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Dieu, la science, les preuves

Publié en ligne le 12 janvier 2023
Dieu, la science, les preuves
L’aube d’une révolution
Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies
Les éditions Trédaniel, 2021, 577 pages, 24 €

L’introduction du livre s’appuie sur l’accélération des découvertes scientifiques. Si ce fait est une réalité, il n’en reste pas moins qu’il n’est pas propre à la science. La technologie et d’autres sphères d’activités s’accélèrent elles aussi. Il est, ici, facile de s’accorder avec les auteurs sur l’importance du Big Bang, sur la remise en cause des certitudes établies et sur la définition de la preuve scientifique. La confrontation entre deux affirmations contradictoires, l’une matérialiste « L’Univers est exclusivement matériel » et l’autre spiritualiste « Il existe un dieu créateur », conclut l’introduction. Le lecteur comprend d’emblée que les auteurs optent pour la thèse du dieu créateur, car la théorie du Big Bang la rend possible. Possible ne signifie pas, pour autant, scientifique, ni avéré.

La première partie explore les preuves scientifiques. Ce qui est dit sur la mort thermique de l’Univers et sur le Big Bang constitue un propos documenté mais n’apporte pas, pour autant, de preuves tangibles à la thèse défendue par les auteurs.

Les chapitres suivants abordent cette thèse sous l’angle des sciences physiques et biologiques mais ne sont pas plus convaincants, et ce n’est pas le passage par l’itinéraire des « grands scientifiques » qui saurait satisfaire le lecteur rigoureux. S’ils ne réfutent pas la possibilité d’une force créatrice, ces grands personnages de l’histoire des sciences ne la valident pas non plus et si – aux yeux des auteurs – ils ne sont pas matérialistes, ils n’en sont pas, pour autant, croyants.

La seconde partie s’aventure sur des chemins scientifiquement hasardeux. Les chapitres balaient les « preuves hors sciences ». Cinq d’entre eux portent explicitement sur la Bible et les miracles religieux. Les auteurs concluent sur le mystère Fatima 1 et le fait que les miracles aient été annoncés à l’avance. Même si ce constat avait été une réalité avérée, il ne prouverait pas, pour autant, l’existence de Dieu. Les auteurs déclarent que le lecteur doit descendre en son donjon intérieur avant d’en ressortir avec sa propre conviction : « croyant au bien et au mal et donc en Dieu, ou croyant au matérialisme darwinien. À vous de décider en votre âme et conscience. » Étrange preuve scientifique. Les derniers chapitres, qui abordent la question de Dieu vue par les philosophes et les matérialistes, cherchent à décrédibiliser leur point de vue.

Finalement, le livre tient de l’essai empreint d’une croyance et non d’un ouvrage scientifique. Le fait d’être ingénieurs ne garantit pas la scientificité. On ne saurait oublier qu’O. Bonassies ressent le besoin d’affirmer sa conversion religieuse à l’âge de 20 ans ; que l’éditeur Guy Trédaniel est davantage réputé pour ses ouvrages ésotériques que scientifiques ; que l’aide des frères Bogdanoff à la rédaction du chapitre « Le roman noir du Big Bang » est avancée comme un gage de sérieux.

Pour le lecteur épris de science, une seule question demeure alors : « Comment Wilson, prix Nobel de physique en 1978, a-t-il pu accepter de préfacer l’ouvrage ? » La réponse est sans doute dans les propos du préfacier « Un esprit supérieur pourrait être à l’origine de l’Univers ; bien que cette thèse générale ne m’apporte pas une explication suffisante, j’en accepte la cohérence. »
Malgré cette préface, le livre est, sans aucun doute, à classer du côté des pseudo-sciences.

1 Le mystère Fatima concerne une apparition mariale au Portugal, en octobre 1917, prévue et annoncée depuis trois mois par les visions de trois enfants.