Analyse appliquée du comportement

En 1968, trois psychologues de l’université du Kansas (Don Baer, Montrose Wolf et Todd Risley) ont fondé le Journal of Applied Behavior Analysis dans le but de favoriser des applications pédagogiques et psychothérapeutiques de lois psychologiques découvertes notamment par Skinner et ses élèves. Les recherches et pratiques, qui y sont publiées, s’appellent « Applied Behavior Analysis » (ABA, ou analyse appliquée du comportement, AAC en français). Elles sont du même type que celles connues sous le nom de « modification comportementale », mais les auteurs qui utilisent l’expression AAC insistent particulièrement sur la rigueur méthodologique et prennent une position antimentaliste (refus de se contenter d’expliquer des comportements par des entités mentales supposées, telles que des pulsions ou des complexes). Par ailleurs, l’expression « analyse appliquée » rebute moins que « modification », qui peut évoquer une emprise. Le champ d’application privilégié est l’éducation de personnes mentalement handicapées (surtout celles avec autisme), mais est loin de s’y limiter. En fait, l’AAC cherche à identifier les variables qui permettent de changer efficacement des comportements : augmenter des comportements désirables, comme l’activité physique et les compétences intellectuelles ; réduire ou éliminer des comportements indésirables, comme les tics, les assuétudes, etc.

Le présent ouvrage est la traduction d’un livre de trois enseignants-chercheurs de l’université de l’État de l’Ohio, auxquels se sont joints 13 éminents spécialistes de l’AAC. La 1re édition est parue en 1990. La nouvelle, revue et augmentée, date de 2020.

L’ouvrage est magistral à plusieurs titres : le travail des auteurs est très impressionnant, et l’est aussi celui des traducteurs qui, sous la direction de Hélène Abdelnour, se sont accordés sur la terminologie et ont constitué un glossaire de plus de 500 termes et concepts techniques, qui fait 30 pages. Tous les traducteurs sont des professionnels de l’AAC. De plus, tous les chapitres ont été relus par des scientifiques.

Les 31 chapitres sont organisés en 13 parties allant de l’historique de l’AAC aux problèmes éthiques, en passant par les opérations de motivation, l’analyse du comportement verbal, la théorie du cadre relationnel et thérapie de l’acceptation et de l’engagement, la réduction de comportements sans usage de punitions, la gestion de soi, etc.

Comme l’écrit en préface Olivier Bourgueil, président de l’Organisation nationale des professions de l’analyse comportementale, « cet ouvrage marque le début d’une nouvelle ère pour l’analyse appliquée du comportement au sein des pays francophones ». C’est en effet incontestablement le manuel le plus complet sur cette matière. La description soigneuse de procédures, le nombre considérable d’exemples (sur des personnes réelles), les tableaux et les schémas, les nombreux chapitres sur les nouveautés par rapport aux débuts de l’AAC ; tout cela permet de faire le tour des connaissances actuelles de façon approfondie. La bibliographie, qui compte 50 pages, permet de trouver des publications qui prolongent les exposés.