Les secrets de l’électroculture
Publié en ligne le 31 octobre 2017Arnaud Colombier
Eyrolles, 2017, 112 pages, 14,90 €

L’auteur l’admet en quatrième de couverture, « améliorer la croissance de ses plantes grâce à l’électricité peut paraître occulte ou farfelu ». Une démarche aussi déroutante, en effet, devrait être justifiée par des précédents solides, des études scientifiques ou, à défaut, des preuves d’efficacité empiriques. Le livre ne contient rien de tout cela. Sa lecture n’est pas à proprement parler ennuyeuse. Comment ne pas rire de bon cœur, par exemple, en lisant que la sève monte dans les arbres sous l’effet de la pression et que, « pour un séquoia de 80 m, la pression est de 8 bar » ? (p. 71). Ces moments de franche hilarité 1 sont malheureusement trop rares pour ranger Les secrets de l’électroculture dans la catégorie comique ou parodique. Il faut se rendre à l’évidence : il s’agit bien d’un livre écrit au premier degré par un auteur féru de pseudo-sciences.
L’électroculture, autrement dit l’effet positif de légères « charges électriques qui vont s’ajouter aux courants électriques naturels », marche, point final. « Personne n’est capable de décrire ce qu’elle est » (introduction, p. XIV). Quant à ce qu’elle fait, on le voit grâce à des dessins de croissance des plantes, et rien de plus (fort soignés, ces dessins sont la seule partie admirable de l’ouvrage). Arnaud Colombier croit aux dangers des antennes relais pour les humains et les plantes (p. 27). Il croit aussi aux vertus de l’aimantation. Elle améliore les performances de l’eau d’arrosage, tout comme des carburants (p. 53) avec un gain de 20 % en consommation de la voiture et une « forte diminution de la teneur 2 des gaz d’échappement, vérifiée au contrôle technique ». Il communique avec les plantes grâce à l’aide d’un ami radiesthésiste (p. 71). Il reçoit par ailleurs « des messages télépathiques de son animal de compagnie » (p. 62) et se trouve directement relié, comme nous tous, à la terre. « Si nous sommes dans la quiétude, la Terre y est aussi ». Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les « cataclysmes et les endroits où ils se produisent » (p. 63). Les victimes de séismes et de coulées de lave apprécieront.
Chez un éditeur donnant dans le farfelu, pourquoi pas. Mais Eyrolles ? Cette grande maison indépendante est spécialisée dans les sciences et la technologie. Elle a un département Éducation. Comment ce livre effarant a-t-il pu franchir la barrière du comité de lecture ?
1 Il s’agit en réalité d’une pression négative (par rapport à la pression atmosphérique). La sève monte dans les plantes par différents mécanismes, dont l’évaporation au niveau des feuilles, qui pompe l’eau des racines. À huit bars de pression, la sève fuserait comme un jet d’eau à la première entaille.
2 La teneur en quoi, ce n’est pas dit.
Publié dans le n° 321 de la revue
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Agriculture
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