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Les communiqués de l’AFIS

Publié en ligne le 16 avril 2001 - Astrologie -

Le 26 avril 2001

Communiqué de l’AFIS
Thèse d’Élizabeth Teissier : il faut surseoir à la signature de la thèse pour prendre le temps d’un examen indépendant.

Avant la soutenance, Jean Audouze, le Directeur du Palais de la Découverte s’était adressé au Président de l’Université Paris V. Il demandait que l’on sursoit à la soutenance en attendant l’examen du texte par des experts indépendants de l’Université. Jean-Claude Pecker, Président de l’AFIS, astrophysicien et membre de l’Académie des sciences, faisait également une démarche dans le même sens.

Malgré tout, la thèse a été soutenue le 7 avril. La soutenance même, une vraie farce, ne faisait que renforcer les doutes quant au contenu réellement sociologique du propos d’Élizabeth Teissier.

Jean-Claude Pecker a alors pris l’initiative, avec Jean Audouze, de constituer une commission de personnalités compétentes pour examiner le contenu de la thèse. Cette commission est composée bien entendu des sociologues, mais aussi de représentants d’autres sciences humaines, d’astronomes, de scientifiques spécialistes de l’astrologie, etc. Nous pouvons déjà citer les noms de Christian Baudelot (Professeur de sociologie à L’École Normale Supérieure), Bernard Lahire (Professeur de sociologie, École Normale Supérieure Lettres et Sciences Humaines), Jacques Bouveresse (philosophe et Professeur au Collège de France), Michel Demazure, le Président de la cité des Sciences et de l’Industrie, et bien d’autres.

Dans un courrier au journal Le Monde, Madame Élizabeth Teissier dénonce la " démarche intellectuelle visant à interroger des astrophysiciens (qui, soit dit en passant, se sont avec virulence opposés à ma soutenance) sur la valeur d’un travail sociologique est infondée, leur discipline étant totalement étrangère à la sociologie et ne les habilitant nullement à juger de celle-ci".

Dans sa thèse, Madame Teissier parle de bien d’autre chose que de sociologie. Il y aura bien sûr en premier lieu des sociologues qui vont examiner le travail, mais également des personnes compétentes sur les autres sujets largement et abondamment développés, en particulier l’astrologie et les prétendues preuves en faveur de sa scientificité.

Après un premier examen rapide du document, la pertinence de la démarche de relecture est confirmée. Ce n’est pas une thèse en sociologie mais un plaidoyer pour l’astrologie.

Le travail d’examen prendra du temps pour s’assurer de la plus grande rigueur. L’AFIS a donc décidé de s’adresser à nouveau au Président de l’Université Paris pour s’associer aux demandes à surseoir à la signature de la thèse. Jean-Claude Pecker vient d’adresser un courrier au Président de l’Université en ce sens.

L’AFIS tiendra une conférence de presse lors de son assemblée générale le 12 mai 2001 pour faire état de l’avancement de cette "affaire".


Paris, le 25 avril 2001

COMMUNIQUÉ À LA PRESSE.

Chère Madame, Cher Monsieur,

Veuillez trouver ci-joint la dernière livraison de la revue de l’AFIS, Science et pseudo-sciences qui rapporte les conditions de la soutenance de thèse d’Élizabeth Teissier.

Nous avons pu nous procurer des copies du document de thèse. Il se confirme que ce n’est pas une thèse en sociologie mais un véritable plaidoyer pro-astrologique. Nous avons pris l’initiative de faire relire et examiner ce texte par des spécialistes : des sociologues, bien entendu, mais aussi des philosophes, des astronomes et des historiens. Cette relecture est placée sous la responsabilité de Jean Audouze, Directeur du Palais de la Découverte et Jean-Claude Pecker, de l’Institut. Se sont déjà associés à ce travail : Jacques Bouveresse, philosophe et Professeur au Collège de France, Christian Baudelot, Professeur de sociologie, et bien d’autres.

Quatre prix Nobel français ont par ailleurs adressé une lettre au Ministre Jack Lang, s’inquiétant en particulier des prétentions à la mise en place d’un ensei-gnement d’astrologie à l’Université.

L’AFIS organise son Assemblée Générale le samedi 12 mai à partir de 14 heures, Institut d’Astrophysique de Paris - 98 bis, Boulevard Arago - Paris XIVème. Un point sera fait sur cette "affaire Elizabeth Teissier".

Vous êtes invités à assister à la conférence de Robert Kandel, Directeur de recherche au CNRS, sur les Réalités et risques du réchauffement planétaire ainsi qu’à la partie publique de l’assemblée qui suivra. Une conférence de presse sera organisée à 16 heures.

Espérant vous rencontrer à cette occasion et vous remerciant de l’intérêt que vous portez aux activités de l’AFIS, recevez, Chère Madame, Cher Monsieur, l’assurance de nos sentiments les plus cordiaux.

La Rédaction.


11 avril 2001

Communiqué de l’AFIS

L’AFIS a pris l’initiative de demander à des personnalités du monde des sciences de la nature et des sciences de l’homme d’examiner le contenu d’une thèse controversée. Ces personnalités, sollicitées par Jean-Claude Pecker, astrophysicien, Professeur Honoraire au Collège de France et membre de l’Académie des sciences, sont des personnes reconnues et compétentes sur les différents sujets évoqués : astrologie, astronomie, histoire ancienne, épistémologie, Nostradamus, etc.

