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Vaincre sa peur de l’échec

Publié en ligne le 3 avril 2022
Vaincre sa peur de l’échec
Marion Mari-Bouzid
Mardaga, 2022, 316 pages, 19,99 €

Il arrive à chacun d’échouer dans une tâche alors qu’il s’y était assidûment préparé. Chez certaines personnes, les échecs s’enchaînent de sorte qu’ils minent l’estime de soi et finissent par les paralyser. Les psychologues parlent alors de « trouble de la performance » et de « schéma d’échec persistant ». L’ouvrage s’adresse surtout à ces personnes, mais chacun peut y trouver comment surmonter des déconvenues et améliorer ses performances.

L’auteure est une psychologue qui s’est formée aux thérapies cognitivo-comportementales (TCC). Elle s’est spécialisée dans la préparation mentale, surtout de sportifs, mais aussi d’étudiants, d’artistes et de divers professionnels. Elle avait manifesté son talent d’écrivaine dans un livre qui prolongeait son travail de fin d’études de psychologie, Les Enfants de la psychanalyse. Nous avons fait un compte rendu élogieux de cette publication originale et instructive 1.

Le présent ouvrage détaille des stratégies fondées empiriquement pour vaincre la peur de l’échec. Certaines de ces stratégies sont connues depuis longtemps par des sportifs de haut niveau et des militaires des forces spéciales. Des résultats de la psychologie scientifique et la pratique des TCC ont permis leur mise à l’épreuve méthodique et leur amélioration.

L’ouvrage commence par la question du diagnostic du trouble de la performance et des troubles anxieux associés. Il expose ce qu’est le stress et la façon de le gérer en vue de trouver « la zone optimale d’activation émotionnelle ».

L’apprentissage méthodique de la relaxation s’avère ici très utile. Toutefois, il importe encore d’apprendre à mieux gérer le train des pensées débilitantes. Plus précisément, il s’agit de s’exercer à observer, à certains moments, ces pensées automatiques, puis de prendre distance à leur égard et de modifier le dialogue intérieur.

L’auteure examine en détail des schémas de pensée typiques de personnes qui perdent facilement leurs moyens. Elle montre comment formuler des objectifs et les adapter à la réalité. Un chapitre est consacré à la façon d’accepter les échecs et d’en tirer les leçons.

L’ouvrage constitue un manuel d’auto-traitement remarquablement didactique. Il présente de nombreuses vignettes cliniques, dont un bon nombre sont des témoignages de champions sportifs. Il propose des exercices pratiques et des auto-questionnaires permettant de préciser notamment ses schémas de pensée, ses stratégies d’ajustement, ses motivations. Le renvoi à la littérature scientifique est soigneux et précis.

L’ouvrage se destine à un large public tout en se présentant comme une monographie scientifique. L’efficacité des livres d’auto-formation et d’auto-traitement dépend de plusieurs facteurs, à commencer par la qualité de l’ouvrage et le degré de difficulté des changements. Les recherches empiriques montrent que leur effet est le plus important lorsqu’ils sont accompagnés de l’attention d’un spécialiste 2. Marion Mari-Bouzid n’est pas naïve. Elle avertit : « Certaines des techniques et des exercices proposés demandent un entraînement spécifique avant de pouvoir être utilisés avec succès. On n’a jamais appris à faire du vélo en lisant un livre sur les lois de l’équilibre. »

1 Paris, Mon Petit Éditeur, 2012, 308 p. Note de lecture : https://www.pseudo-sciences.org/Les-enfants-de-la-psychanalyse-1976

2 Pour des détails sur cette question, cf. Van Rillaer J, « Utilité et illusions des livres d’auto-thérapie », Science et pseudo-sciences n° 299, janvier 2012. https://www.afis.org/Utilite-et-illusions-des-livres-d-autotherapie