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Des universités décident de mettre fin à leurs formations en homéopathie

Publié en ligne le 21 avril 2019 - Homéopathie -

La tribune de 124 professionnels de santé publiée en mars 2018 rappelant l’absence de fondements scientifiques de l’homéopathie et dénonçant le statut dérogatoire de cette pratique a suscité une très vive controverse [1]. L’Académie de médecine a rappelé sa position de 2004 selon laquelle l’homéopathie est une  « méthode imaginée il y a deux siècles à partir d’a priori conceptuels dénués de fondement scientifique ». Même le conseil de l’ordre des médecins s’est senti obligé de rappeler la nécessité d’ « exercer la médecine conformément aux données acquises de la science » [2]. Il s’était pourtant toujours montré très ouvert à cette pratique et avait autorisé les médecins, en 1974, à mentionner dans les annuaires destinés au grand public la mention « homéopathie » bien qu’elle ne corresponde pas au cadre réglementaire exigeant que toute qualification revendiquée s’appuie sur un diplôme national de troisième cycle des études médicales (aujourd’hui encore, seuls des titres locaux – DU pour « diplômes universitaires » –, non reconnus nationalement, délivrent une formation en homéopathie). Le 1er septembre 2018, c’est la faculté de médecine de Lille qui décide de suspendre les inscriptions à son DU d’homéopathie, son doyen précisant ne vouloir enseigner  « que des éléments scientifiques » (cité par Europe 1, 2 septembre 2018). Quelques jours plus tard, c’est l’université d’Angers qui annonce la suppression définitive de son diplôme d’homéopathie.

De son côté, le Syndicat national des médecins homéopathes annonce porter plainte contre chacun des 124 signataires de la tribune. Cependant, la plainte ne porte pas sur le fond, sur la validité scientifique de l’homéopathie, mais sur un comportement jugé  « non confraternel » et, à ce titre, non conforme au code de déontologie.

C’est dans ce contexte qu’Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, a décidé de saisir la Haute autorité de santé (HAS) sur les médicaments homéopathiques afin de juger de  « leur efficacité et leurs effets indésirables, leur place dans la stratégie thérapeutique » et  « l’intérêt pour la santé publique de ces produits » [3]. Il serait surprenant que la HAS trouve une quelconque efficacité à des produits largement évalués, sans succès, depuis des décennies et progressivement rejetés par l’ensemble des agences de santé au niveau international. Mais qu’en sera-t-il de l’ « intérêt pour la santé publique » ? La HAS a récemment montré, à propos de la maladie de Lyme, que des considérations politiques pouvaient venir influencer ses évaluations. Signalons cependant que, lors de récents avis sur le renouvellement de l’inscription de médicaments homéopathiques, sa commission de transparence avait déclaré qu’ « en l’absence d’indication précise, [elle] ne pouvait pas se prononcer sur le service médical rendu » (SMR qui sert ensuite à déterminer le taux de remboursement). Elle s’interrogeait alors  « sur la pertinence du maintien du taux de remboursement à 30 % des médicaments homéopathiques [...] compte tenu du taux de remboursement à 30 % voire 15 % de médicaments ayant fait la preuve de leur efficacité » [4].

Publié dans le n° 326 de la revue


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