Jean Audouze, Directeur du Palais de la Découverte, Jacques Bouveresse, philosophe et Professeur au Collège de France, Claude Cohen-Tannoudji, Prix Nobel de physique et Michel Demazure, Président de la Cité des Sciences, ont déjà indiqué qu’ils s’associaient à la protestation.

La soutenance de la thèse était publique, et les observateurs et journalistes n’ont pas manqué de relever davantage un plaidoyer en faveur de l’astrologie qu’une thèse en sociologie. Des membres du jury ont communiqué à certains universitaires des copies de leur exemplaire, et sur la base d’un premier examen, il semble se vérifier que la thèse elle même est conforme à la soutenance, justifiant ainsi l’initiative prise par l’AFIS.

AFIS, 14, rue de l’École-Polytechnique

75005 Paris


9 avril 2001

Ainsi donc, Elizabeth Teissier vient de se voir décerner le 7 avril 2001 le titre de Docteur en sociologie par un jury de l¹Université Paris 5. Nous avons choisi de retarder de quelques jours la parution du numéro 246 de Science et pseudo-sciences pour donner à nos lecteurs toutes les informations à notre disposition. L’un de nos rédacteurs a pu assister à la soutenance et donnera le seul compte-rendu détaillé que l’on puisse trouver.

Le texte de la thèse que nous avons pu consulter est affligeant. Nous en publierons quelques extraits ainsi que la lettre que Jean Audouze, Directeur du Palais de la Découverte, a fait parvenir avant la soutenance au Président de l¹Université Paris 5.

Notre association a fait parvenir à l’AFP le communiqué suivant :

COMMUNIQUÉ
LA THÈSE DE Mme Élizabeth TEISSIER : UNE FARCE !

La soutenance de thèse de Madame Elizabeth Teissier à laquelle nous avons pu assister le samedi 7 avril - en ce lieu si prestigieux qu’est la Sorbonne - s’est avérée à nos yeux une farce que nos lecteurs pourront apprécier aux vus des éléments objectifs que nous apportons dans le prochain numéro de notre revue Science et pseudosciences (numéro 246 à paraître mi-avril). Le contenu lui-même de la thèse (dont on pourra trouver quelques morceaux d’anthologie dans un prochain numéro) nous apparaît comme une injure manifeste à la démarche de rigueur et de neutralité qui doit prévaloir dans un travail universitaire.

Qu’il n’y ait cependant aucun malentendu de notre côté : la sociologie se définit comme l’étude objective de faits de société, et les croyances astrologiques - car il y en a plusieurs de par le monde - sont à ce titre de parfaits exemples de "faits de société".

Dès lors :

 il est tout à fait normal que les astrologies soient l’objet d’études et de recherches qui se rattachent au domaine de compétence des sciences humaines (de nombreux ouvrages très pertinents sur ce thème sont d’ailleurs publiés régulièrement) ;
 il est tout aussi justifié que l’Université prenne en compte ces ouvrages et même, à l’occasion, les honore d’une distinction particulière.

Mais : la thèse proposée par Élizabeth Teissier se résume, au bout du compte et souvent même sans pudeur, à un plaidoyer mal camouflé en faveur d’une prétendue "science de l’astrologie".

Élizabeth Teissier a évidemment bien senti que les sciences humaines étaient la branche universitaire la plus appropriée pour faire passer ce qui est devenu pour elle le but passionnel d’une vie - créer à l’Université une chaire d’astrologie (voir notre éditorial S&SP 243, août 2000) - mais qui ne représente aux yeux de la science rien de plus qu’une croyance populaire parmi d’autres.

Le fait que l’ " astrologue de la République " nous propose sous couvert de sociologie, un pavé (plus de 900 pages) dont le but inavoué est de faire passer les abracadabrantes théories d’une influence des astres sur les destinées humaines, ne pouvait que nous faire réagir.

L’évaluation positive de la thèse (nous n’osons pas imaginer qu’elle puisse être de complaisance) nous autorise à clamer bien haut que le rôle d’un jury universitaire ne doit pas se limiter à la distribution de satisfecit sur la forme, mais qu’il doit aussi se prévaloir d’une vigilance sans faille afin de dénoncer ou de faire barrage à l’entrisme sournois des fausses-sciences.

A ceux qui par "ouverture d’esprit" voudraient reprocher à notre démarche critique une légère tendance à la paranoïa, la réponse vient d’Élizabeth Teissier elle-même, qui, à la sortie de sa soutenance, s’est exclamée, radieuse : " Il a fallu attendre 350 ans le retour de l’astrologie à la Sorbonne. C’est beau " (propos rapportés dans le journal Libération du 9/04/01), prouvant par là que l’argument sociologique derrière lequel elle et le jury se rattachaient, était en fait bien éloigné des tendances beaucoup plus astrologiques de la thèse !

Le document de thèse qui nous est parvenu fait l’objet d’une analyse détaillée de spécialistes des différents sujets prétendument traités (histoire, astrophysique, sociologie, astrologie...). Il se confirme déjà que l’exposé verbal pour le moins tendancieux fait à la Sorbonne par l’impétrante ne s’éloigne guère des propos de la thèse elle-même. Nous en rendrons compte prochainement.

(AFIS, Paris, le 9 avril 2001)