ANTIVAX - La résistance aux vaccins du XVIIIe siècle à nos jours
Publié en ligne le 11 octobre 2019La résistance aux vaccins du XVIIIe siècle à nos jours
Edition Vendémiaire, 2019, 355 pages, 23 €

L’opposition aux vaccinations a été considérée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme l’une des dix menaces qui pèse aujourd’hui sur la santé mondiale. Ce constat est partagé par ceux qui s’alarment qu’un Français sur deux est convaincu qu’il existe une entente entre le gouvernement et l’industrie pharmaceutique pour cacher la dangerosité des vaccins.
Sa pertinence ne peut être par ailleurs que reconnue quand on observe la multiplication des foyers de rougeole à travers le monde.
De la variolisation à nos jours : rien n’a changé !
S’il n’est pas le plus meurtrier, l’anti-vaccination est probablement de tous les fléaux qui préoccupent l’OMS l’un des plus difficiles à combattre. Certains pays ont fait le choix de recourir à l’obligation, ce qui constitue une arme radicale mais ne permet probablement pas complètement de faire reculer en profondeur la défiance. D’autres veulent croire qu’une meilleure connaissance des mouvements anti vaccination permettra de mieux lutter contre eux. Dans cette perspective, on lira avec attention l’ouvrage de Françoise Salvadori et Laurent-Henri Vignaud. Cette virologue et cet historien des sciences signent un livre qui retrace l’histoire des ligues opposées à la vaccination du XVIIIe siècle à nos jours.
Leur ouvrage permet de constater qu’en dépit de l’amélioration des vaccins et de nombreux bouleversements techniques et sociétaux, les fondements de la défiance vis-à-vis de la vaccination demeurent semblables. Les arguments religieux ont d’abord une importance majeure : hier il s’agissait de refuser de contrarier les projets de Dieu, aujourd’hui on assiste à une glorification de la Nature, qui peut se révéler proche. À ce premier type d’arguments s’ajoute souvent un discours libertaire : le refus de la vaccination révèle un rejet de l’autorité.
La pureté avant la protection

Ces éléments bien analysés dans l’ouvrage de F. Salvadori et L.-H. Vignaud sont confortés par les résultats de certaines études sociologiques et psychologiques conduites auprès de familles opposées à la vaccination. Une étude [1] récemment rappelée par le site slate.fr [2], publiée dans Nature Human Behavior fin 2017, avait ainsi tenté de préciser les ressorts psychologiques du refus de la vaccination. Les auteurs avaient pu constater notamment que les familles hésitantes présentaient plus souvent des présupposés moraux marqués par les notions de « pureté », de « propreté » et par la peur de la « contamination » (sous différentes formes) que les familles s’opposant plus frontalement à la vaccination. Chez les plus farouchement hostiles, ce surinvestissement pour la « pureté/propreté » se doublait d’une importance marquée pour les concepts de liberté et d’oppression. Par ailleurs, les auteurs avaient noté que tant les parents hésitants que les plus hostiles ne paraissaient guère influencés par les notions de « protection et de nuisance ». Aussi, le rôle social de la vaccination permettant de protéger une communauté entière n’a guère d’incidence sur leur comportement. Éclairante sur les ressorts psychologiques du rejet de la vaccination, cette étude, tout comme l’ouvrage des chercheurs français, révèlent que l’anti-vaccination répond à des réflexes d’abord émotionnels avant d’être intellectuels, ce qui rend particulièrement difficile toute entreprise pédagogique et politique contre elle.
Nous reproduisons, avec son aimable autorisation, ce texte qu’elle a publié sur le site du JIM, jim.fr
Publié dans le n° 328 de la revue
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