Les cinquante ans de l’Afis
Publié en ligne le 11 octobre 2018 - AFIS -
« La place de la science dans la société, et sa valeur culturelle même, sont aujourd’hui mises en cause. Des voix s’élèvent pour rendre la recherche scientifique responsable de tous les maux dont souffre notre humanité, tandis que s’enhardissent les charlatans des fausses sciences.
Il y aurait une sérieuse inconséquence, de la part de ceux qui souhaitent la remise en question et le changement, à s’en prendre à la science et à la technologie. Sans elles, les grandes mutations ne seront pas possibles ; il leur faut à la fois un haut niveau économique et une approche des problèmes humains dans un esprit qui est celui de la connaissance rationnelle.
Or, on voit, dans le camp disparate de l’antiscience, des égarés qui sont là, parce que, voulant contester la société telle qu’elle est, ils s’en prennent à la science considérée comme un pilier de cette société. Leurs attaques finissent par rejoindre, dans le fond comme dans la forme, les plus vieilles tendances obscurantistes et réactionnaires.
À l’agression contre la personne des savants s’ajoute la dénonciation virulente de ce qu’on appelle en bloc la science officielle, désignée comme l’ennemi à abattre. La science officielle, c’est un mythe. Il existe un enseignement officiel, une organisation officielle de la recherche, qui ne sont certes pas à l’abri de toute critique. Il y a même une doctrine officielle, plus ou moins fluctuante et plus ou moins avouée, quant au rôle de la science dans la société. Mais il n’y a pas de science officielle. C’est un mot qui ne veut rien dire, en dehors de sa charge passionnelle. Il y a la science, sans adjectif, comme il y a le réel, dont la connaissance est son but.
Ce pouvoir, comme la langue d’Ésope, peut enfanter le bien ou le mal. Mais ceux qui, refusant la société telle qu’elle est, s’en prennent aussi à la science, se trompent gravement de cible. D’abord parce que l’esprit scientifique, en dernière analyse, est celui du libre examen et du refus de l’oppression. Ensuite parce que la connaissance rationnelle des phénomènes, y compris la connaissance des lois qui régissent les actions humaines, est nécessaire à qui ne désespère pas d’un monde plus humain. »
Ce texte est constitué d’extraits d’un article publié il y a près de cinquante ans dans un des tout premiers numéros des Cahiers de l’Afis, le nom d’alors de notre revue 1. La terminologie a un peu évolué : c’est l’expertise, plus que le « savant », qui est visée et le terme de « science officielle » est remplacé par celui de « science sous influence ». En cette année du cinquantenaire de notre association (voir dans ce numéro de SPS), ce qui reste inchangé, c’est la nécessité de la démarche rationnelle pour comprendre les problèmes qui se posent et la place de la science et de ses applications pour aider à relever les défis auxquels l’humanité est confrontée.
1 Cahiers de l’Agence française pour l’information scientifique, mai-juin 1972.
Publié dans le n° 326 de la revue
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