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Y a-t-il du nouveau et du bon dans la psychanalyse ?

Publié en ligne le 15 octobre 2022 - Psychanalyse -
Ce texte est une adaptation de l’exposé fait à l’occasion des Rencontres de l’esprit critique qui se sont tenues à Toulouse les 22 et 23 avril 2022.

Le mot « psychanalyse » désigne différentes pratiques de prise en charge psychologique. Aussi importe-t-il de commencer par s’entendre sur sa définition quand on veut en discuter.

La première utilisation du mot figure dans un article publié en 1896 : « L’hérédité et l’étiologie des névroses ». Freud (1856-1939) écrit : « Je dois mes résultats à l’emploi d’une nouvelle méthode de psychoanalyse 1, au procédé explorateur de J. Breuer, un peu subtil, mais qu’on ne saurait remplacer, tant il s’est montré fertile pour éclaircir les voies obscures de l’idéation inconsciente. Au moyen de ce procédé on poursuit les symptômes hystériques jusqu’à leur origine qu’on trouve toutes les fois dans un événement de la vie sexuelle du sujet bien propre à produire une émotion pénible » ([01] p.416).

En fait, le mot « psychanalyse » est alors synonyme d’« analyse psychologique », une expression apparue au XVIIIe siècle et que Pierre Janet (1859-1947) a utilisée couramment avant Freud. La méthode de Josef Breuer (1842-1925) adoptée par Freud est une méthode d’analyse psychologique parmi d’autres. Elle se caractérise par la recherche dans le passé d’une expérience émotionnelle intense mais, ajoute Freud, cette expérience est invariablement de nature sexuelle : « On a toujours admis les désordres sexuels parmi les causes de la nervosité ». Mais ajoute-t-il – et c’est là sa nouveauté : « On a restreint l’influence étiologique des désordres sexuels à un nombre limité des cas observés » ([01] p.414), alors que des désordres sexuels sont « la » cause de tous les cas observés. On constate ici un des biais qui spécifient Freud et les freudiens : la généralisation à outrance. Il est à noter que Breuer n’était pas de l’avis de Freud sur ce point. Pour lui, la cause de « symptômes hystériques » n’était pas nécessairement de nature sexuelle. La cause pouvait être par exemple une colère qui n’avait pu s’extérioriser. Pour Breuer, la thérapie était la « méthode cathartique » : aider à la décharge (Entladung) des émotions bloquées.

Jusque dans les années 1910, le terme « psychanalyse » était utilisé par divers auteurs qui n’étaient pas forcément de l’avis de Freud, et celui-ci n’y a guère vu d’inconvénient jusqu’en 1914.

Freud s’approprie le terme « psychanalyse »

À partir de 1911, Freud s’est disputé avec plusieurs de ses premiers collègues, notamment Alfred Adler (1870-1937), Wilhelm Stekel (1868-1940) et Carl Gustav Jung (1875-1961) 2. La principale raison de leurs disputes est que ni Freud ni ses confrères ne disposaient de critères solides pour leurs interprétations et explications. Pour Freud, l’explication ultime était toujours d’ordre sexuel. Pour Adler, l’estime de soi et la volonté de puissance étaient essentielles. Pour Jung, les causes des troubles étaient diverses : notamment « le problème de l’adaptation sociale, de l’oppression par des circonstances tragiques de la vie, les exigences du prestige » ([02] p.174).

Freud s’est alors employé à faire du mot « psychanalyse » sa propriété et à s’affirmer le maître d’une discipline dont lui seul pouvait définir le contenu. Il écrit : « La psychanalyse est ma création. […] Personne mieux que moi ne peut savoir ce qu’est la psychanalyse, par quoi elle se différencie d’autres manières d’explorer la vie de l’âme et ce qui doit être couvert de son nom ou ce qu’il vaut mieux nommer autrement ». Il qualifie les conceptions d’Adler et de Jung de « réinterprétations [Umdeutungen] de la psychanalyse » ([03] pp.44, 111). Ces psychanalystes ont acté la rupture avec Freud en utilisant alors d’autres dénominations de leur pratique : « psychologie individuelle » (Adler), « analyse psychologique » (Jung), « psychanalyse active » (Stekel).

Freud et les disciples fidèles vont alors tout faire pour que le mot « psychanalyse » soit réservé à sa doctrine. N’empêche : le terme va être utilisé par d’autres psys et dans le grand public pour désigner des analyses psychologiques qui ont peu ou rien de freudien. En 1920, Ernest Jones (1879-1958) écrit au Comité secret (fondé en 1912 suite aux dissensions doctrinales, composé de cinq disciples fiables réunis autour de Freud) : aux États-Unis, « tout et n’importe quoi passe pour de la psychanalyse, pas seulement l’adlérisme et le jungisme, mais n’importe quelle sorte de psychologie populaire ou intuitive. Je doute qu’il y ait six personnes en Amérique qui puissent dire quelle est la différence essentielle entre Vienne [Freud] et Zurich [Jung et ses confrères], du moins clairement » (cité dans [04] p.435). Deux ans plus tard, il s’offusque encore du bric-à-brac psychanalytique : « Quand tant de choses circulent sous le nom de psychanalyse, notre grande réponse aux enquêteurs est : “la psychanalyse, c’est Freud” » [05]. Un demi-siècle plus tard, Jacques Lacan (1901-1981) répétera : « La psychanalyse, c’est Freud. Si l’on veut faire de la psychanalyse, il faut revenir à Freud, à ses termes et à ses définitions, lus et interprétés au sens littéral » ([06] p.168). Notons bien « au sens littéral ».

