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BIAIS COGNITIF EXPRESS

Gagner plus... que l’autre

Publié en ligne le 20 septembre 2024 - Esprit critique et zététique -
L’association « À seconde vue » vous propose d’expérimenter de manière interactive et ludique la démarche critique : douter, s’informer, décrypter. Une réflexion sur les mécanismes et les biais de raisonnement inhérents à la pensée humaine.

Nous vous suggérons de faire l’expérience ludique et interactive proposée en suivant le QR code ou le lien ci-dessous, avant de lire la suite.

www.asecondevue.fr/activites/expe12/accueil

Catégorisation et groupes sociaux

Notre cerveau établit des correspondances entre les objets, les idées, les informations ou les situations qui nous entourent, et regroupe ce qui lui semble aller ensemble. Ce processus de catégorisation est une condition indispensable pour structurer un environnement complexe afin d’être en mesure de raisonner puis d’agir de la manière la plus efficace et adaptée.

Cette tendance au regroupement est valable également pour les individus. En effet, nous sommes naturellement et facilement enclins à classer les individus en groupes. De plus, notre vie en société nous amène à déterminer quels sont nos « semblables ». C’est pourquoi nous identifions fortement les groupes dont nous faisons partie (endogroupes) et les distinguons des autres groupes (exogroupes). Les groupes d’appartenance varient selon les personnes, mais rassemblent généralement la famille, les proches, les collègues, le quartier, la commune, le pays, le club de sport, le parti politique, l’association, etc. En fonction des contextes, deux personnes peuvent se situer dans des groupes différents un jour (supporters d’équipes adverses dans un tournoi national de foot par exemple) et unis dans le même groupe un autre jour (supporters exaltés de l’équipe de France lors d’une Coupe du monde de foot).

Biais d’endogroupe

La seule appartenance à un groupe, sans aucun critère supplémentaire, suffit à provoquer une forme de discrimination en privilégiant le groupe d’appartenance (voir l’activité en ligne proposée). Et même si nous n’avons aucun intérêt personnel à le faire ou que nous devions y perdre un peu, nous aurons tendance à limiter les gains de l’autre groupe. Favoriser son endogroupe, refuser que l’exogroupe ait plus d’avantages que son groupe, c’est ce qui est appelé « le biais d’endogroupe ».

Nous agissons en fonction de notre groupe d’appartenance, à un moment donné, de manière souvent inconsciente, parce que l’action collective du groupe conforte notre appartenance et donc notre identité. En psychologie sociale, on parle de « théorie de l’identité sociale », concept développé notamment par Henri Tajfel dans les années 1970 (voir par exemple [1]). Le biais d’endogroupe peut aller jusqu’à des comportements de conformisme où l’individu ne raisonne plus de façon individuelle, mais ne fait que suivre la position et le comportement dominants du groupe, notamment par peur du rejet social. Le groupe n’est cependant pas doté d’une volonté où la décision d’influencer un de ses membres serait explicite. Et l’individu n’a lui-même pas toujours conscience d’être influencé.

Référence
1 |Tajfel H et al., “Social categorization and intergroup behaviour”, European Journal of Social Psychology, 1971, 1 :49-178.

Publié dans le n° 348 de la revue


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L'auteur

À seconde vue

L’association « À seconde vue » vous propose d’expérimenter de manière interactive et ludique la démarche critique : (…)

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