Les biotechnologies végétales
Publié en ligne le 1er septembre 2024Alain Deshayes
L’Harmattan, coll. Biologie, Écologie, Agronomie, 2023, 280 pages, 29 €

Alain Deshayes est directeur scientifique honoraire de l’Inrae. Il nous livre ici une analyse de l’histoire des biotechnologies végétales, de manière factuelle, sourcée et la plus neutre possible.
L’ouvrage est composé de plusieurs parties de longueurs inégales. Les deux premières sont très courtes. Sont tout d’abord présentées rapidement les premières expériences de génie génétique qui ont amené les scientifiques à s’interroger sur leur responsabilité sociétale. L’auteur présente les différentes tentatives de la communauté scientifique de se fédérer autour de la notion de responsabilisation et d’autorégulation, ainsi qu’une certaine volonté de transparence vis-à-vis de l’opinion publique. La seconde partie traite des premières controverses, avec le début de l’opposition de l’opinion publique aux OGM qui marque le début du « schisme » entre scientifiques et public. L’auteur explique les premières réactions anti-OGM de la part de personnes qui estimaient que le risque était peu ou mal évalué, ainsi que la surprise des scientifiques qui « n’avai(en)t pas réalisé le degré de sensibilité sur cette question » 1.
La troisième partie est la plus dense : elle analyse les principales controverses sur les OGM telles que la polémique sur la disparition des papillons monarques imputée à tort aux pollens de maïs génétiquement modifiés. Dans cet exemple, A. Deshayes présente la publication à l’origine de la polémique, la critique immédiate de cet article de la part de nombreux scientifiques (mettant notamment en cause un « protocole expérimental inadapté ») et les articles mettant fin à cette controverse. Il explique que si l’article initial était erroné et alimentait la polémique anti-OGM, il a néanmoins permis de rechercher les causes du déclin des populations de papillons monarques et de trouver des solutions pour la sauvegarde de l’espèce. De nombreux autres exemples sont cités comme la papaye d’Hawaï permettant « le sauvetage d’une économie locale grâce au génie génétique » ou le projet « riz doré » pour lequel l’auteur montre le blocage infondé de Greenpeace, mais aussi les erreurs de communication des scientifiques. L’auteur présente factuellement les arguments des pro et anti-OGM, comme lorsque les OGM ont été reconnus responsables de contaminer les lignées « anciennes » de maïs mexicain. Il analyse alors les vives réactions de chaque camp et présente les controverses non scientifiques qui en ont découlé : « L’une concerne la valeur culturelle des variétés locales destinées essentiellement à la consommation humaine, et l’autre est liée à un conflit géostratégique portant sur le commerce international. » Au fur et à mesure des exemples, l’auteur montre comment les politiciens ont réagi à ces différentes polémiques et les conséquences de celles-ci sur la politique « OGM » en France et en Europe.
La quatrième et dernière partie porte sur les débats actuels au sujet de l’édition génomique, notamment la technologie Crispr-Cas9. L’auteur analyse les différents volets de cette controverse ainsi que les conséquences pour les chercheurs français liées à la réglementation de l’UE à ce sujet.
A. Deshayes conclut sur la difficulté d’instaurer un dialogue entre les pro et les anti-OGM 2 (ou nouvelles techniques génomiques – NTG). Il montre que la plupart des opposants aux OGM voient les progrès scientifiques et techniques « comme étant la cause de nos problèmes. Ce qui, dans la période actuelle a une résonance particulière avec la responsabilité reconnue des activités humaines dans les changements climatiques. » Cette vision est en contradiction avec celle de nombreux chercheurs qui défendent les progrès scientifiques et technologiques « pour résoudre les problèmes auxquels la société doit faire face ».
Publié dans le n° 350 de la revue
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