Radioactivité : quelles doses ?
Publié en ligne le 21 février 2012 - Nucléaire -
Le journal Scientific American 1 a récemment publié un tableau présentant les ordres de grandeurs des doses que peut recevoir un corps humain dans différentes situations.
Dose moyenne absorbée par le corps entier (en millisieverts)
Scanner sécurité d’un aéroport | 0,0001 mSv |
Cuisine par utilisation du gaz naturel | 0,0004 mSv |
Radiographie d’un bras | 0,001 mSv |
Densité osseuse par rayon X | 0,001 mSv |
Trajet sur autoroute (par an) | 0,004 mSv |
Radiographie dentaire | 0,005 mSv |
Vol New-York-San Francisco (5 heures) | 0,017 mSv |
Mammographie | 0,4 mSv |
Intervention sur le site de Fukushima (par heure) | 1,0 mSv |
Tomodensitométrie | 2,0 mSv |
Radioactivité naturelle (aux USA) par an | 3,1 mSv |
Scanner de la thyroïde | 4,8 mSv |
Scanner du cerveau | 6,9 mSv |
Scanner du pelvis | 10 mSv |
Angiographie coronaire | 16 mSv |
Astronaute dans une station spatiale (un an) | 72 mSv |

L’irradiation naturelle est très fortement variable selon les régions du globe. En France, elle est en moyenne de 2,4 mSv par an, mais elle atteint 132 mSv à Ramsar en Iran (avec des pics à 250 mSv) et entre 15 et 75 mSv dans la région du Kérala en Inde (source Sauvons-le-climat 2).
Concernant les examens médicaux, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) s’est récemment inquiétée de l’augmentation préoccupante, en France, des doses de rayonnements ionisants délivrées par l’imagerie médicale 3. La dose moyenne par habitant du fait d’expositions médicales s’établit à 1,3 mSv par an, en augmentation de près de 50 % depuis 2002.
La radioactivité, qu’elle soit naturelle ou artificielle, se mesure en nombre de désintégrations par seconde. Un becquerel (Bq) correspond à une désintégration par seconde. Ce phénomène, découvert par le physicien français Henri Becquerel en 1896 sur l’uranium et confirmé par Marie Curie sur le radium, voit un noyau atomique se désintégrer et se transformer en plusieurs autres noyaux. La masse perdue est émise sous forme de rayonnements (appelés selon les cas, rayons alpha, bêta ou gamma).
Le becquerel ne fait que mesurer la radioactivité. Ses effets sur la santé dépendent des quantités reçues (voir la définition du gray, ci-dessous) et du type de rayons émis et des tissus touchés (voir la définition du sievert ci-dessous). La radioactivité naturelle de l’eau douce est de l’ordre de 0,1 Bq par litre, celle du corps humain de l’ordre de 130 Bq par kilogramme, celles de roches granitiques de l’ordre de 1000 Bq par kilogramme.
Lorsqu’ils rencontrent de la matière, les rayonnements ionisants entrent en collision avec les atomes qui la constituent. Au cours de ces interactions, ils déposent une partie ou la totalité de leur énergie. La dose absorbée (exprimée en gray – Gy) est définie par le rapport de cette énergie déposée sur la masse de matière. Un gray correspond à une énergie déposée de 1 Joule dans 1 kilogramme de matière.
Afin d’exprimer dans une même unité le risque de survenue des effets stochastiques (effets qui apparaissent de façon aléatoire, la cause n’entrainant pas toujours l’effet, auxquels on attache une probabilité de survenue) associés à l’ensemble des situations d’exposition possibles, les physiciens ont développé un indicateur appelé « dose efficace », dont l’unité de mesure est le sievert (Sv), du nom du physicien suédois qui fut l’un des pionniers de la protection contre les rayonnements ionisants. La dose efficace est calculée à partir de la dose (exprimée en Gy) absorbée par les différents tissus et organes exposés, en appliquant des facteurs de pondération qui tiennent compte du type de rayonnement (alpha, bêta, gamma, X, neutrons) et de la sensibilité spécifique des organes ou tissus. Par définition, la dose efficace, exprimée en Sv, ne peut être utilisée que pour évaluer le risque d’apparition d’effets stochastiques chez l’homme, et ne peut être employée ni pour les effets aigus ni pour les effets sur la faune et la flore.
Les facteurs de pondération des rayonnements
Photons (gamma, X) | 1 |
Électrons (beta) | 1 |
Neutrons | 5 à 20 |
Protons | 5 |
Particules alpha, ions lourds | 20 |
Les facteurs de pondération des organes et des tissus
Moelle osseuse (rouge), côlon, poumons, estomac, sein, tissus restants | 0,12 |
Gonades | 0,08 |
Vessie, œsophage, foie, thyroïde | 0,04 |
Surface osseuse, cerveau, glandes salivaires, peau | 0,01 |
Des modèles de corps humains permettent de passer à la dose absorbée par organe.
Sources :
http://www.sievert-system.org.
https://www.irsn.fr/FR/Larecherche/....
Thème : Nucléaire
Mots-clés : Énergie nucléaire
Publié dans le n° 298 de la revue
Partager cet article
Nucléaire

Conséquences sanitaires de l’accident de Fukushima
Le 7 juin 2023
Les contaminations radioactives au tritium
Le 7 juin 2023
L’échelle INES des incidents et accidents nucléaires
Le 4 juin 2023
Un historique de la gestion des déchets nucléaires
Le 1er juin 2023