Fossiles et croyances populaires
Publié en ligne le 2 janvier 2019Une paléontologie de l’imaginaire
Éric Buffetaut
Le Cavalier Bleu et Espèces, 2017, 164 pages, 18 €

Éric Buffetaut est directeur de recherche émérite du CNRS, spécialiste de la paléontologie des vertébrés. Dans ce livre, il explore la portée anthropologique de ses objets d’études, les fossiles. On les retrouve dans les grottes fréquentées par les hommes de Néandertal comme dans celles de l’Homo sapiens, parfois « importés » de contrées lointaines attestant que ces restes minéralisés d’êtres vivants (ou leurs traces) étaient repérés dans les roches dès la préhistoire, en étaient extraits et parfois modifiés (perforés, sculptés, polis) et qu’une signification leur était attribuée, sans qu’on sache précisément laquelle (ornement, surnaturel, transcendance…). Puis il fallut expliquer leur existence : dans les anciennes légendes, ils résultent de l’intervention de saints, du diable ou de fées, mais ils sont aussi parfois interprétés comme des productions plus « naturelles », anthropiques, célestes ou météoritiques.
Depuis l’Antiquité, les hommes ont attribué aux fossiles des pouvoirs de protection ou de guérison qui perdurent encore dans certaines traditions populaires, parfois dans certaines familles. Outre des fossiles constitués d’une pièce (les ammonites, perçues comme des serpents pétrifiés, les glossopètres ou langues de serpents devenues pierre, en réalité des dents de requins, les tests d’oursins ou de foraminifères), il y a aussi les squelettes de vertébrés, souvent incomplets, qui sont alors associés aux êtres fantastiques comme la licorne, les dragons ou les cyclopes, car si la découverte d’un fossile peut faire émerger une explication nouvelle ad hoc et donner naissance à une nouvelle légende, elle peut aussi venir en confirmation d’un mythe établi. É. Buffetaut nous transporte dans de nombreuses cultures humaines actuelles ou passées, proches ou lointaines, à la rencontre de la diversité des interprétations et superstitions associées aux fossiles. En paléontologue, il nous éclaire aussi sur l’interprétation scientifique actuelle des pièces fossilisées entrées dans les traditions populaires.
L’ouvrage 1, aux frontières de l’anthropologie, de l’histoire des sciences et de la paléontologie, d’une lecture agréable et instructive, est agrémenté de quelques photographies et de nombreux dessins.
1 Signalons que ce livre est publié en partenariat avec la revue naturaliste Espèces et l’Association culturelle et archéologique et paléontologique de l’ouest biterrois (ACAP) qui gère un musée dans la commune de Cruzy (Hérault).
Publié dans le n° 325 de la revue
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