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La Vie Alien

Publié en ligne le 15 novembre 2023
La Vie Alien
Manuel pour construire un monde extraterrestre
Roland Lehoucq, Jean-Sébastien Steyer, Laurent Genefort
Éditions du Bélial’, coll. Parallaxe, 2022, 251 pages, 19,90 €

Après Neuro-science-fiction 1 ou Comment parler à un alien, les éditions du Bélial’ publient ici un nouvel ouvrage qui « se propose de faire dialoguer sciences et science-fiction », selon la description de la collection Parallaxe qui en est faite sur leur site. Autour d’un thème classique de science-fiction, les auteurs font de façon rigoureuse l’état des connaissances scientifiques en la matière tout en l’illustrant de nombreux et savoureux exemples tirés de la littérature et du cinéma.

Cette fois, la question abordée est une de celles que l’humanité se pose depuis des siècles : « Sommes-nous seuls dans l’Univers ? Et si les extraterrestres existent, à quoi ressemblent-ils ? »

Pour y répondre, sont réunis ici l’astrophysicien Roland Lehoucq, le paléontologue Jean- Sébastien Steyer et le romancier Laurent Genefort, mais aussi deux écrivains de science-fiction américains, Willy Ley et Hal Clement ; même s’ils ne sont pas cités en couverture, ceux-ci ont cependant signé chacun un chapitre (traduit de l’anglais).

Le livre explore la structure et l’évolution des étoiles, puis les caractéristiques des systèmes planétaires, et enfin la biosphère et les interactions des êtres vivants avec leur milieu, y compris les mythes et autres productions culturelles d’une potentielle espèce intelligente. On parcourt ainsi l’histoire de notre système solaire, en la comparant à celle d’autres systèmes planétaires connus et en se demandant chaque fois si leur situation est compatible avec la vie – en particulier la vie intelligente. Si la science n’a pas encore, et pour cause, de réponse définitive à la question de l’existence des extraterrestres, elle offre un vaste panorama des conditions auxquelles une vie extraterrestre pourrait se développer. La recherche des exoplanètes, en particulier, grâce à plus de trente ans d’observations par les télescopes spatiaux, a montré une grande diversité dans la population des étoiles candidates, avec par exemple des systèmes planétaires autour d’étoiles doubles. Le cinéma a bien sûr tiré parti des images grandioses de ces systèmes « exotiques », telle la planète géante autour de laquelle orbite Pandora, la lune habitée dans Avatar (2009).

Là où l’astronomie n’a pas encore la réponse, certains auteurs de « science-fiction dure » 2 ont depuis des dizaines d’années imaginé des situations où la vie extraterrestre se développait dans des conditions très différentes de la nôtre, en explorant notamment les conséquences culturelles de ces différences cosmologiques ou géologiques. Ainsi, dans La Planète géante (Big Planet, 1957), de Jack Vance, la rareté du fer et autres métaux dans l’écorce planétaire permet à ce monde d’avoir la même gravité de surface que la Terre, donc des conditions de vie proches des nôtres, mais ce manque de métaux l’empêche de connaître une évolution technologique parallèle : pas de fer, pas de métallurgie, de machine à vapeur, etc. Ou encore, dans la nouvelle Quand les ténèbres viendront (Nightfall, 1941), Isaac Asimov imagine une planète située dans un système stellaire multiple, qui ne connaît presque jamais de nuit et où une civilisation s’est développée avec des connaissances limitées en astronomie. Lors d’une éclipse, soudain, c’est la panique : les habitants croient la fin du monde arrivée.

En résumé, La Vie alien est à la fois un bon ouvrage sur l’état de nos connaissances de l’évolution de la Terre et la recherche de vie extraterrestre, mais aussi un livre qui stimulera l’imagination des créateurs souhaitant à leur tour écrire ou représenter des aventures extraterrestres.

Si l’on voulait faire un reproche à ce livre, ce serait celui de l’anthropomorphisme, ou du moins le fait d’avoir pris la Terre comme point de comparaison. Mais ceci est inévitable pour un compte-rendu de la recherche scientifique en la matière, qui part nécessairement de nos connaissances, et donc de la seule planète habitée que nous puissions étudier, la nôtre. Quant à la science-fiction, elle ne crée pas non plus à partir de rien, mais extrapole ou prend le contre-pied de la situation terrestre (taille et composition de la planète, nature de son étoile, etc.). Cela laisse déjà un large champ à l’imagination.

1 Déjà chroniqué ici : https://www.afis.org/Neuro-science-fiction

2 De l’anglais « hard science-fiction » : courant de science-fiction dans lequel l’évolution des technologies et des sociétés est considérée comme réaliste par rapport aux connaissances scientifiques contemporaines.

Publié dans le n° 347 de la revue


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Auteur de la note

Irène Delse

Auteure de romans (fantasy, science-fiction…) publiés (...)

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