Si l’autisme n’est pas une maladie, qu’est-ce ?
Publié en ligne le 9 avril 2025et de sa place dans l’espèce humaine

L’autisme est un trouble (une maladie ?) du neurodéveloppement dont l’origine reste incomprise. Avec cet ouvrage, Laurent Mottron, professeur, clinicien titulaire de la chaire M&R Gosselin en autisme au département de psychiatrie et d’addictologie de l’université de Montréal, spécialisé dans le suivi d’enfants autistes, propose une analyse « iconoclaste » de ce trouble (comme le remarque en quatrième de couverture Jonathan Green, médecin psychiatre à Manchester).
Dès le départ l’auteur propose de considérer l’origine de l’autisme comme une bifurcation développementale, c’est-à-dire un événement ayant lieu lors du développement du fœtus, avec un caractère irréversible et une composante génétique, comme par exemple le fait d’être gaucher ou droitier. Cette hypothèse surprenante est explicitée au long de cinq parties, dont les chapitres, parfois très techniques et denses, se terminent par un résumé reprenant les notions importantes abordées, facilitant ainsi leur compréhension. L. Mottron nous expose de manière rigoureuse sa réflexion, principalement basée sur son expérience clinique. Il s’attache tout d’abord à décrire ce qu’est l’autisme puis ce qu’il n’est pas, et la nécessité d’une nouvelle définition. Selon lui, la notion de spectre autistique, généralement acceptée, masque les caractères propres de l’autisme, empêchant ainsi son étude scientifique. En effet, elle inclut les comorbidités ou pathologies 1 souvent liées à l’autisme et crée de ce fait une circularité des diagnostics, favorisant l’autodiagnostic, chacun pouvant se retrouver dans la définition parfois imprécise de ces pathologies. Il expose ainsi les « failles logiques et les contradictions avec la réalité clinique de certains principes généraux sur l’autisme universellement adoptés ». Il suggère l’existence d’une forme prototypique stable de l’autisme dans laquelle le syndrome d’Asperger 2 a toute sa place, contrairement à ce que propose le dernier manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux (DSM 5) 3. Ce syndrome, selon l’auteur, « doit subsister comme sous-groupe du spectre autistique mais il doit être distingué de l’autisme au niveau clinique et des mécanismes impliqués ». En conclusion, l’auteur reconnaît avec humilité : « Je ne m’attends pas à être cru sur parole, mais qu’on se fasse un jugement sur la pertinence et l’importance des questions que je pose et des conjectures que j’avance. »
Cette approche de l’autisme intéressera les professionnels en contact avec les personnes autistes et stimulera leur réflexion. La progression scientifique, clinique et pratique de la compréhension de ce trouble permettra de valider ou non l’hypothèse audacieuse de L. Mottron.
Publié dans le n° 353 de la revue
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Santé et médicament

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