Aujourd’hui, il est courant que le mot « psychanalyse » désigne à peu près n’importe quelle pratique d’analyse psychologique ou de psychothérapie. Dans un sens plus restreint, il désigne toute conception qui admet ces trois postulats : il y a un Autre à l’intérieur de nous ; seuls les psychanalystes sont capables de le décrypter ; sa mise au jour est la condition nécessaire et suffisante pour traiter les troubles psychologiques censés avoir des causes « profondes ». Enfin, pour les freudiens orthodoxes, ce terme ne peut désigner que la théorie et la pratique fondées sur les textes freudiens, tout le reste n’étant que conceptions abâtardies ou erronées.

Dans la suite, nous nous limitons à la psychanalyse telle que définie par Freud et ses disciples orthodoxes.

Freud rajoute à sa doctrine et n’abandonne rien

Freud a constitué sa méthode d’interprétation et l’essentiel de ses théories entre 1895 et 1905. Pour lire l’aboutissement de la doctrine, il convient de consulter son dernier livre, l’Abrégé de psychanalyse (rédigé en 1938 et publié à titre posthume en 1940). Il a écrit dans la préface : « Ce petit écrit entend rassembler, pour ainsi dire de manière dogmatique, les thèses de la psychanalyse sous la forme la plus ramassée et dans la version la plus définitive ».

Au fil des ans, Freud a ajouté des conceptions, mais n’a quasi rien retiré de ce qu’il avait affirmé. Il écrit en 1926 : « Nous n’avons pas besoin de dévaloriser des enquêtes antérieurement effectuées mais seulement de les mettre en liaison avec nos vues plus récentes » ([07] p. 256). La seule modification substantielle a été le passage de la théorie de la séduction à la théorie du fantasme. Freud avait pensé que les « hystériques » et les « obsessionnels » avaient toujours subi des expériences sexuelles durant la première enfance, des expériences oubliées parce que refoulées. En septembre 1897, il change d’avis : il estime que, dans la majorité des cas, les expériences évoquées n’étaient pas réelles, c’étaient des fantasmes (il écrit : Phantasien). Ses arguments pour cette modification : malgré tous ses efforts, des patientes maintiennent mordicus qu’elles n’ont aucun souvenir d’avoir été sexuellement abusées ; des patientes ne guérissent pas après la découverte de sévices « refoulés » ; « il n’y a dans l’inconscient aucun indice de réalité permettant de distinguer l’une de l’autre la vérité et la fiction investie d’affect » [08].

À regarder de près, le changement n’est pas si radical que cela. Il y a simplement déplacement de la responsabilité : de victimes, les enfants deviennent les acteurs de leur malheur. Ils sont devenus névrosés à la suite de fantaisies dont la cause ultime est des pulsions sexuelles.

Freud ne « dévalorise » pas ses précédentes thèses parce qu’il utilise une conception de l’inconscient et quelques autres concepts comme fourre-tout qui permet de tout y faire entrer.

Il prétend découvrir dans l’Inconscient des significations, des émotions et des pulsions cachées qui se ramènent à quelques thèmes, dont les principaux sont les complexes d’Œdipe et de castration, la fixation au stade oral, anal ou phallique, l’homosexualité refoulée, l’envie du pénis, la pulsion de mort.

Il prétend faire ces découvertes grâce à quatre techniques : des décodages par des symboles et des jeux de mots, l’explication par le contraire de ce qui paraît et la recherche dans la multitude des événements passés, réels, imaginés ou inférés par l’analyste.

Lorsque les patients, des collègues ou le public émettent des objections, Freud répond invariablement que c’est là l’effet d’une « résistance » à reconnaître la vérité qui a été « refoulée ».

Illustration par un des plus célèbres cas

Le premier cas considéré comme une cure psychanalytique, et non plus une hypnothérapie, est celui de Dora, une jeune fille de 17 ans envoyée chez Freud par son père, qui veut qu’elle cesse de lui reprocher une liaison extraconjugale avec la femme d’un ami, M. K. qui, de son côté, lui fait une cour assidue [09] (la patiente a été analysée cinq ans avant la publication de son cas). Ce cas est une des cinq psychanalyses dont Ernest Jones, le biographe attitré de Freud, dira un demi-siècle plus tard : « Cette première observation de Freud a, bien longtemps, servi de modèle aux étudiants en psychanalyse et bien que nos connaissances se soient depuis étendues, la lecture en demeure toujours aussi intéressante » ([10] p.274). On y retrouve tous les procédés typiques de l’analyse freudienne.

