L’évaluation de l’exposition aux nanoparticules
Publié en ligne le 4 avril 2013 - Expertise -L’évaluation quantitative d’un risque chimique comporte quatre étapes :
- l’évaluation des dangers (effets toxiques) ;
- la caractérisation de la relation dose-réponse ;
- l’évaluation de l’exposition ;
- et la caractérisation du risque.
En ce qui concerne les nanoparticules, l’évaluation de l’exposition présente plusieurs difficultés. Les premières sont d’ordre métrologique. En effet, détecter les nanoparticules manufacturées dans l’environnement relève du défi, vu la présence de particules émises de façon non intentionnelle, les difficultés de caractérisation des nanoparticules sur l’ensemble du cycle de vie des produits (changement d’état des particules primaires dépendant de l’environnement physique et de leurs caractéristiques physico-chimiques), la disponibilité d’appareils et de méthodes de mesures applicables dans toutes les situations, la difficulté de caractérisation de l’exposition sous contrainte d’usage normal (on ne sait pas évaluer la quantité de nanoparticules qui s’échappe d’un pneu pendant la conduite d’une voiture). Ces différentes limites à l’évaluation quantitative des risques impliquent d’évaluer les situations au cas par cas.
Néanmoins, face au développement important des nanotechnologies et afin de protéger la santé des travailleurs et de la population générale, des méthodes d’évaluation qualitative (ou semi-quantitative) sont proposées par des chercheurs universitaires et industriels ainsi que par des agences sanitaires. On peut par exemple citer la méthode de gestion graduée des risques (qui est une méthode de control banding ou méthode par bandes de dangers) proposée par l’ANSES en 2011 pour la protection des travailleurs. Il s’agit dans un premier temps de collecter des informations sur les nanoparticules afin de les classer dans une des bandes de dangers du règlement européen CLP (Classification Labelling Packaging), ainsi que les informations sur l’exposition à partir du potentiel d’émission du nanomatériau. Puis dans un second temps, croiser ces deux types d’informations pour déterminer un niveau de maîtrise du risque (NMR), et à chaque NMR, des mesures sont proposées pour réduire ou supprimer l’exposition des travailleurs. Pour la protection de la population générale, on peut citer la grille de précaution pour les nanomatériaux synthétiques de l’Office Fédéral de Santé Publique et l’Office Fédéral de l’Environnement suisses. Sur la base des mêmes types d’informations que précédemment, cette grille permet de faire une cotation du risque en deux classes A (nombre de points < 20) et B (nombre de points > 20). La classe A indique un risque faible pour lequel aucune mesure de précaution n’est indispensable alors que pour la classe B, les procédés doivent être revus pour la mise en place d’actions de réduction ou de suppression des risques.
Publié dans le n° 301 de la revue
Partager cet article
Expertise

Procès d’Outreau : quand l’idéologie biaise l’expertise
Le 18 décembre 2015
Former et informer les décideurs
Le 21 mars 2015
Les souris de laboratoire perturbées par les expérimentateurs
Le 18 décembre 2014
Une erreur d’interprétation
Le 27 avril 2014