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[Conférence en ligne - Mardi 14 mai 2024 à 20h00] La neutralité du chercheur

Publié en ligne le 14 mai 2024 - Sociologie -

La neutralité du chercheur

Il ne peut exister, par définition, de « science engagée » : le seul engagement légitime pour un chercheur au titre de sa fonction est sa dédication à l’avancement du savoir. Celui-ci est antinomique de l’« engagement » au sens courant du terme, à savoir l’implication dans des causes politiques ou sociales. Cela ne signifie pas que le chercheur ne puisse pas s’engager dans de telles causes en tant que citoyen, mais il le fait alors dans l’arène civique, avec les actions et les structures dédiées à cela (appels, pétitions, manifestations, partis, associations, syndicats...). L’arène scientifique de la production et de la transmission des connaissances doit rester guidée par un impératif d’objectivité qui exclut par définition les opinions personnelles.

La chose peut sembler évidente dans les sciences de la nature, encore que certains développements récents à l’Université tendent à subordonner le travail des chercheurs à des impératifs externes aux objectifs de leurs propres disciplines, telles la lutte contre le sexisme ou contre le racisme. Cela est parfois désigné sous le terme de « wokisme », terme que nous expliciterons dans son contexte historique.

C’est avant tout dans les sciences sociales que le problème se pose : des problématiques militantes pénètrent de plus en plus ces disciplines et la « neutralité axiologique », considérée par le sociologue Max Weber comme la condition fondamentale de qualité du travail sociologique, est explicitement rejetée. Ce rejet est théorisé par différents courants se réclamant notamment de l’œuvre de Pierre Bourdieu, au nom de l’impossibilité à la mettre en œuvre ou de son caractère moralement inacceptable.

Le webinaire présentera les termes du débat et soulignera l’importance fondamentale du principe de neutralité du chercheur et la nécessaire séparation des arènes : les faits et les connaissances d’un côté, les valeurs et l’action de l’autre. Au-delà de son importance sur le processus de production des connaissances, certaines implications sociales seront évoquées (critères d’évaluation de la compétence professionnelle, recrutement, promotions, subventions…).

Nathalie Heinich est directrice de recherche en sociologie au Centre national de la recherche scientifique (CNRS, Paris), associée au Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL) de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Elle s’est spécialisée dans la sociologie des arts (professions artistiques, perception esthétique, conflits autour de l’art contemporain), la socio-anthropologie des crises d’identité (dans la fiction, les témoignages d’auteurs ou de survivants, l’identité des femmes), la sociologie des valeurs et l’épistémologie des sciences sociales.

Elle dialoguera avec Jean Paul Krivine, rédacteur en chef de Science et pseudo-sciences.


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