Le baromètre de l’esprit critique, édition 2025

Chaque année depuis 2022, Universcience, l’établissement public qui regroupe le Palais de la découverte et la Cité des sciences et de l’industrie, fait réaliser par l’institut OpinionWay une étude portant sur « le degré de développement et de représentation de l’esprit critique dans l’opinion publique » [1]. Ce « baromètre de l’esprit critique » se compose d’un corps de questions stable au fil des années, relatives à la science et à l’esprit critique, et d’une thématique particulière, différente pour chaque enquête. Ainsi, après avoir sondé nos concitoyens sur la vaccination (2022), le réchauffement climatique (2023), leur rapport aux applications de l’intelligence artificielle (2024), l’édition 2025 s’intéresse à leurs pratiques alimentaires. Un comité scientifique composé de spécialistes des sujets abordés appuie le travail réalisé.

Les sciences et l’esprit critique

De cette édition 2025 ¹, il ressort que l’intérêt pour les sciences reste largement partagé au sein de la population française (62 % se déclarent « intéressés » ou « plutôt intéressés »), derrière les sujets d’actualité ou de société. Toutefois, ce centre d’intérêt est en baisse (de 7 points en un an). Pour s’informer sur des sujets scientifiques, « les Français privilégient toujours les reportages et documentaires ainsi que les journaux d’actualité, devant les magazines spécialisés ou les sites d’organismes et institutions de recherche ». Cependant, les 18-24 ans s’informent en priorité sur Internet (sites scientifiques et comptes spécialisés sur les réseaux sociaux).

D’une façon générale, l’apport de la science à la société est reconnu par une large majorité de Français : elle permet par exemple « de développer des nouvelles technologies utiles à tous » (82 %), « d’améliorer nos conditions de vie » (79 %), et cette tendance est plus marquée chez les 18-24 ans. Pour 60 % des Français, « le développement de la connaissance scientifique rend l’homme meilleur ». Toutefois, pour 65 % des personnes interrogées, « les scientifiques, par leurs connaissances, ont un pouvoir qui peut les rendre dangereux ».

En ce qui concerne le statut de certaines disciplines ou pratiques, la psychanalyse est classée comme science par 40 % des Français et l’ostéopathie par 39 % d’entre eux, juste devant la sociologie (34 %) et l’homéopathie (31 %). L’écologie, quant à elle, n’est perçue comme une science que par 28 % des personnes, juste devant la naturopathie (26 %).

Enfin, à propos de la définition de ce qu’est l’esprit critique, ils sont 89 % à mettre en avant des « attitudes liées à la réflexion », 77 % des « attitudes liées à l’information » et 59 % des « attitudes liées au dialogue et à l’argumentation ». Autre matière à réflexion, 77 % des Français sont « d’accord » ou « plutôt d’accord » avec l’affirmation selon laquelle ils ont un esprit critique, que « cela participe à caractériser [leur] personnalité ». Mais ils ne sont cependant que 16 % à inclure la capacité à « se méfier de ses intuitions » dans ce qui constitue l’esprit critique.

De très nombreuses autres dimensions de la science et de l’esprit critique sont abordées dans le rapport que l’on consultera avec intérêt.

L’alimentation

Là aussi, l’enquête est riche. Elle s’intéresse aux habitudes alimentaires, aux pratiques d’achat, aux idées reçues, à la manière de s’informer… Mentionnons quelques éléments notables.

Les critères de choix d’un produit sont d’abord le prix (61 %), le goût (51 %), la saison (48 %) et l’origine ou la provenance des produits (41 %). Le mode de production (agriculture biologique, artisanal. . . ) ou encore l’impact environnemental arrivent plus loin derrière (25 % et 15 % respectivement).

Parmi les « conceptions erronées sur l’alimentation », l’étude révèle que 58 % des Français se déclarent « d’accord » avec l’idée qu’« après un excès alimentaire, une cure détox est efficace pour nettoyer l’organisme », 41 % avec celle que « les produits bio sont forcément bons pour la santé », et 37 % estiment que « les compléments alimentaires permettent de corriger une mauvaise alimentation ».

Conclusion

Les résultats d’un sondage d’opinion doivent toujours être examinés avec précaution, particulièrement quand ils portent sur des concepts généraux. Quelle représentation les personnes interrogées ont-elles de ce que sont « la science », « les scientifiques » ? La formulation des questions peut être vague ou ambiguë, induisant des logiques de réponse différentes selon les individus. Par exemple, quand on demande si l’écologie est une science, fait-on référence à l’écologie politique ou à la discipline scientifique qui étudie les interactions entre les êtres vivants et le milieu qui les entoure ?

C’est pourquoi l’éclairage de spécialistes et le croisement avec d’autres enquêtes s’avèrent précieux. On visionnera ainsi avec intérêt la séance de restitution de l’étude, et en particulier les tables rondes qui ont suivi la présentation des résultats (en ligne sur le site d’Universcience).

Reste que ce sondage peut rendre optimiste quant à la place que la science devrait occuper dans la société, à la fois comme élément de la culture générale et comme moyen d’éclairer les choix de société.

Référence
1 | « Baromètre de l’esprit critique. Édition 2025 », sur le site universcience. fr