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Le nucléaire : un choix raisonnable ?

Publié en ligne le 12 février 2012
Le nucléaire : un choix raisonnable ?

Hervé Nifenecker
Éditions EDP Sciences, 2011, 213 pages, 19 €

Le livre d’Hervé Nifenecker, président de l’association « Sauvons le Climat », récapitule les raisons pour lesquelles l’énergie nucléaire est utile, voire indispensable, pour l’avenir de nos sociétés et la préservation du climat. Il s’adresse à un public scientifique (certains développements en sont assez pointus) et passe en revue tous les aspects de la question (techniques, économiques, biologiques, etc.). Publié en mai 2011, le livre intègre quelques développements suite à l’accident de Fukushima dû au tsunami qui a ravagé les côtes japonaises.

Le livre est découpé en 20 chapitres, chacun abordant un aspect du problème. Une introduction précise le parcours personnel de l’auteur. Des annexes rappellent les notions de base.

Un chapitre, essentiellement descriptif, expose l’état actuel et les perspectives de la filière, et la part importante, mais pas prépondérante, de la France. Hervé Nifenecker aborde également les stratégies de stockages des divers types de déchets, pose le problème de l’indépendance énergétique, et s’interroge sur l’acceptation par la population et ses incidences politiques.

La transparence de l’industrie du nucléaire civil fait l’objet d’un autre chapitre. Le reproche d’opacité adressé au nucléaire serait dû à son utilisation militaire. L’opposition de beaucoup de scientifiques au programme militaire semble être l’une des origines de la contestation du programme civil. Hervé Nifenecker montre qu’aujourd’hui, la transparence sur les activités des opérateurs du nucléaire (centrales, déchets, etc.), est d’un niveau satisfaisant.

Le danger des radiations est ensuite exposé, et l’auteur critique l’approche RLSS (relation linéaire sans seuil, l’hypothèse selon laquelle il y aurait proportionnalité, même pour de faibles doses, entre dose et effet). Cette approche, souvent recommandée par raison de sécurité, conduit à des absurdités (par exemple, à propos de l’évaluation du nombre de victimes de la catastrophe de Tchernobyl) et contredit tous les résultats biologiques et épidémiologiques reconnus.

Hervé Nifenecker aborde ainsi, au fil des chapitres, et de façon détaillée, l’incidence de la catastrophe de Tchernobyl sur le développement du nucléaire (paradoxalement, plus forte dans les pays éloignés que dans les pays proches, inquiets de dépendre du fournisseur russe d’énergie), la plausibilité et les conséquences d’un attentat contre une centrale, de l’écrasement volontaire d’avion sur un réacteur. Un chapitre compare les situations à Tchernobyl, à Fukushima, et les caractéristiques du parc français (si l’équivalent de Tchernobyl semble inconcevable en France, l’équivalent de Fukushima est possible et Hervé Nifenecker expose certains renforcements de la sûreté envisageables chez nous). Un tableau rend compte d’une étude comparée des différentes sources d’énergie, quant à leur dangerosité relative. Le nucléaire apparaît comme bien moins problématique que le charbon ou le gaz.

Plusieurs chapitres sont consacrés aux questions énergétiques : la contribution du nucléaire pour résoudre les problèmes de sources d’énergies, les réserves de combustibles, suffisantes si on met en œuvre des techniques de 4e génération, avec les réacteurs surgénérateurs, la compétitivité économique du nucléaire (avec une discussion sur les questions du démantèlement, des coûts externes induits, de la filière EPR, de la souplesse de production du nucléaire pour s’adapter à la courbe de consommation). Enfin, les questions des déchets, de la prolifération, bien entendu du réchauffement climatique, font l’objet de chapitres précis et détaillés.

Dans sa conclusion, Hervé Nifenecker reconnaît que le nucléaire ne résoudra pas tous les problèmes d’énergie, mais montre que la balance entre avantages et dangers est largement positive. Il reste à faire de gros efforts d’éducation et de diffusion des connaissances pour calmer les craintes irraisonnées, dont le nucléaire n’a du reste pas le monopole (l’auteur évoque les OGM, les nanotechnologies, les ondes électromagnétiques...). Sur un certain nombre d’aspects (intérêt du MOx, retraitement immédiat des combustibles usés, concentration des déchets de haute activité et de vie longue sans effort de traitement plus poussé), les positions exprimées par l’auteur divergent des choix faits par les autorités françaises du domaine nucléaire.

Ce travail d’Hervé Nifenecker, malgré quelques imperfections, constitue une base solide dans cette perspective de diffusion de connaissances scientifiquement fondées sur la filière nucléaire.


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