Freud qualifie Dora d’« hystérique » à cause d’une réaction à l’âge de 13 ans 3. Elle a été brutalement embrassée sur la bouche par M. K., à un moment où elle était seule avec lui dans son magasin. « Elle a éprouvé un violent dégoût et s’est enfuie ». Freud juge cette réaction pathologique : « Le comportement de cet enfant (Mädchen) est déjà complètement et totalement hystérique (bereits ganz und voll hysterisch). Je tiendrais sans hésiter pour une hystérique toute personne chez qui une occasion d’excitation sexuelle provoque principalement ou exclusivement des sentiments de déplaisir » ([09] p.187).

Pour Freud, la cause de l’hystérie de Dora se trouve dans une conduite du passé : la masturbation infantile. Dora a été énurétique vers 7 ans. Or, dixit Freud, « il n’a pas de cause plus vraisemblable que la masturbation » ([09] p.236). Elle a eu des crampes d’estomac. Or, « on sait avec quelle fréquence les crampes d’estomac apparaissent précisément chez les masturbateurs » ([09] p. 241). Quand Freud explique à Dora que ses troubles proviennent d’anciennes masturbations, elle proteste : « Elle nia avec la plus grande fermeté pouvoir se souvenir d’une chose pareille ». Pour Freud, Dora résiste à se souvenir, elle a refoulé, elle dénie, preuve pour Freud de la justesse de son interprétation. Un décodage symbolique lui permet de « prouver » son explication : « Quelques jours plus tard, elle donna à voir quelque chose que je dus considérer comme une autre manière de s’approcher de l’aveu. Ce jour-là en effet elle avait, accrochée à la ceinture, une aumônière servant de porte-monnaie, de la forme qui était alors à la mode, et elle jouait avec tandis qu’allongée elle parlait, l’ouvrant, y mettant un doigt, la refermant, etc. […] L’aumônière bifoliée de Dora n’est rien d’autre qu’une présentation de l’organe génital, et le fait de jouer avec elle, de l’ouvrir et d’y mettre le doigt, n’est qu’une communication par pantomime – en toute naïveté mais sans ambiguïté – de ce qu’elle aimerait faire par-là : se masturber » ([09] p.238s).

Dora a rêvé que la maison brûle et que sa mère veut sauver sa boîte à bijoux (la boîte de la mère), Freud lui explique que dans ce rêve « absolument tout est transformé en son contraire » ([09] p. 231) : le coffret n’est pas celui de sa mère, c’est le sien ; le coffret n’est pas un coffret, il représente « l’organe génital féminin » ; la tentative de sauver sa « boîte à bijoux » cache sa peur du désir de s’offrir à l’ami du père qui tente de la séduire.

Exemple de décodage par jeux de mots. Dora a rêvé qu’elle cherchait une gare. Le mot allemand est Bahnhof, ce qui est pour Freud « le symbole des organes génitaux féminins ». Freud interprète alors illico : « La gare sert au “Verkehr” », mot qui signifie « trafic » mais aussi « commerce sexuel ». Donc Dora a rêvé du commerce sexuel. Freud ajoute en note que « plus d’une angoisse du chemin de fer s’explique par ce changement d’habit psychique [psychische Umkleidung] » ([09] p.262). On aurait aimé savoir combien de cas de phobies du train Freud avait pu traiter et éliminer…

Freud retombe toujours sur les quelques mêmes thèmes. Dans le cas de Dora : le complexe d’Œdipe et l’homosexualité. Freud écrit que Dora est inconsciemment amoureuse de son père et de la maîtresse de son père. Il ajoute : « Je n’ai pas encore réussi à faire une psychanalyse d’homme ou de femme sans tenir compte d’un courant homosexuel vraiment significatif » ([09] p.221).

Vingt ans plus tard, ce sont toujours les mêmes contenus que Freud « trouve » dans l’Inconscient freudien. Ainsi, en 1922, Abraham Kardiner (1891-1981) écrit dans le journal de son analyse chez Freud : « En comparant mes notes avec celles d’autres étudiants, je me suis aperçu que l’homosexualité inconsciente, tout comme le complexe d’Œdipe, faisait partie de la routine d’une analyse. […] Une fois que Freud avait repéré le complexe d’Œdipe et conduit le patient jusqu’à son homosexualité inconsciente, il ne restait pas grand-chose à faire » ([11] pp.92, 125).

En définitive, la profondeur freudienne se réduit à un nombre très limité de motivations. Lacan, à la fin de sa vie, déplorait la monotonie des quelques thèmes fondamentaux décodés dans les cures : « L’analyste opère en se laissant guider par les termes verbaux utilisés par la personne qui parle. Si Freud recommande quelque chose, c’est, il le dit explicitement, de ne pas se prémunir de quelque idée que ce soit ; vous pouvez rencontrer un jour un cas totalement différent de tout ce que vous avez pu prévoir comme classable. Suivez ce qui vient de la personne que vous êtes en train d’écouter. Pourtant, ce qui est perturbant est que jamais, dans l’histoire de l’analyse, n’est apparu un fantasme totalement original. Vous découvrez toujours les mêmes vieilles choses. C’est assez pour vous conduire au désespoir. J’espère ne pas terminer ma vie sans avoir trouvé une chose ou une autre que je pourrai laisser à la postérité, quelque chose que j’aurai inventé. Mais jusqu’ici mon inspiration est restée coite » ([12] p.17).

