agt s’est vu nommer Ambassadeur pour la Paix. Mme Moon n’est pas en reste, sa Fédération internationale des femmes pour la paix mondiale est dotée d’un statut consultatif auprès du Conseil économique et social des Nations Unies.

Des balivernes mortelles

Jan Willem Nienhuys, rédacteur de Skepter, décrit le calvaire d’une femme adepte de la mouvance New Age et morte d’un cancer du sein parce qu’elle croyait pouvoir se guérir avec des thérapies alternatives, comme la Nouvelle Médecine Germanique de Ryke Geerd Hamer et les thérapies et appareils préconisés par l’entreprise « Natuur Geneeskundig Centrum Energy Healing » à Veldhoven. L’auteur a déposé une plainte pour publicité mensongère contre ce centre de médecine naturelle auprès de la Commission RCC, instance d’autorégulation des entreprises néerlandaises. Sur tous les points la RCC a jugé en faveur de l’auteur.

Panique morale aux Etats-Unis

En 1980 le premier livre de témoignage 6 sur les abus rituels sataniques arrive à point nommé, alors qu’une grande partie de la société, surtout les chrétiens conservateurs, se trouvent en désarroi à la suite des changements sociaux rapides des années précédentes où ils voyaient disparaître leurs enfants dans de nouveaux mouvements religieux. À partir de 1980 de plus en plus de « cult survivors » se présentent chez les psychothérapeutes, les autorités nomment des « cult cops », et les médias font le reste. La panique morale s’accompagne d’une chasse aux sorcières qui a fait disparaître plusieurs innocents derrière les barreaux. Le revirement de l’opinion publique vient au début des années 1990 quand apparaissent les premières publications scientifiques mettant en doute la véracité de souvenirs retrouvés en thérapie et le diagnostic de la « personnalité multiple ».
Actuellement il semble que les terroristes religieux aient pris la place des satanistes dans l’opinion publique. L’auteur de l’article, Tjalling A. Beetstra, vient de passer son doctorat en droit sur la construction sociale des abus rituels sataniques aux Etats-Unis et aux Pays-Bas.

Autres articles

Trois autres articles sont dédiés à la machine à rêver, autrement dit à un stroboscope qui permettrait de décoller de la réalité, au livre « The end of materialism » du parapsychologue américain Charles Tart, et à la production de dilutions homéopathiques (de trous noirs ou de galaxies, par exemple) dynamisées à l’aide de fréquences générées par ordinateur.

2 Voir : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/... Remarque de l’auteure de ce résumé de Skepter : le nom du gynécologue néerlandais mentionné dans cette étude est Reinier de Graaf, et non Reinjier De Graaf.

3 Alice Kahn Ladas, Beverly Whipple, John D. Perry, « The G spot and other recent discoveries about human sexuality »

6 « Michelle Remembers » de Michelle Smith et Lawrence Pazder, 1980.


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