Thérapies énergétiques

Mon livre analyse les rouages des thérapies dites énergétiques. Je montre comment toutes ces thérapies reposent fondamentalement sur un détournement profond des concepts scientifiques. J’explique la raison pour laquelle les discours des géobiologues, énergéticiens et autres lithothérapeutes ne sont pas – et ne seront jamais – scientifiques. À l’inverse de la démarche scientifique, qui construit notre vision du monde à la lumière des résultats expérimentaux, les pseudo-sciences déforment la réalité et les résultats scientifiques pour les faire coller à leur vision du monde.

Je dois beaucoup à la science. Elle m’a donné plus qu’un métier, elle m’a proposé une méthode de découverte et de compréhension du monde. C’est un outil merveilleux d’émancipation intellectuelle et sociale. Je n’aime guère qu’elle soit ainsi travestie pour appuyer des discours trompeurs ! Par ailleurs, j’explique aussi comment ces thérapeutes énergétiques usent d’autres mécanismes – l’appel à la subjectivité, à la tradition, à la nature – pour convaincre du bien-fondé de leurs pratiques…

Favorisées par la structuration et la professionnalisation croissante des pseudo-thérapeutes, avec le soutien ou la complaisance de certains de nos élus et hauts fonctionnaires, les thérapies alternatives et les pseudo-sciences s’infiltrent partout : à l’école, à l’hôpital, dans les médias, dans l’entreprise… J’ai dénoncé ces dérives jusqu’au sommet de certaines institutions scientifiques et je suis profondément troublé de voir à quel point elles sont ignorées. Les pseudo-sciences s’attaquent à tous les domaines de la connaissance scientifique… mais la santé, le bien-être et l’épanouissement personnel sont des cibles privilégiées parce que les pseudosciences s’engouffrent là où nos sociétés sont en difficulté.

Ce que je pointe du doigt, c’est un risque de lyssenkisme à la française ¹, où l’ésotérisme s’installerait durablement et dramatiquement dans ces domaines. Il faut s’y opposer. D’abord, en refusant de tolérer que l’argent public bénéficie à des organismes ou filières pseudo-scientifiques ou pseudo-thérapeutiques et en veillant à ce que l’État ne valide pas de telles charlataneries. Ensuite, en prenant la mesure de la tâche à accomplir pour que la pensée rationnelle regagne un terrain intellectuel abandonné à la pensée magique.

Que l’on me comprenne bien : la liberté de penser est fondamentale pour moi. Je ne serai jamais favorable à imposer aux gens de « croire » en la science plutôt qu’aux pseudo-sciences. Ce serait une contradiction profonde. Imposer une pensée, c’est une porte ouverte aux pires dérives. Il faut plutôt convaincre en mettant en défaut les discours pseudo-scientifiques. Il faut aussi instruire et éduquer à la démarche scientifique et à l’esprit critique, à tout âge et en tout lieu. Que les gens apprennent à faire la différence, par eux-mêmes, entre la version scientifique de la connaissance et son inversion pseudo-scientifique.