Le bon n’est pas nouveau et le nouveau n’est pas bon

En 1908, Alfred Hoche (1865-1943), professeur de psychiatrie de l’université de Fribourg, disait : « Il est certain qu’il y a du nouveau et du bon dans la doctrine freudienne de la psychanalyse. Malheureusement, le bon n’est pas nouveau et le nouveau n’est pas bon » (cité dans [13] p.98).

La méthode

Concernant la méthode, rappelons que Freud, après avoir pratiqué l’hypnose, demandait à ses patients de se coucher sur un divan et de dire tout ce qui leur passait par la tête. C’est la méthode des associations libres, qu’il appelait sa « règle fondamentale ». La méthode n’est pas sans rappeler les techniques de « l’écriture automatique » et de « la parole automatique » utilisées par Janet à partir de 1882. Pour Janet ces techniques, complémentaires à l’hypnose, permettaient de découvrir les souvenirs subconscients à l’origine de troubles et de les guérir (cf. [14]).

L’écoute des patients

Il est d’usage de dire que Freud est le promoteur de l’écoute des patients. C’est ce qui avait séduit Jones quand il a lu pour la première fois un texte de Freud, précisément le cas Dora. Il écrira dans ses mémoires : « J’en retins une impression profonde qu’il y avait un homme à Vienne qui écoutait réellement avec attention chaque mot que lui disaient ses patients » [15].

En fait, Freud est loin d’être le premier thérapeute à prendre la peine d’écouter avec attention des patients, comme on l’apprend en lisant le monumental ouvrage de Henri Ellenberger sur l’histoire de la psychothérapie depuis l’Antiquité jusqu’à 1970 ([14] p.242). C’était le cas notamment de Janet et des psychiatres suisses Auguste Forel et Eugen Bleuler. Ce dernier, resté célibataire, vivait à l’intérieur de l’hôpital psychiatrique qu’il dirigeait et se dévouait totalement aux malades du matin au soir.

L’écoute freudienne se caractérise par son extrême durée, ce qui lui valut très tôt des critiques. Freud écrivait en 1900 : « Un confrère plus âgé, dont le jugement passe pour inattaquable, se gaussait et s’étonnait de ce qu’un de mes patients poursuive pour la cinquième année déjà son travail psychanalytique chez moi » ([16] p.438) (le confrère était Joseph Breuer, son ancien mentor). Trente ans plus tard, Jung ironisera sur ces analyses interminables en disant : « Ça s’arrête tout seul quand le malade n’a plus d’argent » ([17] p.31).

Autre caractéristique de l’écoute freudienne : elle se fait en état d’« attention flottante » (gleichschwebende Aufmerksamkeit), l’analyste laissant libre cours à ses propres associations. « De cette façon, écrivait Freud, on s’épargne un effort de l’attention que l’on ne pourrait pas maintenir quotidiennement des heures durant, et l’on évite un danger qui est indissociable de l’attention intentionnelle » ([18] p.377).

En fait, l’attention était bien « intentionnelle ». Freud choisit parmi les milliers de mots énoncés par l’analysé ce qui, en fonction de sa théorie, lui paraît significatif. Il transforme des éléments grâce à des significations symboliques et des jeux de mots. Il imagine des relations et en suggère de nouvelles. Dès le début de ses publications, des confrères ont estimé, avec raison, qu’il suggérait aux analysés ses conceptions. Ainsi le psychiatre suisse Dumeng Bezzola (1868-1936) écrivait en 1908 : « Freud construit [konstruiert] et suggère, moi je laisse la chose être vécue directement. Chez lui, c’est le médecin qui travaille sous le contrôle du patient, chez moi c’est le patient qui travaille sous le contrôle du médecin. Le danger de la fausse interprétation est chez moi exclu, car j’évite la moindre suggestion, excepté pour la relaxation [Beruhigung] » (cité dans [04] p.99).

Pour utiliser un concept-clé de la théorie de l’apprentissage, disons que Freud « conditionne » les analysés, il réagit à ce qu’ils disent seulement lorsqu’il croit entendre quelque chose de « symptomatique ». Au fil des ans, il a entendu de plus en plus « les mêmes vieilles choses » qui ont de plus en plus confirmé ses hypothèses de départ. Il a été victime de sa confiance dans sa propre pensée.

À vrai dire, aucun thérapeute ne peut, du fait de ses paroles et de ses silences, s’abstenir d’influencer les idées de son patient. L’essentiel est d’en prendre conscience pour éviter de se laisser grossièrement piéger. Le problème est grave lorsque les interventions du thérapeute sont dogmatiques et qu’elles poussent un patient crédule dans une direction inopportune.

