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Le tout bio est-il possible ?

Publié en ligne le 8 janvier 2013
Le tout bio est-il possible ?
90 clés pour comprendre l’agriculture biologique

Bernard Le Buanec (coordinateur)
Éditions Quae, 2012, 240 pages

L’agriculture biologique est l’objet de nombreux débats souvent passionnés car ce nouveau mode de culture est considéré par certains comme la seule solution d’avenir pour les Terriens. En revanche, les tenants de l’agriculture conventionnelle la considèrent plutôt comme une aventure sans véritable lendemain. De nombreux rapports chiffrés font périodiquement le point sur le sujet. Ce livre a été écrit par treize auteurs spécialisés dans les différentes disciplines agronomiques.

C’est tout d’abord un traité d’agronomie mis à la portée de tous. Ce choix est particulièrement pertinent car les citoyens-consommateurs devenus des citadins ne connaissent plus l’agriculture, qui a, de toute façon, profondément changé en quelques décennies. Le livre apporte des réponses courtes et précises à 90 questions clés. Le texte est accompagné de nombreuses photos qui rendent sa lecture agréable.

Les auteurs ont résolument choisi d’être factuels évitant ainsi de tomber dans les polémiques stériles que l’on connaît par ailleurs. Une part importante est réservée à l’histoire, qui fait apparaître l’agriculture biologique comme une construction complexe à mi-distance entre le désir de proposer une autre approche des techniques d’agriculture et un rêve de Nature. Ces deux propositions ne sont pas dépourvues de contradictions qui apparaissent dans le cours du livre. Une des spécificités de l’agriculture biologique reste en effet qu’elle n’a pas d’exigence de résultats mais seulement de moyens. Elle se prive ainsi de l’essentiel des méthodes faisant appel aux biotechnologies validées tant animales que végétales. De nombreuses dérogations aux règles sont consenties pour assurer un succès viable aux agriculteurs. La culture recommandée du triticale (un mélange de seigle et de blé obtenu par des croisements forcés réalisés en aveugle) en est un exemple.

Des comparaisons systématiques entre l’agriculture biologique et l’agriculture conventionnelle sont éclairantes. Comme attendu, la première est plus respectueuse des sols et plus généralement de l’environnement. Rien n’indique pour autant, par exemple, que la présence de pesticides dans les produits de l’agriculture conventionnelle pose plus de problèmes aux consommateurs que ceux de l’agriculture biologique. Plus généralement, rien n’indique que ses produits constituent de meilleurs aliments que ceux de l’agriculture conventionnelle, tant du point de vue gustatif que sanitaire.

Une des questions essentielles est évidemment de savoir si l’agriculture biologique peut et doit remplacer l’agriculture conventionnelle. Les données chiffrées indiquent que les agriculteurs « agriculture biologique » ont souvent des revenus acceptables mais en travaillant plus et en produisant moins que les agriculteurs conventionnels. Le bilan énergétique global et la production de gaz à effet de serre ne sont pas clairement en faveur de l’agriculture biologique.

Les auteurs du livre font état du fait que l’agriculture biologique fait preuve d’innovations qui sont parfois reprises par l’agriculture conventionnelle. Les nouvelles machines pour le désherbage en sont un exemple. Plus généralement, elle constitue un foyer de réflexion qui pousse à repenser les pratiques de l’agriculture conventionnelle. Il apparaît ainsi que de meilleurs équilibres entre le végétal, l’animal et l’environnement sont nécessaires. Ils ne sont pas respectés dans les régions où l’élevage est intense. Il est donc proposé de répartir les élevages dans l’ensemble du pays, ce qui créerait également une plus-value financière très significative.

En se basant sur les données chiffrées actuelles, les auteurs du livre ne pensent pas que l’agriculture biologique intégrale est une solution pour l’Humanité. Ils s’attendent plutôt à des rapprochements progressifs entre les deux types d’agriculture jusqu’à tendre vers ce que l’on appelle l’agriculture écologiquement intensive.


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