Histoires vraies de maisons hantées
Publié en ligne le 1er juillet 2015Les enquêteurs de l’étrange
Le pré au clair, 2011, 273 Pages, Prix 19 €

Inutile d’y aller par quatre chemins : cet ouvrage est une imposture éhontée ! Ou, pour être plus précis, l’un des mots du titre : bien évidemment, vous l’aurez deviné, le mot « vraies ».
Imaginons exactement le même livre avec pour titre « Merveilleuses histoires de maisons hantées », ou « Les belles légendes de maisons hantées », etc. Dans ce cas, il n’y a plus aucun problème ! On est dans la fiction, on se fait plaisir à se faire peur (comme le dit la quatrième de couverture : « Edouard Brasey et Stéphanie Brasey ont traqué les meilleures histoires de hantises pour vous faire frémir de plaisir ! »).
Pourquoi nous vendre ça comme des histoires vraies ? Le moins que l’on puisse dire est que la réponse ne se trouve pas dans le livre, puisque les auteurs eux-mêmes ne cessent d’entretenir le doute. Ils prétendent, certes parfois, que tel ou tel témoignage est « digne de foi » (par exemple émanant de policiers, ce qui semble à leurs yeux une garantie...), mais encore plus souvent, soulignent les fragilités et les ambiguïtés de ces récits, et parlent eux-mêmes bien souvent de fiction, de légendes ou de récits « qui circulent ». Il leur arrive même de prendre une fiction comme exemple, comme « justification » d’un événement prétendu ! (le monde à l’envers...).
Bonjour, ce message s’adresse à Martin Brunschwig, au sujet de sa chronique sur notre livre Histoires vraies de maisons hantées. Nous partageons (paradoxalement) parfaitement votre avis sur l’abus du terme « vrai ». Nous avons écrit des fictions inspirées de légendes urbaines, mais l’éditeur a insisté pour présenter cela pour des histoires vraies, contrairement à notre avis. Bien cordialement.
Une petite trentaine de pages, au début, sont à lire si vous manquez de sketchs ou d’histoires drôles : cette introduction est vraiment d’un grand comique involontaire, à tel point que j’ai un moment imaginé un canular (on nous parle par exemple des morts communiquant par téléphone, en soulignant que « cela n’apparaît pas dans les factures » !). Il n’y a aucun recul : les fantômes « sont » ceci, les fantômes « font » cela… On va jusqu’à nous expliquer que ceux qui nous bousculent dans la rue et continuent leur route sans s’excuser sont en fait « des morts récalcitrants » !! (Des personnes mortes qui n’acceptent pas de l’être et « restent » dans notre monde… Tsstss...) ; quelques annexes en fin d’ouvrage ne sont pas tristes non plus, avec des conseils pour les chasseurs de fantômes, ou la « panoplie » du chasseur de fantôme, etc.
Puis, on nous dit « place au mystère » (p. 28) ! Et là, les récits commencent… Le soin apporté à la rédaction lui-même nous plonge clairement dans la fiction, et malgré tous les efforts des auteurs pour maintenir l’ambiguïté, le lecteur n’a aucun doute : comment veulent-ils nous faire croire, par exemple, à cette histoire d’horloge qui tourne à l’envers et fait donc rajeunir ses propriétaires ?! Écrit par Edgar Poe ou Henry James, ce serait sans doute fascinant ; prétendre que ce sont des « histoires vraies » est juste indigne et méprisant.
D’ailleurs, l’explication se trouve en fait page 245 : les auteurs analysent le succès des livres et des films « Amityville » par le sous-titre choisi : « une histoire vraie » ! Banale histoire (vraie, celle-là !) de marketing, alors ? Décidément, ce livre affiche ostensiblement la piètre opinion qu’il a de ses lecteurs...
C’est tout de même fort dommage, car on peut parfaitement estimer que les mêmes lecteurs auraient pu vibrer autant à ces récits, présentés honnêtement comme des fictions ! Le goût du public pour les mystères de toutes sortes suffirait, me semble-t-il, à les conduire de temps en temps à de tels livres pour se distraire et frémir à bon compte.
Ce livre n’a finalement qu’un mot de trop… Un mot qui gâche tout. (Et on peut ajouter aussi un sous-titre très très exagéré !)
Voir aussi Le Républicain Lorrain ou le journalisme paranormal.
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Auteur de la note
Paranormal

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