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Agir et penser comme les animaux

Publié en ligne le 8 décembre 2020
Agir et penser comme les animaux

Caroline Lepage
Éditions de l’Opportun, 2019, 250 pages, 11,90 €

Les aptitudes des animaux peuvent-elles nous inspirer ? Ce livre est d’abord un amusant ouvrage d’initiation à l’éthologie, avec un fil conducteur plutôt original : partir des choses extraordinaires chez les animaux et tenter d’y puiser une inspiration pour s’améliorer, socialement ou individuellement. Autour de grands thèmes fédérateurs – orientation, alimentation, santé… –, l’auteur, journaliste scientifique, nous décrit le comportement de nombreux animaux, communs ou plus exotiques, de la vache au requin, du castor au tardigrade, du guépard à la coccinelle, et essaie d’en déduire des préceptes pour nous tous.

Explorons de plus près quelques exemples issus du livre. On découvre que les suricates disposent d’une sorte d’école, dans le sens de transmission des savoirs nous indique C. Lepage. Le petit suricate doit faire face à un scorpion dont ses professeurs (pas forcément ses parents) ont ôté le dard. Il est ensuite confronté peu à peu à de nouvelles difficultés. Comment ne pas être impressionné par ce véritable apprentissage !

Et le lecteur continue ses découvertes, en prenant conscience de l’étendue de l’intelligence des cochons, « capables d’appuyer sur un bouton d’ordinateur, de penser, de communiquer avec nous ». L’auteur s’interroge alors : « Comment allons-nous pouvoir continuer à supporter le niveau de souffrances qu’ils peuvent endurer dans ces exploitations agricoles poussées à l’excès ? »

En revanche, d’autres cas pourraient laisser certains lecteurs plus dubitatifs : si les bouquetins sont capables d’escalader des parois quasi verticales pour aller lécher des sels minéraux indispensables à leur santé, à 2 000 mètres d’altitude, il est un peu osé d’en déduire quelque chose de sérieux pour l’Homme, comme le fait l’auteur en s’interrogeant sur notre façon de gérer une prise de risque, mais pourquoi pas ?

Globalement, l’ouvrage pourrait constituer une bonne façon de s’intéresser aux sciences naturelles, si l’auteur n’abusait pas d’un langage parlé, frénétiquement humoristique et parfois trop vulgaire, qui asphyxie le lecteur et donne un côté par trop farfelu. On notera que dans le chapitre relatif à la cuisine, C. Lepage, détractrice de l’usage du lait dans l’alimentation humaine, colporte une série de propos pseudo-scientifiques sans donner aucune référence dans ses assertions 1.

Si les parties consacrées aux animaux sont instructives et distrayantes, les courts adages sur ce que les animaux peuvent nous apprendre sont pauvres et souvent quelque peu ridicules. Les promesses du titre sont bien loin d’être tenues et ce n’est certes pas dans cet ouvrage que l’on découvrira comment agir et penser comme les animaux. Il reste cependant un ouvrage plaisant pour se distraire intelligemment. De l’atypique ornithorynque, mammifère de la classe rare des monotrèmes, pondant des œufs mais allaitant ses petits et qui dispose d’un insolite bec de canard électrosensible débusquant les infimes courants électriques 2 de ses proies, aux araignées qui tissent en une heure des dessins fantastiques, la faune nous éblouit ici par sa diversité et sa complexité. À tester donc, suivant votre goût ou votre envie du moment, car vous voilà prévenus !

1 L’Afis a dénoncé les campagnes « anti-lait », par exemple dans l’article de Jean-Marie Bourre « Propagandes mensongères contre les produits laitiers », SPS n° 297, juillet 2011.

2 Les mouvements musculaires sont produits par la circulation de courants électriques déclenchés par le système nerveux.