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Une vérité qui dérange : documentaire sur le changement climatique

Publié en ligne le 9 novembre 2024 - Science et médias -
À travers l’examen de quelques documentaires, différents auteurs portent ici un regard visant à illustrer certaines des analyses du dossier.

Une vérité qui dérange (An Inconvenient Truth) est un film sorti en 2006. Il met en scène Al Gore, ancien vice-président des États-Unis d’Amérique, pour présenter les causes et les conséquences du changement climatique. Ce film a eu une audience considérable et a probablement contribué à ce qu’Al Gore reçoive, conjointement avec le Giec, le prix Nobel de la Paix en 2007. Ce film a fait l’objet de controverses à tel point que sa diffusion dans les écoles britanniques a été contestée et fait l’objet d’un débat judiciaire [1]. La communauté des climato-dénialistes qui nie la contribution humaine au réchauffement climatique actuel a attaqué le côté partisan du film, et affirmé qu’il ne visait qu’à promouvoir une nouvelle candidature de Al Gore à la présidence (après sa courte défaite face à GW Bush en 2000). Le film a par ailleurs été critiqué pour ses exagérations et des erreurs.

Pour autant, Une vérité qui dérange était-il un documentaire mensonger visant à tromper le public comme l’a affirmé l’avocat du plaignant dans le procès évoqué plus haut, la majorité des arguments avancés sont faux, ou faussement exagérés [2] ?

Les réactions de la communauté scientifique ont été très majoritairement positives. Les quelques critiques ont porté d’une part sur la vitesse de montée du niveau des mers (Al Gore parle de plusieurs mètres mais ne précise pas clairement l’échéance temporelle à laquelle cela pourrait arriver) et la fréquence des cyclones qui est présentée comme en lien avec le réchauffement climatique alors que cela ne fait pas consensus.

Dans le cadre du débat judiciaire évoqué, neuf « erreurs » ont été discutées. Celles-ci portent sur le lien entre le changement climatique et ses impacts allégués (ours polaires, coraux, ouragan Katrina, Lac Tchad, glaciers du Kilimandjaro, Gulf Stream) et sur la vitesse d’élévation du niveau des mers et son impact sur l’habitabilité des petites îles du Pacifique. Le juge a estimé (octobre 2007) que le film n’apportait pas assez de nuances sur ces aspects. Sa diffusion dans les écoles a pu se poursuivre, comme souhaité par le ministère de l’éducation, mais accompagné d’un document qui apporte un complément d’information sur ces aspects.

Les inexactitudes qui ont été mises en avant ne remettent pas en cause le message général du film. Il y a clairement un parti pris pour obtenir l’adhésion du public, mais il n’y a pas de volonté de tromper. La communauté scientifique a surtout insisté sur les qualités pédagogiques du film à une époque où la réalité du changement climatique et de ses causes anthropiques étaient fortement contestées.

Donc non, Une vérité qui dérange, malgré quelques raccourcis et approximations, ne peut pas être qualifié de documentaire mensonger.

Publié dans le n° 349 de la revue


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L'auteur

François-Marie Bréon

François-Marie Bréon est chercheur physicien-climatologue au Laboratoire des sciences du climat et de (…)

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