50 ans de zététique

Richard Monvoisin, titulaire d’une maîtrise en sciences physiques et docteur en didactique des sciences, interroge son directeur de thèse, Henri Broch, sur un demi-siècle de pensée critique à laquelle celui-ci a très largement contribué. H. Broch a donné une nouvelle vie au vieux mot « zététique », qui signifiait dans l’Antiquité la démarche permettant de comprendre la nature des choses, et qui désigne aujourd’hui l’art du doute, permettant ainsi l’investigation scientifique de phénomènes étranges.

H. Broch a été professeur de biophysique à l’université de Nice-Sophia-Antipolis, où il a créé une unité d’enseignement et un laboratoire de zététique.

R. Monvoisin enseigne l’esprit critique à l’université de Grenoble-Alpes. Il produit de nombreuses vidéos ¹ et a publié une demi-douzaine de livres, notamment Tout ce que vous n’avez jamais voulu savoir sur les thérapies manuelles, qui constitue un remarquable ouvrage d’épistémologie ².

H. Broch a commencé ses investigations zététiciennes par l’examen de pseudo-archéologies et de preuves avancées de la venue d’extraterrestres. Il s’est rendu célèbre par l’explication de la liquéfaction du sang de saint Janvier (1981), du suaire de Turin (1983) et la réfutation des arguments en faveur de la mémoire de l’eau.

Il a créé en 1987 le Prix-Défi zététique, qui n’a jamais été gagné, mais qui a vu défiler des candidats venus de loin (Grèce, Italie) qui croyaient dur comme fer en leur pouvoir. Il est co-fondateur des éditions Book-e-book (2002) où a été réédité un de ses principaux ouvrages : Au cœur de l’extraordinaire. Son livre Le Paranormal. Ses documents, ses hommes, ses méthodes (Seuil, 1985) a eu un large succès. Broch a ouvert une brèche dans la vie intellectuelle française : des milliers de gens adoptent à présent une démarche zététique.

L’ouvrage fait connaître Broch, ses motivations, ses nombreux combats, les critiques subies, les procès intentés sans succès par des médiums, des magnétiseurs et des parapsychologues. Il fournit un panorama des courants sceptiques modernes et rappelle les contributions des grands noms de la démystification du paranormal : Martin Gardner, James Alcock, James Randi et d’autres. De nombreuses questions épistémologiques sont abordées, toujours accompagnées de références très précises. L’ouvrage, qui comporte un index des noms, fournit une précieuse bibliographie et surtout une webographie fort bien présentée. L’humour de l’impétueux R. Monvoisin ajoute au plaisir de lire ce passionnant document.