L’étrange silence des abeilles
Publié en ligne le 30 avril 2010Enquête sur un déclin inquiétant
Vincent Tardieu
Belin, Pour la Science, 2009, 350 pages, 21.50 €
Pas de coupable unique ni de cause universelle ? Nous voilà bien avancés ! De quoi désespérer la plupart des apiculteurs. Désemparer les journalistes aussi, eux qui redoutent tant de devoir expliquer les nuances, les jeux confus entre facteurs, la diversité des situations qui brouillent l’horizon.

Alors qu’avec son titre en hommage revendiqué à Rachel Carson et à son Silent Spring 1 (1962), on pouvait craindre un nouvel opuscule dénonçant « la chimie » qui envahit notre monde, c’est à une enquête précise que nous avons affaire. Vincent Tardieu, journaliste scientifique, explique, par une comparaison des situations entre les États-Unis et l’Europe, que le métier d’apiculteur peut être variable. Aux États-Unis, par exemple, 1% des apiculteurs est « migrateur » et possède plus de la moitié du cheptel apicole : la production de miel ne constitue que 25 à 30 % du revenu, le reste correspondant à la location des ruchers pour la pollinisation des vergers. Il montre aussi que le « désordre d’effondrement de colonie » ou Colony Collapse Disorder (CCD), recouvre des réalités bien différentes : disparition des abeilles qu’on ne retrouve pas, mort massive d’abeilles dans les ruches, baisse de l’efficacité des abeilles dans les missions que l’apiculteur leur assigne (pollinisation ou production de miel)…
Son enquête a conduit l’auteur à rencontrer nombre d’apiculteurs de toutes tendances et de scientifiques. Il a donc les éléments pour discuter les causes possibles des CCD : les pesticides et les effets synergiques entre différentes molécules dès les faibles doses, l’acarien Varoa destructor et les traitements contre ce parasite appliqués parfois de façon peu efficace, les divers virus, le micro-champignon Nosema ceranae, l’agressif frelon asiatique Vespa velutina, la qualité du miel liée à une diminution de la variété des végétaux, la qualité génétique des cheptels apicoles, les conditions de la transhumance des colonies pollinisatrices aux États-Unis…
On regrettera l’absence d’une courte description biologique de l’abeille et de son mode de vie colonial. L’ensemble, très documenté (de nombreux rapports et articles scientifiques sont cités), constitue, cependant, un panorama large et précis de la situation qui permettra au lecteur désireux d’approfondir la question traitée par Alain Rérat, d’accéder aux débats en cours.
1 Voir SPS n° 206
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