Un entretien avec Michel Petit
Publié en ligne le 4 avril 2008 - Climat -

SPS : Quelle est l’étendue du consensus scientifique, et quels sont encore, selon vous, les domaines où l’interrogation reste de mise ?
Michel Petit : Le grand mérite du GIEC est d’avoir permis de dégager un vrai consensus scientifique, à la fois sur les résultats scientifiques et sur les incertitudes qui les affectent. La sensibilité du réchauffement au changement de composition de l’atmosphère reste affectée par une marge d’erreur de l’ordre d’un facteur 3. L’accélération de la fonte des glaces polaires récemment observée pourrait, si elle se confirme ou s’accélère, conduire à une montée du niveau de la mer plus élevée que celle qui est actuellement modélisée. Le changement climatique pourrait décroître la capacité de l’océan et de la biosphère à absorber le dioxyde de carbone. La part des émissions qui reste dans l’atmosphère s’en trouverait augmentée et donc l’amplitude du réchauffement. Voilà,
parmi d’autres, quelques exemples de domaines où subsistent des interrogations et dont on trouvera une liste détaillée dans le rapport de synthèse du GIEC, adopté le 16 novembre 2007.
SPS : Il n’est pas rare que les journalistes relatant un évènement climatique (inondations, tempêtes, canicules) en attribuent la cause au réchauffement climatique. Quels sont pour vous les plus grands événements météorologiques récents qui seraient dus au réchauffement climatique ?

Michel Petit : Les événements météorologiques sont par essence aléatoires et il est impossible de dire que l’un d’entre eux, quel qu’il soit, soit dû au réchauffement climatique. Par contre, ce qu’on peut dire, c’est que le changement climatique augmente, au fur et à mesure qu’il se développe, la probabilité que surviennent des canicules comme celle qu’a connue la Grèce en 2007 et des événements pluvieux intenses comme celui qui a affecté la Grande-Bretagne, cette même année. L’influence du changement climatique sur les tempêtes est moins claire.
Michel Petit
Qu’est-ce que l’effet de serre ?
Ses conséquences sur l’avenir du climat
Vuibert Éditeur. 125 pages. 16 €.
Publié dans le n° 280 de la revue
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L' auteur

Michel Petit
Michel Petit (1935-2019) a été directeur de l’Institut National des Sciences de l’Univers du CNRS, ancien (...)
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