Notons enfin que des analystes parlent aujourd’hui d’attention « bienveillante ». Ce qualificatif n’apparaît pas chez Freud (signalé dans [19] p.267) et pour cause : son attention était parfois loin d’être bienveillante, comme ce fut le cas dans le traitement de Dora. Le psychanalyste Peter Gay (1923-2015) écrit à ce propos dans sa biographie louangeuse de Freud : « On peut, en l’occurrence, accuser Freud d’insensibilité et, pis, de froide arrogance dogmatique : bien qu’il fît profession d’écouter, à ces moments-là il n’écoute pas, mais cherche seulement à intégrer les dires de son analysante dans son schéma préétabli. Ce droit, implicite pour une large part, à une sorte d’omniscience appelle un mot de critique. Il suggère la certitude, chez Freud, que toute interprétation psychanalytique est automatiquement correcte, que l’analysant l’accepte ou non. “Oui” signifie “oui”, et “non” de même » ([20] p.287).

Des processus mentaux inconscients

Pour en venir à présent à ce qu’il y a de « bon » dans ses théories, on peut citer : nous sommes loin d’être conscients de tous nos processus mentaux ; un discours rationnel peut résulter de problèmes affectifs ; un acte manqué peut trahir une intention réprimée ; un rêve peut mettre en scène un désir peu conscient ; le plaisir sexuel est une composante essentielle de l’existence, dès l’enfance ; les relations affectives et les traumatismes de l’enfance influencent des réactions à l’âge adulte ; les comportements des parents conditionnent fortement ceux des enfants ; nous sommes tous égocentriques (à des degrés différents) ; être écouté lorsqu’on souffre fait souvent du bien et peut s’avérer thérapeutique. En fait, toutes ces idées n’étaient pas du tout nouvelles. En outre, en les reprenant Freud les a souvent généralisées de façon excessive.

L’Inconscient

Laplanche et Pontalis écrivent dans leur célèbre Vocabulaire de la psychanalyse : « S’il fallait faire tenir en un mot la découverte freudienne, ce serait incontestablement en celui d’inconscient » ([19] p.197). C’est doublement faux.

L’affirmation de l’existence de processus inconscients se trouve déjà chez des philosophes et des mystiques de l’Antiquité. L’historien des sciences Lancelot Whyte a présenté une série d’auteurs qui ont écrit sur les processus inconscients bien avant Freud. Il concluait : « L’idée de processus mentaux inconscients était, pour nombre de ses aspects, une idée concevable autour de 1700, une idée d’actualité autour de 1800 et une idée devenue opérante autour de 1900, grâce aux efforts et à l’imagination d’un grand nombre d’individus dont les intérêts étaient divers » ([21] p.94).

Freud n’a pas découvert l’inconscient à la manière dont Pasteur a découvert des microbes. Il l’a imaginé, construit. Son inconscient, comme d’autres versions, est une spéculation destinée à expliquer d’une certaine façon des observations, mais il y a toujours d’autres façons d’expliquer les mêmes observations.

Freud a utilisé le mot « inconscient » comme un adjectif au début de ses publications. Il parlait de « désirs inconscients » et de « représentations inconscientes ». Malheureusement, il en est venu rapidement à une conception « substantialiste » de l’Inconscient et déclarait alors : « Nous sommes habitués à opérer avec l’Inconscient comme avec une chose de saisissable par les sens » ([22] p.288).

L’Inconscient typiquement freudien (que l’on peut écrire avec une majuscule) apparaît comme un locataire méconnu du propriétaire. C’est un agent mental qui raisonne, trie, interdit, fait des analogies, des jeux de mots et des calculs. C’est une espèce d’homunculus, un être qui a ses motivations et mène une vie autonome. Il y a, disait Freud, un « Autre » en nous ([23] p.288) et Lacan répétera : « Dans l’inconscient, ça parle : un sujet dans le sujet, transcendant au sujet » ([24] p.437). La psychanalyse alimente ce que Gilbert Ryle appelle « la légende des deux mondes » et « le dogme du fantôme dans la machine » [25]. Dès lors, l’inconscient freudien fonctionne à tous coups comme un deus ex machina.

Les lapsus freudiens

On parle couramment de « lapsus freudien » comme si Freud avait été le premier à parler des lapsus ou à les expliquer. En fait on a parlé de leur signification longtemps avant Freud. À titre d’exemple, le dicton latin, cité par Érasme : « Lingua lapsa verum dicit », la langue, en se trompant, dit la vérité. L’erreur de Freud ici, comme ailleurs, est la généralisation, l’affirmation d’une essence commune à tous les lapsus : pour lui, il y a toujours une intention perturbée par une autre et, pour découvrir l’intention perturbatrice inconsciente, le plus souvent de nature sexuelle, « il faut parcourir une longue voie par une série complexe d’associations » ([26] p.66).

S’il est vrai qu’il y a des lapsus qui trahissent une idée que l’on n’a pas voulu énoncer, l’explication ne requiert généralement pas « une longue voie d’associations » pour trouver une intention « refoulée ». Il est amusant de constater que Freud lui-même a donné un exemple qui montre que des lapsus peuvent résulter simplement d’un automatisme. Il raconte que lorsqu’il circule dans une ville étrangère, il croit lire régulièrement le mot « antiquité » sur des enseignes de magasin. Il ajoute que c’est dû au désir du collectionneur ([26] p.112). Il avait accumulé environ trois mille objets antiques. Pour des détails sur la conception freudienne des lapsus et des explications alternatives, voir [27]).

