Vers la catastrophe ? Connaître et comprendre pour agir efficacement
Publié en ligne le 9 juillet 2025 - Information scientifique -
Nous publions dans ce numéro de Science et pseudo-sciences deux articles qui traitent, chacun à leur manière, de la perception de l’évolution de nos sociétés. Le message commun à ces deux textes est que, en se fondant sur de nombreux indicateurs, des progrès tangibles ont été obtenus au cours des dernières décennies.

Dans le premier article, Arnaud Chiolero s’intéresse à la santé des populations « parfois ressentie comme mauvaise, en particulier dans les pays les plus riches ». Il constate toutefois qu’elle est bien meilleure qu’auparavant, comme l’attestent de nombreux indicateurs de santé publique. Le propos n’est pas de dire que nous sommes dans le meilleur des mondes, mais de comprendre les racines d’un « catastrophisme sanitaire », qu’il juge infondé, afin de tirer les leçons du passé et faire en sorte que la santé puisse être bien meilleure.
Dans le second article, Max Roser, fondateur de la plateforme « Our world in data », estime que connaître les évolutions, non seulement dans le domaine de la santé publique mais aussi en termes d’éducation, d’égalité des droits ou encore de démocratie, est une condition nécessaire pour « progresser sur les plus grands problèmes du monde ». C’est la motivation centrale de son projet visant à rendre facilement accessibles les données décrivant l’état du monde et son évolution au cours du temps.
Est-ce à dire que la situation dans laquelle nous vivons aujourd’hui est satisfaisante ? Que d’autres choix, politiques ou économiques, n’auraient pas permis d’atteindre une situation bien meilleure ? Chacun pourra avoir son analyse en la matière. Les données restituées ne permettent pas de répondre à ces questions. Et ce n’est pas non plus leur objectif.
Est-ce que les progrès mis en évidence sont appelés à se maintenir, à se prolonger ? Bien évidemment, le passé ne présage en rien du futur. Le changement climatique ou le déclin rapide de la biodiversité sont, par exemple, des éléments majeurs de nature à compromettre de nombreuses dimensions du développement humain. D’autres paramètres pourraient également intervenir qui inverseraient totalement les tendances.
Enfin, les évolutions décrites ne sont ni uniformes, ni linéaires et le choix des indicateurs peut donner matière à discussion. Il peut y avoir de grandes disparités entre les pays et les régions du monde, et également une alternance de phases de progrès et de déclin. Élargir la focale sur le plus grand nombre d’années possible permet de consolider le diagnostic. La rétrécir sur les dernières années peut permettre d’identifier des signes précurseurs d’inversement de tendance… qui pourront se confirmer ou être invalidés.
Publié dans le n° 353 de la revue
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L'auteur
Jean-Paul Krivine

Rédacteur en chef de la revue Science et pseudo-sciences (depuis 2001). Président de l’Afis en 2019 et 2020. (…)
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