Le chercheur et la souris
Publié en ligne le 4 novembre 2014CNRS Éditions, 2013, 207 pages, 22 €
Il faut absolument améliorer la manière dont nous traitons les animaux qui partagent avec nous cette planète. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons nous targuer d’être une espèce qui a bien réussi l’utilisation de son puissant cerveau.

Cet ouvrage, écrit à quatre mains, retrace la carrière du biologiste Georges Chapouthier, directeur de recherche émérite au CNRS, spécialiste des mécanismes moléculaires de la mémoire et de l’anxiété : des années de collège jusqu’à la faculté des Sciences de Strasbourg pour la préparation d’un DEA et d’un doctorat de 3e cycle sous la direction de Rémy Chauvin, alors professeur de psycho-physiologie, puis dans les divers laboratoires où G. Chapouthier a continué ses recherches. Ce parcours est jalonné de rencontres avec nombre de collègues qui le marqueront et orienteront ses travaux, mais c’est aussi le cadre d’une prise de conscience et du cheminement d’une pensée sur l’animal. Au-delà d’un « animal-objet » de laboratoire, d’abord perçu dans le cadre cartésien de l’animal-machine, c’est vers une conception de l’animal-sensible que va évoluer cette réflexion philosophique qui s’inscrit dans un cursus parallèle – mais pas indépendant du travail de laboratoire – qui conduit à la soutenance d’une thèse de doctorat en philosophie puis à un engagement en faveur de la cause animale, au sein de la Ligue française des droits de l’animal (LFDA) devenue, depuis, la Fondation Droit animal, Éthique et Science.
À travers une analyse des principaux ouvrages de Georges Chapouthier et de plusieurs de ses publications, la philosophe Françoise Tristani-Potteaux éclaire ce parcours du chercheur d’abord tiraillé entre le statut d’être sensible de l’animal de laboratoire (que ce soit le singe, le chat ou la souris) et l’utile et nécessaire expérimentation sur l’animal. Le livre, ponctué de courts témoignages du biologiste-philosophe, présente les principaux résultats de ses travaux dans les domaines de la mémoire, de l’anxiété et l’épilepsie, ainsi que le modèle de la mosaïque 1 élaboré pour décrire l’émergence de la complexité du vivant par juxtapositions et intégration, et qui peut être étendu à des domaines autres que la biologie. Enfin, dans un entretien donné en guise de conclusion, G. Chapouthier revient sur ses deux carrières, sur ses choix et réaffirme son engagement pour faire comprendre la proximité, la continuité, entre l’animal et l’humain.
Outre l’intérêt de ce portrait professionnel et intellectuel, le livre offre un très bon support de réflexion, pour le lecteur, sur son propre regard sur l’animal et sa place dans notre société.
1 Voir notre note de lecture sur Georges Chapouthier, L’homme, ce singe en mosaïque, Odile Jacob, 2001.
Publié dans le n° 310 de la revue
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