Les rêves

De même pour les rêves. Freud cite un auteur qui avait souligné, quarante ans avant lui, l’importance de la réalisation de désirs dans des rêves : Wilhelm Griesinger (1817-1868) ([28] p.95), un des psychiatres les plus réputés de l’Allemagne du XIXe siècle. Freud, lui, affirme que tous les rêves sont l’accomplissement (déguisé) d’un souhait refoulé, y compris les cauchemars. L’affirmation de cette « essence » universelle des rêves l’a obligé à des interprétations alambiquées pour expliquer des rêves angoissants, en particulier les cauchemars des personnes qui revivent en rêve des traumatismes. Ainsi, quand il rêve de la mort de sa « mère bien aimée », il affirme, grâce à des associations d’idées, des jeux de mots et des symboles, que le rêve signifie in fine la peur du « désir » d’inceste ([28] p.589).

Les mots d’esprit

On peut ainsi continuer en évoquant les mots d’esprit, dont l’essence serait de supprimer momentanément un refoulement ([29] p.92), et surtout l’explication de quasi tous les troubles mentaux par le refoulement de pulsions ou d’expériences sexuelles.

Les névroses

Dans son dernier livre, Freud martèle une fois de plus au sujet de l’étiologie des névroses : « Notre observation nous montre régulièrement, pour autant que nous puissions en juger, que les excitations auxquelles est dévolu le rôle pathogène proviennent des pulsions partielles de la vie sexuelle » ([30] p.112).

Gaston Bachelard a joliment illustré, dans son ouvrage La formation de l’esprit scientifique, que les généralisations abusives caractérisent la pensée préscientifique. Il écrit : « Le besoin de généraliser à l’extrême, par un seul concept parfois, pousse à des idées synthétiques qui ne sont pas près de perdre leur pouvoir de séduction. Néanmoins, de nos jours, une certaine prudence retient l’esprit scientifique. Il n’y a plus guère que les philosophes pour chercher, sinon la pierre philosophale, du moins l’idée philosophale qui expliquerait le monde. Pour l’esprit préscientifique, la séduction de l’unité d’explications par un seul caractère est toute-puissante » ([31] p.94). Bachelard parle des philosophes. Freud précisément est davantage un philosophe – un mauvais philosophe – qu’un homme de science. Lui-même écrivait à son ami Wilhelm Fliess : « Je ne suis absolument pas un homme de science, un observateur, un expérimentateur, un penseur. Je ne suis rien d’autre qu’un conquistador par tempérament, un aventurier » [32].

Les mêmes erreurs chez les disciples fidèles

Les disciples fidèles ont adopté, rigoureusement ou dans les grandes lignes, la même façon de penser que Freud : concevoir l’Inconscient comme une entité fourre-tout et utiliser quelques concepts qui permettent de tout y faire entrer ; une manière d’interpréter avec laquelle on retrouve toujours les mêmes thèmes, grâce à des symboles et des jeux de mots, l’explication par le contraire et le prélèvement d’éléments dans la multitude d’événements passés, réels, imaginés ou inférés parce que « refoulés ».

Les collègues et disciples de Freud, qui ont développé des idées pertinentes, sont généralement des psychothérapeutes qui se sont nettement distancés de sa façon de penser ou qui ont rompu avec le freudisme. Un exemple remarquable est Alfred Adler qui a accordé, à juste titre, une importance essentielle à l’estime de soi et à la volonté de puissance.

La pratique de l’analyse freudienne comme thérapie s’est avérée décevante, ce que Freud lui-même a clairement reconnu [33]. La mise au point de pratiques nettement plus efficaces est l’œuvre de thérapeutes qui ont rompu avec la psychanalyse dans laquelle ils avaient été formés. Parmi les plus célèbres, Joseph Wolpe (1915-1997), un des fondateurs des thérapies comportementales, qui a bien compris toute l’importance de l’action pour modifier des comportements. Citons aussi Albert Ellis (1913-2007) et Aaron Beck (1921-2021), les pionniers de la thérapie cognitive. Ils ont constaté qu’il ne suffit pas d’analyser et d’expliquer des rêves et des symptômes, mais qu’il faut aider les patients à reconnaître leurs façons de penser dysfonctionnelles et à les remplacer, activement et méthodiquement, par d’autres.

Certains freudiens restés fidèles ou relativement fidèles ont présenté des théories adoptées par la communauté des psychologues scientifiques mais, à y regarder de près, leurs conceptions doivent peu sinon rien au Maître de Vienne. Un exemple typique est John Bowlby (1907-1990). Pour lui, l’attachement est un besoin primaire, biologiquement déterminé, essentiel pour la survie de notre espèce comme pour celle d’autres animaux, tandis que dans la théorie freudienne l’attachement résulte de la satisfaction du besoin de nourriture. Plus précisément, écrivait Freud, la satisfaction du besoin de nourriture sert d’étayage (Anlehnung) pour le plaisir sexuel ([34] p.118). Notons bien que Freud ne parlait pas d’attachement, mais de pulsion sexuelle.

