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La fantastique histoire du Radium

Publié en ligne le 5 mars 2012
La fantastique histoire du Radium
Quand un élément radioactif devient potion magique

Jean-Marie Cosset et Renaud Huynh
Éditions Ouest-France, 2011, 128 pages, 17,90 €

« Le Radium est un élément radioactif. Mais le Radium est beaucoup plus que ça ! Le Radium est un symbole ». C’est par cette phrase que commence l’introduction des deux auteurs, le premier, médecin radiothérapeute et chef de département honoraire (oncologie-radiothérapie) à l’Institut Curie, le second, directeur du Musée Curie à Paris. L’ouvrage passe en revue les divers aspects de ce métal aux propriétés à la fois bénéfiques et mortelles.

C’est d’abord le symbole scientifique qui est présenté, depuis la découverte en 1898 par Pierre et Marie Curie, jusqu’aux prix Nobel attribués en 1903 au couple et à Henri Becquerel, puis en 1911 à Marie Curie. Le symbole médical, ensuite, avec la curiethérapie et les divers usages, internes et externes, du radium pour soigner plaies ou cancers. Le cours du radium, alors symbole industriel, a dépassé largement le cours de l’or dans les années 1910-1920, faisant et défaisant les monopoles au fur et à mesure de la découverte des gisements d’uranium d’où l’on extrayait le précieux métal.

La création publicitaire aidant, la fascination pour le matériau « le plus cher du monde », introduit dans toutes sortes de préparations médicales (pommades, potions, boues, compresses radifères) ainsi que la mise en avant de la radioactivité des sources thermales, dont on venait, enfin, disait-on, de trouver l’origine des propriétés curatives, ont conduit à sa popularisation. Bien entendu, si la plupart des produits « radifères » étaient dénués de radioactivité – ou en contenaient d’infimes quantités –, cela ne pouvait laisser indifférents les charlatans qui n’hésitèrent pas à mettre en péril la santé de leurs clients, comme dans l’affaire du Radithor, aux États-Unis, à la fin des années 1920. Autre scandale sanitaire, celui des « Radium girls », ces jeunes femmes qui, travaillant pour la compagnie US Radium, se contaminaient en appliquant sur les aiguilles et cadrans des réveils et des montres – et de nombreux autres objets – une peinture « au radium » qui les rendait fluorescents : au cours des procès, l’industriel mobilisa des experts scientifiques pour défendre l’idée que l’on ne pouvait, alors, évaluer la dangerosité du radium et surgit, déjà, la question des conflits d’intérêt...

Panacée presque universelle, le radium connut aussi un véritable succès populaire grâce à la littérature, au cinéma, au théâtre, à la bande-dessinée, à la chanson et à la musique. Aujourd’hui encore, tant dans le domaine médical que dans la culture populaire (et commerciale), le radium conserve une certaine estime. C’est cette « saga » que présente l’ouvrage. Celui-ci, d’une lecture aisée et agréable, est richement illustré par les documents d’époque et la reproduction de pièces étonnantes du Musée Curie ; de nombreuses citations montrent les bienfaits attribués, alors, à la radioactivité. Enfin, signalons que les droits d’auteur de cet ouvrage sont reversés à l’Institut Curie pour la recherche sur le cancer.


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