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Courriels et courriers : d’octobre à décembre 2009 (1)

Publié en ligne le 26 janvier 2010 - Rationalisme -
SPS n° 289, janvier 2010

À propos de la « presse féminine »

Abonnée depuis deux ans, je vous ai déjà fait parvenir des articles écrits par Sophie Lacoste (« TV santé », dans le journal TV distribué avec Le Figaro le week-end). Cette fois, un long article conseille les pierres pour se soigner... C’est un journal à grande diffusion (Le Figaro)... N’est-ce point là se faire complice de tous ces escrocs ayant pignon sur rue, surtout dans la mode « bio » (magasins, marchés, etc.). Je veux bien croire que Sophie Lacoste soit de bonne foi dans ses reportages. Idem pour les auteurs des horoscopes squattant la presse, surtout féminine. Mais ces journaux qui se revendiquent « féministes » abêtissent la femme avec leurs basses croyances archaïques. Pourquoi des journaux comme Science et Vie (hélas, le « junior » est tombé dans le « piège commercial ») ne consacrent-ils pas un numéro spécial dénonçant ces pseudo-sciences ? Ce serait un coup de pied dans la mare. Et vive alors le premier journal féminin (Marie-Claire, peut-être, qui a de très bons journalistes internationaux, mais qui est tombé dans le piège « Robin des Toits » il y a peu) qui aura le courage de se démarquer des autres en dénonçant l’abêtissement de la femme !

M.-C. D

Cet article ne nous étonne pas, et il semblerait que la lithothérapie soit malheureusement très en vogue... Nous reviendrons certainement bientôt sur cette nouvelle pseudo-science, qui ne présente bien sûr pas plus de sérieux que les autres. Mais je reviens sur deux remarques de votre courrier : la mode « bio » a sans aucun doute ses excès et exagérations, et le public en attend trop (avantage sur la santé, nutrition améliorée, etc., ce qui est illusoire : le bio n’est que – et c’est déjà ça – meilleur pour l’environnement), mais nous ne pouvons tout de même aller jusqu’à parler d’escroquerie !

Par contre, j’aimerais saluer votre « cri d’alarme » pour sauver la presse féminine de l’accumulation des sornettes en tout genre. Les hommes sont certainement tout aussi susceptibles de tomber dans les erreurs irrationnelles, naturellement, mais j’ai toujours trouvé stupéfiant que les femmes soient pilonnées ainsi, dans leurs journaux, d’articles aussi nombreux sur tous les sujets habituels, homéopathie, astrologie, acupuncture, etc.

Il y a là quelque chose comme un acharnement qu’effectivement on ne peut que dénoncer, en souhaitant comme vous qu’un jour, un de ces journaux se dresse contre l’abêtissement des femmes. Notons que SPS n’a aucune vocation à être un journal masculin... Bienvenue à toutes les lectrices déçues par la presse féminine !

Martin Brunschwig

Téléphonie mobile : l’expertise de l’Afsset dénaturée par la communication ?

J’ai parcouru rapidement le rapport d’expertise de l’Afsset sur les radio-fréquences, rapport qui m’intéresse grandement en tant que simple citoyen soucieux des effets sur la santé des nouvelles technologies. Pour m’aider à comprendre ce rapport étoffé, pouvez-vous m’indiquer sur quel chapitre s’appuie le communiqué de presse émis par l’Afsset pour présenter ce rapport sous le titre : « L’Afsset recommande de réduire les expositions » ?

J.-C.

Effectivement, le lecteur attentif aura remarqué une évolution du message, entre le rapport d’expertise, le communiqué de presse et la conférence de presse. Bon nombre des papiers des journalistes en sont restés à ce qui s’est dit durant la conférence de presse, aux interviews ; quelques-uns s’appuient également sur le communiqué de l’agence ; rares sont ceux qui témoignent d’une lecture de la source, les 469 pages du rapport, ou, a minima, de la vingtaine de pages du résumé. Le rapport est assez précis et affirmatif : « Les données issues de la recherche expérimentale disponibles n’indiquent pas d’effets sanitaires à court terme ni à long terme de l’exposition aux radiofréquences. Les données épidémiologiques n’indiquent pas non plus d’effets à court terme de l’exposition aux radiofréquences. Des interrogations demeurent pour les effets à long terme, même si aucun mécanisme biologique analysé ne plaide actuellement en faveur de cette hypothèse ». Les recom mandations portent pour l’essentiel sur une meilleure caractérisation des niveaux d’exposition, une poursuite des recherches, une réduction des expositions dans les lieux où elles sont sensiblement plus élevées, etc. Si l’avis de l’Afsset demeure dans la continuité des conclusions du rapport, le communiqué de presse en ligne sur le site de l’agence adopte une tonalité toute différente. Il parle « d’incertitudes » devant lesquelles « il convient d’agir » et met en avant « l’existence d’effets des radiofréquences sur des fonctions cellulaires, rapportés par une dizaine d’études expérimentales considérées par l’Afsset comme incontestables ».

Certes, le communiqué rappelle que « a contrario, un nombre important d’études ne rapporte pas d’effet particulier », mais ajoute, de façon difficilement compréhensible, que « le niveau de preuve n’est pas suffisant pour retenir en l’état des effets dommageables pour la santé comme définitivement établis ». Donc des effets dommageables non définitivement établis, constituant « des signaux indéniables », là où le rapport conclut à l’absence d’effets sanitaires au vu des études actuelles.

Dés lors, quelle expertise doit être retenue ? Celle exprimée par les experts du groupe de travail de l’Afsset dans leur rapport ? Ou celle présentée par les services de communication de l’agence et par son président lors de la conférence de presse ? Nous avons mis en ligne, sur notre site Internet, un article sur cette question.

Jean-Paul Krivine