Les sources de la théorie de l’attachement de Bowlby n’ont rien de psychanalytique : c’est d’une part l’observation de réactions d’enfants séparés de leur mère pendant plusieurs mois (une affaire, non de fantasmes, mais d’événements réels parfaitement observables) et, d’autre part, la lecture de travaux d’éthologistes, en particulier ceux de Konrad Lorenz (1903-1989) sur l’attachement chez des nouveau-nés de certaines espèces d’oiseaux et de mammifères. Un exemple célèbre est l’attachement de choucas et d’oies sauvages à Lorenz. L’éthologue s’est arrangé pour que ces oiseaux, dès après l’éclosion, ne voient que lui. Il a été le seul à s’en occuper pendant une « période sensible » déterminée. Suite à cette « imprégnation » (Prägung), il est resté leur objet préféré durant toute leur vie.

Il est à noter que « Bowlby fut violemment critiqué par ses collègues et s’éloigna de la Société psychanalytique britannique pendant de nombreuses années » ([35] p.212). Ses collègues estimaient que sa conception relevait de la psychobiologie et du behaviorisme.

Un autre exemple est la « découverte » du « stade du miroir » par Lacan. En réalité, Lacan a repris des observations de Henri Wallon (1879-1962), un auteur qu’il omet de citer. Ce qu’il y a ajouté est du jargon philosophique repris à Hegel (1770-1831) et à Alexandre Kojève (1902-1968) [36]. En recopiant des informations, Lacan s’est trompé à plusieurs reprises. Il écrit que l’on sait depuis Baldwin que l’enfant peut se reconnaître dès l’âge de six mois dans un miroir. Le psychologue René Zazzo (1910-1995), qui a vérifié cette assertion, a constaté que Baldwin ne semble jamais avoir évoqué la question, mais que Darwin a noté que son fils s’est reconnu dans un miroir à l’âge de neuf mois. Zazzo ajoute que Lacan semble avoir transformé « spéculairement » le 9 en 6 ([37] p.174s). Lacan a avancé imprudemment que le chimpanzé ne se reconnaît pas dans un miroir. Des recherches, menées il est vrai vingt ans plus tard, ont montré que c’est faux. Si l’on applique à son insu une tache d’encre non odorante et non irritante sur la tête d’un chimpanzé, celui-ci s’étonne de la même façon qu’un enfant lorsqu’il se voit dans un miroir [38]. Il y a chez cet animal une forme de reconnaissance de soi.

La psychanalyse freudienne, à l’instar d’une religion, séduit grâce à son énorme facilité d’explication. Elle est un système dont les affirmations semblent toujours irréfutables mais, en définitive, elle tourne en rond. Quasi rien n’est mis à la poubelle au fil des recherches 4. Les soi-disant progrès sont des variantes du même modèle. La psychanalyse encombre, plus qu’elle ne stimule, la psychologie et la psychiatrie.

Nous laissons le mot de la fin au biologiste Peter Medawar (1915-1987), Prix Nobel de médecine : « Il y a du vrai dans la psychanalyse, comme il y en avait dans le mesmérisme et dans la phrénologie (par exemple le concept de la localisation de fonctions dans le cerveau). Toutefois, envisagée dans son ensemble, la psychanalyse est un fiasco (psychoanalysis won’t do). De plus, c’est un produit terminal (end-product), comme un dinosaure ou un zeppelin. Aucune théorie meilleure ne peut s’ériger sur ses ruines, qui resteront pour toujours un des événements les plus fâcheux et les plus étranges de l’histoire du XXe siècle » ([39] p.130).

Références


01| Freud S, « L’hérédité et l’étiologie des névroses », Gesammelte Werke, Fischer, vol. I, 407- 422.

02| Jung CG, Ma vie. Trad., Gallimard, 1966.

03| Freud S, “Zur Geschichte der psychoanalytischen Bewegung(1914), G.W., X 44-113.

04| Borch-Jacobsen, Shamdasani S, Le dossier Freud. Enquête sur l’histoire de la psychanalyse, Les Empêcheurs de penser en rond, 2006.

05| Lettre de Jones à Freud, 25-1-1926. In Correspondance complète, Trad., PUF, 1998.

06| Entretien au magazine Panorama (1974). Rééd. in : L’École de la Cause freudienne, 2014, 88(3).

07| Freud S, “Inhibition, symptôme et angoisse (1926). Trad., PUF, Œuvres complètes, XVII 203-286.

08| Lettre de Freud à Fliess le 21-9-1897. In S. Freud, Lettres à Wilhelm Fliess, 1887-1904, Trad., PUF, 2006.

09| Freud S, “Bruchstück einer Hysterie-Analyse” (1905) Gesammelte Werke, V 163-286.

10| Jones E, La vie et l’œuvre de Sigmund Freud. Vol. 2. Trad., PUF, 1961.

11| Kardiner A, Mon analyse avec Freud. Trad., Belfond, 1978.

