La sécrétion de fibre de soie d’araignée par des vers à soie
Publié en ligne le 15 septembre 2012 - OGM et biotechnologies -L’homme a depuis longtemps observé que les fils de soie d’araignée possédaient une souplesse et une résistance mécanique exceptionnelles. On admet qu’une tresse de fils d’araignée ayant le diamètre d’un pouce permettrait de supporter une dizaine de bus. Cette particularité répond au besoin qu’a l’araignée de capturer des insectes dans ses toiles. Les essais de domestication des araignées se sont tous traduits par des échecs et nous ne disposons donc pas de matériaux à base de soie d’araignée.
Les vers à soie sécrètent eux aussi une soie pour la construction de leurs cocons. Cette soie est moins résistante que celle de l’araignée mais elle l’est suffisamment pour être utilisée depuis 5000 ans comme fibre textile. Le ver à soie est, lui, domestiqué jusqu’à avoir perdu sa capacité à vivre sans l’assistance de l’homme.
La sécrétion dans le lait de chèvres transgéniques des protéines qui composent la soie d’araignée a pu être obtenue. La suite s’est avérée trop difficile pour que le projet soit considéré comme un succès. Il faut en effet que les protéines en question s’assemblent de manière précise pour former des fibres. Les vers à soie et les araignées ont un organe qui réalise très efficacement cet assemblage que l’on n’arrive pas à faire à partir des protéines provenant du lait des chèvres.
L’idée de faire sécréter des protéines de soie d’araignée par des vers à soie transgéniques date d’une quinzaine d’années. Une équipe de l’INRA à Lyon a alors obtenu les premiers vers à soie transgéniques en collaboration avec une équipe japonaise. Ce projet, qui a été abandonné en France, a été repris par d’autres laboratoires qui viennent de publier des résultats encourageants [1]. Des vers à soie transgéniques ayant reçu un des gènes de la soie d’araignée sécrètent une soie hybride dont la résistance mécanique est augmentée.
Ceci laisse supposer que de la soie d’araignée pure pourrait être ainsi obtenue. Il faudrait au moins pour cela inactiver les gènes correspondants du ver à soie. Les outils pour atteindre ce but sont disponibles.
[1] Teulé F et al, (2012) Silkworms transformed with chimeric silkworm/spider silk genes spin composite silk fibers with improved mechanical properties. Proc Natl Acad Sci USA
http://www.pnas.org/cgi/doi/10.1073...
Publié dans le n° 300 de la revue
Partager cet article
L' auteur
Louis-Marie Houdebine
Louis-Marie Houdebine (1942-2022) était directeur de recherche honoraire à l’INRA. Il a été membre de la Commission (…)
Plus d'informations