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Notre air est-il respirable ?

Publié en ligne le 21 janvier 2020
Notre air est-il respirable ?
Le vrai du faux sur la pollution intérieure et extérieure

Lise Loumé, Francelyne Marano
Éditions Quæ, 2018, 166 pages, prix 19 €


La pollution de l’air est un sujet d’actualité : l’Anses a d’ailleurs rendu un nouveau rapport en juillet dernier, qui  « confirme avec des niveaux de preuve forts les effets sur la santé (atteintes respiratoires et cardiovasculaires et décès anticipés) liés à certaines composantes des particules de l’air ambiant » [1]. Lise Loumé est journaliste scientifique et Francelyne Marano professeure émérite de biologie cellulaire et de toxicologie. Elles proposent de faire le point sur la question avec un ouvrage qui s’adresse au grand public.

La pollution de l’air est un sujet de préoccupation pour tous les pays. En particulier, elle est  « la troisième cause de mortalité anticipée en France, derrière le tabac et l’alcool » 1p. 15). La première partie décrit la nature des polluants présents dans l’air extérieur (particules fines, nanoparticules, oxydes d’azote ou de soufre, composés organiques volatiles, ozone, pesticides, etc.), et précise quelles sont les sources de pollution (origine naturelle, industrie, transport, agriculture…). Ensuite, L. Loumé explicite la notion de « pic de pollution » mais rappelle que c’est la pollution de fond qui est vraiment préoccupante par ses effets sur la santé. À court terme, elle peut causer « envie de se moucher, essoufflement, toux, irritation des yeux… » p. 54), mais aussi l’aggravation de pathologies déjà présentes : asthme, bronchite, polyarthrite rhumatoïde, sclérose en plaque, ainsi que l’augmentation du  « risque de troubles cardiovasculaires conduisant à un infarctus ou un accident vasculaire cérébral » et des  « infections respiratoires peuvent également survenir, comme la grippe et la pneumonie » p. 55). À long terme, le risque de cancer ou de maladies chroniques (pathologies respiratoires et cardiovasculaires) augmente. Les conséquences spécifiques pour la femme enceinte et le fœtus sont aussi abordées : retard de croissance, risque de fausse couche plus élevé...

La quatrième partie traite de la pollution de l’air dans les habitations : produits ménagers, peintures, vernis, fumée de cigarette, monoxyde de carbone, radon… L’auteur alerte sur les solutions inefficaces, telles que les purificateurs d’air, les bougies parfumées ou les plantes : il faut une aération effective du logement.

Enfin, les solutions techniques ou politiques pour limiter la pollution de l’air sont discutées, mais  « c’est la réglementation qui joue le rôle le plus important dans l’évolution des concentrations de polluants » p. 141). Ainsi, contrairement aux idées reçues,  « depuis une dizaine d’années, la qualité de l’air s’améliore en France, même en région parisienne » p. 129). L. Loumé en appelle aussi à chacun pour limiter son impact au quotidien.

L’exposé comporte parfois des inexactitudes 2 et l’on ne saurait suivre l’auteur lorsqu’elle prétend que les produits naturels présentent moins de risque pour la santé que les produits de synthèse :  « des alternatives existent pour limiter l’usage de pesticides dans l’agriculture, comme le désherbage mécanique et l’utilisation d’herbicides et d’insecticides naturels » p. 33) ; L. Loumé recommande de faire le ménage avec  « des produits naturels [...] et ayant des labels certifiant qu’ils respectent les règles du “bio” » p. 107). Elle affirme aussi que la voiture électrique en France entraîne  « le déplacement de la pollution des villes vers les campagnes, lieux où se trouvent les centrales nucléaires » p. 100). On regrettera en outre que les références ne soient pas systématiquement citées.

En conclusion, la lecture permet d’avoir une première vue d’ensemble au sujet de la pollution de l’air, mais devra être complétée avec d’autres sources.

1 Les estimations sont délicates, et l’auteur emploie le conditionnel à juste titre pour citer les « 48 000 décès anticipés par an » dus aux particules fines en France. Pour des précisions, voir Guillossou G, « La pollution atmosphérique en France », SPS n° 320, avril 2017.

2 L’arsenic est présenté comme un métal lourd p. 52) alors qu’il s’agit d’un métalloïde ; le limonène est cité dans les  « composés aux noms difficiles à prononcer et n’évoquant rien de naturel »p. 107) alors que c’est le principal contributeur à l’odeur des agrumes ; les CFC sont appelés « chlorofluorocarbones » au lieu de « chlorofluorocarbures » p. 28).