12| Lacan J, Yale University, Kanzer Seminar, 24-11-1975, Scilicet, 6/7.

13| Borch-Jacobsen, Shamdasani S, Op.cit.

14| Ellenberger H, À la découverte de l’inconscient. Histoire de la psychiatrie dynamique. Éd. Simep, 1974, chap. 6.

15| Jones E, Free Associations : Memories of a psycho-analyst. Transaction Publishers, 1990.

16| Freud S, Die Traumdeutung (1900), Gesammelte Werke, II.

17| Jung CG, Die Beziehungen zwischen dem Ich und dem Unbewussten. 1933, Rascher. Trad., Dialectique du Moi et de l’lnconscient. Gallimard, Idées, 1964.

18| Freud S, “Ratschläge für den Arzt bei der psychonalytischen Behandlung” (1912), G.W., VIII 376-388.

19| Laplanche J, Pontalis JB, Vocabulaire de la psychanalyse. PUF, 1967.

20| Gay P, Freud. Une vie. Trad., Hachette, 1991.

21| Whyte L, The Unconscious before Freud, Basic Books, 1960. Trad., L’Inconscient avant Freud, Payot, 1971.

22| Freud S, Vorlesungen zur Einführung in die Psychoanalyse (1917) G.W., XI.

23| Freud S, “Das Unbewuste” (1915) G.W., X 264-303.

24| Lacan J, Écrits, Seuil, 1966.

25| Ryle G, The concept of Mind, Hutchinson, 1949. Trad., La notion d’esprit, Payot, 1978.

26| Freud S, Zur Psychopathologie des Alltagsleben (1904) G.W., IV.

27| Van Rillaer J, “Quelle est la validité de l’explication freudienne des lapsus ?”, Science et pseudo-sciences n°331, janvier 2020.

https://www.pseudo-sciences.org/Quelle-est-la-validite-de-l-explication-freudienne-des-lapsus

28| Freud S, Die Traumdeutung (1900), G.W., II.

29| Freud S, “Selbsdarstellung (1925), G.W., XIV 33-96.

30| Freud S, “Abriss der Psychoanalyse” (1940), G.W., XVII 63-138.

31| Bachelard G, La formation de l’esprit scientifique, Vrin, 1947, 8e éd., 1972.

32| Lettre à Fliess, le 1er février 1900. In Op.cit.

33| Van Rillaer J, “Les désillusions de Freud sur l’efficacité thérapeutique de sa méthode”, Science et pseudo-sciences n°309, juillet 2014.

https://www.pseudo-sciences.org/Les-desillusions-de-Freud-sur-l-efficacite-therapeutique-de-sa-methode-1

34| Freud S, “Trois essais sur la théorie sexuelle” (1905) Trad., Œuvres complètes, PUF, VI 59-181.

35| de Mijola A, (2005) International Dictionary of Psychoanalysis. Macmillan, 2005.

36| Lacan J, “Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je” (1949). Rééd. in Écrits, p. 93-100.

37| Zazzo R, “La genèse de la conscience de soi (la reconnaissance de soi dans l’image du miroir)”. In Psychologie de la connaissance de soi. Symposium de l’Association de psychologie scientifique de Langue française, PUF, 1975, p. 145-213.

38| Brooks-Gunn J, Lewis M. (1984) The development of early visual self-recognition. Developmental Review, 1984, 4:215-239.

39| Medawar P, The strange case of the spotted mice and other classic essays on science. Oxford University Press, 1996.

1 L’article, « L’hérédité et l’étiologie des névroses », publié en français, mentionne « psychoanalyse » avec « o » (Gesammelte Werke, I 416). Freud maintiendra cette orthographe en allemand, alors qu’elle ne se justifie pas plus qu’en français. On écrit en allemand Der Psychiater, comme en français psychiatre, et non Psychoiatre. Freud lui-même écrit Psychasthenie et non Psychoasthénie (p.ex. G.W. XII 201). Des collègues de Freud, qui utilisaient le mot « Psychanalyse » en allemand, se moquaient quelque peu de Freud qui semblait ignorer la règle de la formation de mots à partir du grec.

2 Ces médecins psychothérapeutes n’étaient pas des « disciples » qui deviendront des « dissidents ». Ils avaient publié des conceptions personnelles avant de rencontrer Freud et ils les ont conservées durant la période de collaboration avec lui.

3 Freud écrit que Dora avait 18 ans quand elle est venue chez lui et qu’elle en avait 14 au moment de cette réaction. Des historiens de la psychanalyse ont établi que tant le traitement chez Freud que cet épisode ont eu lieu un an plus tôt. Cf. P. Mahony (2001) Dora s’en va. Violence dans la psychanalyse. Trad., Les Empêcheurs de penser en rond, pp. 36, 42.

4 Une des rares notions de Freud abandonnée par des freudiens est la pulsion de mort. Wilhelm Reich a été le premier freudien à la contester, en 1932. Sur cette notion et les débats qui ont suivi, voir J. Van Rillaer (2021) Les désillusions de la psychanalyse, éd. Mardaga, p. 249 à 257.