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BIAIS COGNITIF EXPRESS

Au centre du monde ?

Publié en ligne le 3 juillet 2023 - Esprit critique et zététique -
L’association « À seconde vue » vous propose d’expérimenter de manière interactive et ludique la démarche critique : douter, s’informer, décrypter. Une réflexion sur les mécanismes et les biais de raisonnement inhérents à la pensée humaine.

Nous vous suggérons de faire l’expérience ludique et interactive proposée en suivant le lien ci-dessous, avant de lire la suite.
www.asecondevue.fr/activites/expe9/accueil

Un peu de géographie

On apprend à l’école que le Soleil se lève à l’est et se couche à l’ouest. À part le fait que c’est bien sûr la Terre qui tourne, ce n’est évidemment pas faux. Jamais il ne changera d’avis pour se lever à l’ouest et se coucher à l’est. Mais les autres points cardinaux, le sud et le nord, ne sont-ils pas aussi impliqués ? En hiver, quand en France métropolitaine nous regardons en direction du Soleil, nous sommes tournés vers le sud et le Soleil se lève finalement plus vers le sud-est que vers l’est. Plus au nord, dans des pays comme la Norvège ou l’Islande, le Soleil se lève en hiver bien plus au sud qu’à l’est. Au-delà d’une certaine latitude, il ne se lève pas pendant plusieurs semaines ou mois (la nuit polaire). Et en été, il ne se couche pas du tout (le jour polaire). En France métropolitaine, au solstice d’été, le Soleil se lève et se couche légèrement au nord.

Et dans l’hémisphère Sud ? Là-bas, c’est plutôt vers le nord que nous devrions nous orienter pour suivre la courbe du Soleil. En hiver, il se lève au nord-est et se couche au nord-ouest. Tournés vers le nord, nous le regarderions se lever à notre droite alors que chez nous, il se lève à notre gauche (car nous regardons vers le sud).

Notre vision du monde, de la course du Soleil ou encore des cartes mondiales, est centrée sur notre position. Selon l’endroit où l’on habite, la compréhension de notre globe terrestre n’est probablement pas la même. Pour un habitant de Chine, la France apparaît comme un pays minuscule bien éloigné de chez lui, et le centre de l’activité mondiale se situe plutôt en Asie. Pour un habitant d’Europe, les États-Unis et la Russie sont deux pays situés de part et d’autre du continent, alors que ces deux pays sont très proches, vus depuis l’océan Pacifique.

Oublier sa propre personne

En géographie, mais aussi en histoire et sur de nombreux sujets d’actualité, notre raisonnement intègre souvent, et naturellement, une vision du monde centrée sur soi, sur son expérience personnelle et sa position au sein de la société. Il s’agit d’un biais de cadrage que l’on peut nommer biais d’auto-centrage.

Quand on doit par exemple évaluer un choix politique, on va avoir ainsi tendance à le faire en fonction de l’impact sur sa propre situation, sans forcément en saisir la portée plus générale.

Quand on doit évaluer, comme dans l’expérience proposée dans cette chronique, le nombre d’amis que l’on a dans un réseau social, on le fait aussi en jugeant ce que le réseau nous laisse voir, et non pas en ayant une vue globale de la situation.

Pour un raisonnement plus juste, prenant en compte la complexité d’une situation, il faut savoir oublier sa propre personne et se décentrer. Cette capacité à changer de point de vue sur une situation donnée permet de limiter ce biais d’auto-centrage qui peut nous faire raisonner de travers ou de façon incomplète. Nous ne sommes pas toujours le centre du monde, ni celui d’un bon raisonnement !

Publié dans le n° 344 de la revue


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L’association « À seconde vue » vous propose d’expérimenter de manière interactive et ludique la démarche critique : (…)

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