Qu’est-ce que le principe de précaution ?

Les pays développés se posent de plus en plus de questions sur la pertinence de leurs choix de société. L’innovation était, il y a peu de temps encore, considérée comme un progrès incontestable. Les citoyens-consommateurs ont ignoré délibérément l’idée même de problèmes liés au progrès. Les innovations techniques ont en effet été à l’origine de multiples bienfaits. Que des effets pervers puissent accompagner le progrès technique est désormais admis, jusqu’à tomber, parfois, dans une autre perversité qui consiste à nier et rejeter le progrès en bloc, verbalement tout au moins. La pénurie de matières premières qui s’annonce au niveau mondial ne fait que renforcer le malaise.

Le principe de précaution a été proposé pour responsabiliser les citoyens autant que les décideurs pour la gestion du progrès. Ce principe a été adopté mondialement et aussitôt rejeté par ceux qui y voyaient une entrave au vrai progrès et, on ne peut le nier, au profit. Le principe de précaution est en effet très mal appliqué. Il est invoqué dans les circonstances les plus variées et ne joue souvent pas du tout son rôle, bien au contraire. Une des raisons est que le principe de précaution est un concept qui n’est pas suffisamment compris. Les règles pour son application n’ont par ailleurs pas été définies. Il souffre donc d’une maladie de jeunesse.

Le livre publié par Denis Grison retrace l’histoire du principe de précaution. Il procède également à l’analyse de la situation actuelle en restant très proche des faits et il contient des propositions pour une meilleure application en dehors de tout esprit polémique. Ce livre est particulièrement clair et d’une lecture agréable. On ne peut que lui souhaiter une diffusion large qui ne manquera pas d’apporter de la rationalité et de la sérénité dans un domaine qui en manque cruellement.