Le trésor de l’île Rodrigues
Publié en ligne le 2 juillet 2025Benjamin Le Dudal
Éditions du Trésor, 2025, 160 pages, 19,50 €

À la faveur d’un déménagement familial, Benjamin Le Dudal découvre une carte au trésor dans le grenier de ses parents. Celle-ci appartenait à son arrière-grand-père, Léon, un homme singulier, convaincu jusqu’à ses derniers jours qu’un fabuleux butin attendait d’être déterré sur l’île Rodrigues, perdue au cœur de l’océan Indien. Avec son frère, l’auteur décide de poursuivre cette quête interrompue, au prix de longues recherches, d’un travail d’archives minutieux et d’un voyage au long cours.
Ce récit mêle les voix : celle du grand-père, racontée à travers ses lettres, ses croquis, ses hypothèses ; celle de l’auteur, oscillant entre fascination, lucidité et désir d’en découdre avec ce legs familial. Autour de cette trame, on croise une galerie de personnages étonnants – réels ou fantasmés –, allant du pirate La Buse à Marie-Antoinette, en passant par Pierre et Marie Curie ou J. M. G. Le Clézio.
Le mythe du trésor de La Buse reste d’ailleurs bien vivant dans la région, notamment à Rodrigues où vécut le père de J. M. G. Le Clézio, et continue d’alimenter des fouilles clandestines, comme récemment à La Réunion 1.
Pourquoi en parler ici, dans Science et pseudo-sciences ? Parce que le grand-père, persuadé que la science officielle négligeait des forces invisibles, se fiait entièrement à son pendule pour détecter les traces du trésor. Radiesthésiste convaincu, il voyait dans la découverte des ondes électromagnétiques une validation tardive de ce que les sourciers auraient toujours pressenti. L’auteur ne juge pas. Il raconte avec tendresse et, çà et là, propose des repères historiques sur les découvertes scientifiques, comme pour donner à son aïeul un cadre, sinon une justification.
La radiesthésie a déjà été abordée dans ces colonnes. Pour mémoire, « de nombreuses expériences ont continué à se réaliser mais aucune n’a jamais conduit à mettre en lumière l’existence du phénomène revendiqué par les sourciers » 2. Il n’en reste pas moins que ces croyances résistent, y compris dans les familles où la culture scientifique est bien présente 3. Le livre en témoigne avec une certaine justesse : on peut être passionné de science, en connaître l’histoire, et pourtant s’accrocher à des certitudes invérifiables – peut-être parce qu’elles structurent une part de soi, ou donnent un sens à des silences trop longs.
Plus qu’une enquête ou un manuel critique, Le Trésor de l’île Rodrigues est un récit d’héritage, une aventure à taille humaine, écrite sans prétention ni dogmatisme. Une lecture dépaysante, qui trouvera sa place entre deux ouvrages plus théoriques, et rappellera que la science se déploie aussi, parfois, au milieu des croyances qu’elle peine à dissiper.
1 Voir l’article Wikipédia sur Le Chercheur d’or. https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Chercheur_d%27or
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Auteur de la note
Pseudo-sciences

Le mythe du nombre d’or
Le 30 novembre 2007