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BIAIS COGNITIF EXPRESS

Un trou de mémoire

Publié en ligne le 8 septembre 2022 - Cerveau et cognition -
Nous vous suggérons de faire l’expérience ludique et interactive proposée en suivant ce lien , avant de lire la suite.

Bonne ou mauvaise mémoire ?

On entend souvent les gens se plaindre d’avoir une mauvaise mémoire. Mauvaise mémoire des noms et prénoms, mauvaise mémoire des visages, incapacité à se rappeler un numéro de téléphone ou une blague qu’on leur a racontée, oubli de l’endroit où ils ont laissé leurs clés, etc.

Pourtant, nous avons tous des souvenirs qui datent de plusieurs années, des connaissances bien ancrées sur beaucoup de sujets. Par ailleurs, nous savons tous comment marcher en nous levant le matin ou comment conduire notre voiture sans avoir à nous le remémorer.

La mémoire est un processus complexe de construction de traces mnésiques puis de récupération et reconstruction de ces traces. On différencie une mémoire à court terme, qui sert de « mémoire de travail », et une mémoire à long terme qui stocke les informations. La mémoire à court terme est très limitée en taille et en durée, alors que la mémoire à long terme peut enregistrer un grand nombre de connaissances et de souvenirs. C’est en piochant dans la mémoire à long terme que l’on raisonne au quotidien. Notre cerveau fait appel aux informations mémorisées pour donner du sens à ce qu’il perçoit, porter un jugement et prendre des décisions.

La qualité de la mémoire est avant tout liée à l’efficience de la construction, de la récupération et de la reconstruction des traces mnésiques.

Disponibilité et exactitude

L’accès à nos connaissances se réalise généralement de manière automatique et très rapide.

Face à une situation, ce qui émerge en premier de notre mémoire à long terme va ainsi être utilisé pour interpréter la situation. Or, ce qui s’active alors n’est pas forcément le plus pertinent et le plus exact, mais le plus disponible à ce moment-là. Cette disponibilité dépend notamment de la fréquence et de la récence d’exposition à une information et de la consolidation de la connaissance induite par cette information. On parle alors de biais de disponibilité en mémoire : la disponibilité en mémoire ne garantit pas l’exactitude.

Notre mémoire peut contenir des connaissances erronées mais facilement invocables, qui vont alors biaiser notre raisonnement. De la même manière que notre mémoire peut fabriquer de faux souvenirs (voir Science et pseudo-sciences n° 312), elle peut construire des connaissances peu fiables, fausses, déformées, partielles, multiples. Des connaissances naïves peuvent ainsi coexister avec des connaissances élaborées.

Comme tout raisonnement s’appuie sur le contenu de la mémoire, il peut alors s’avérer erroné si nous n’avons pas les connaissances requises, si ces connaissances sont fausses ou encore si les connaissances évoquées sont celles qui sont les plus disponibles au détriment de leur exactitude.

Dans l’activité proposée, le temps limité pour chaque question contraint à répondre rapidement en accédant aux connaissances de la mémoire les plus accessibles. Fausses connaissances et biais de disponibilité en mémoire peuvent alors rendre nos réponses peu fiables !

Publié dans le n° 340 de la revue


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À seconde vue

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