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En finir avec les idées reçues sur la vulgarisation scientifique

Publié en ligne le 21 mars 2019
En finir avec les idées reçues sur la vulgarisation scientifique

Nicolas Beck
Éditions Quæ, 2017, 167 pages, 19,90 €

Nombre de chercheurs et enseignants-chercheurs oublient ou négligent le fait que la diffusion vers le grand public de la culture et de l’information scientifique et technique fait explicitement partie de leurs missions 1. L’auteur de cet ouvrage, responsable des actions de culture scientifique à l’université de Lorraine, énumère à ce propos bon nombre d’idées répandues dans les milieux de la recherche. Manque de temps, incapacité à exprimer les travaux en termes suffisamment simples pour être compréhensibles par des non-spécialistes, ignorance supposée du public font partie des raisons souvent invoquées.

Ce petit livre est structuré en quinze chapitres regroupés en cinq parties, définissant autant d’idées reçues ( « Vulgariser ? Je n’ai pas de temps à perdre avec ça ! », « Je suis incapable d’expliquer ce que je fais, c’est bien trop compliqué ! », « La culture scientifique c’est du toc, c’est de la comm’ », « Le grand public est nul en sciences, on part de loin », etc.). Dans un langage simple et sans jamais prendre la posture d’un donneur de leçons, N. Beck démonte un à un ces arguments – qui révèlent souvent selon lui une peur de ne pas savoir faire – et recense les bénéfices que le scientifique peut tirer d’actions de vulgarisation : occasion d’une prise de recul, amélioration de sa capacité à communiquer, investissement pour la suite de ses recherches. Il est vrai, à la décharge des chercheurs, que ni les modalités de leur évaluation ni les textes des appels à projets n’accordent, sauf exception, une place significative à ce type de valorisation.

Au-delà de ces réflexions sur les idées reçues et de témoignages d’acteurs de la médiation scientifique, cet ouvrage se veut aussi guide pratique de la vulgarisation : on y trouve des renseignements sur différents types d’actions de culture scientifique, sur les vecteurs médiatiques actuels, les formations à la médiation scientifique, ainsi que des exercices pratiques à faire soi-même et des fiches techniques donnant des conseils à qui voudrait se lancer dans des actions de médiation. Le tout est agrémenté de dessins humoristiques de bonne facture. On pourra regretter que la partie 5, relative à la définition de la « culture scientifique », à sa nature et ses enjeux, n’ait été placée plus tôt dans l’ouvrage ; cela aurait notamment permis de fixer d’entrée le vocabulaire, les notions de vulgarisation, culture scientifique, communication scientifique et médiation scientifique méritant toujours d’être clarifiées.

En conclusion, il s’agit là d’un livre pédagogique, avant tout destiné aux scientifiques, qui devrait intéresser ceux qui souhaitent contribuer à éclairer le débat public, et faire réfléchir ceux qui y sont rétifs. Il en va de la responsabilité des acteurs de la recherche : à eux d’assumer leur mission. Leur plus forte implication dans la vulgarisation devrait en effet contribuer à lutter non seulement contre la prolifération des fake news, mais aussi contre certaines dérives du journalisme scientifique, souvent évoquées dans SPS : investigations superficielles, manque de vérification des sources, croisement insuffisant des informations, recherche du sensationnalisme, pour ne citer que les plus courantes.

1 Voir les textes de la loi sur la recherche de 1982 et de la loi sur les enseignants-chercheurs de 1984, ainsi que les modalités d’application de ces lois dans les différents organismes.

Publié dans le n° 326 de la revue


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Auteur de la note

Yves Brunet

Yves Brunet est directeur de recherche à l’Inrae (UMR (...)

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