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Un inquiétant « contrôle citoyen »

Publié en ligne le 16 octobre 2011 - OGM et biotechnologies -

Quelques dizaines de « faucheurs volontaires » ont investi le 23 mai dernier les locaux d’un laboratoire de l’INRA (Institut national de la recherche agronomique) à Angers. Objectif : « mener une inspection citoyenne ». « Nous faisons partie des citoyens qui refusent les OGM dans leur assiette, et nous nous inquiétons de l’utilisation des fonds publics à l’encontre de nos aspirations », ont-ils expliqué. En cause, des recherches portant sur un poirier transgénique résistant à certaines bactéries. Après avoir visité les locaux et rencontré un responsable de l’organisme de recherche, les « faucheurs » ont annoncé vouloir « revenir dans un mois pour obtenir les réponses à une liste de questions [qu’ils ont] déposée ».

Cette nouvelle n’a pas fait la une des journaux. Pourtant, elle l’aurait mérité. Que sont ces « inspections citoyennes » sur les recherches en cours ? Au nom de quelle légitimité un groupe d’individus prétend-il décider de la recherche publique, et, procédant à une « inspection » des laboratoires, décider ce qui peut continuer, voire, on l’imagine au vu des précédents, arracher les plans qui ne correspondraient pas à leur vision de la « recherche citoyenne » ? Contactée par Science et pseudo-sciences, la direction de l’INRA déclare « réfléchir à sa position institutionnelle face au mode d’action qu’ont choisi les faucheurs volontaires sur le dossier des OGM » rappelant qu’« il est très difficile pour un organisme de recherche de travailler sereinement sur cette technologie et d’en évaluer les bénéfices et risques réels sans être – légitimement – interrogé par la société civile, voire malmené (dans le cas de Colmar) ». En l’état de cette réflexion, l’INRA ne souhaite pas communiquer davantage.

Il nous semble que la réponse de l’INRA se devra d’être ferme dans le refus de ce type d’action, qui, sous couvert de « citoyenneté », tourne le dos aux principes de la démocratie. Et n’est que mépris pour les citoyens qui pensent que les grandes orientations de la recherche publique ne se décident pas par des opérations commando, que la liberté de la recherche doit être préservée. Ces citoyens n’investissent pas les locaux de l’INRA. Seront-ils écoutés ?