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La science de la sécurité routière

Publié en ligne le 28 avril 2021 - Technologie -
Introduction du dossier

La sécurité routière concerne chacun d’entre nous dans de nombreux actes de la vie courante. En tant que piéton, conducteur ou passager, nous pouvons être victime ou auteur d’accidents. En tant qu’usager d’une infrastructure ou d’un moyen de locomotion, nous sommes sensibles à sa qualité et à sa sécurité. Nous avons tous un avis sur les décisions qui sont prises, celles qu’il faudrait prendre, sur notre comportement et sur celui des autres. Et bien entendu, les choix en matière de sécurité routière sont d’abord des choix politiques avec de nombreuses dimensions économiques (les investissements dans les infrastructures en particulier), sanitaires (voir encadré) ou sociétales (des sujets très sensibles dans l’opinion publique).

Bilan de l’accidentalité en France métropolitaine

Évolution du nombre annuel de personnes tuées par million d’habitants en France métropolitaine. Par rapport à 2010, le nombre de piétons stagne, celui des cyclistes augmente de + 34 % et les décès de seniors (65 ans et plus) de + 11 %.
Source : Onisr, La sécurité routière en France - Bilan de l’accidentalité de l’année 2019, Observatoire national interministériel de la sécurité routière, 2020, 201 p.

Introduction au dossier

Au fil des années, une véritable démarche scientifique s’est mise en place (voir l’article de Laurent Carnis, « Sécurité routière et science : de bons amis ? »). La sécurité routière s’appuie de nos jours sur des données quantitatives et des études statistiques, mais elle a également recours à des enquêtes, des simulations et des expériences de terrain. Toutefois, pas plus que dans d’autres domaines, la science ne dicte ce que doivent être les décisions, mais elle permet de les éclairer. La politique de sécurité routière est constituée d’un ensemble de réglementations qui ont dû évoluer au regard des nouvelles technologies, mais aussi des connaissances accumulées (voir l’article de Catherine Gabaude et Jordan Navarro, « Politiques de sécurité routière, attentes sociétales et évolutions technologiques »). Parmi les nombreuses évolutions technologiques, l’émergence de véhicules automatisés pose des problèmes inédits et conduit à devoir repenser la place et la responsabilité des conducteurs (voir l’article d’Anne Guillaume, « Les aides à la conduite et l’automatisation des véhicules »).

La recherche des causes et des responsabilités des accidents est un élément important de la sécurité routière. Sans surprise, la vitesse et l’alcool sont les principales causes identifiées (voir encadré). Les limites de vitesse autorisées sont un sujet sensible et récurrent dans les débats publics. Les réactions qui ont suivi les différentes décisions relatives à la limitation à 80 km/h sur les routes à double sens sans séparateur central l’illustrent largement (voir l’article de Laurent Carnis, « Vitesse sur les routes. Rien ne sert de courir, il faut partir à point »). Cependant, la vitesse en elle-même est un facteur complexe qu’il faut aussi apprécier en relation avec l’infrastructure (voir l’article d’Éric Violette et Marie-Line Gallenne, « Cohérence entre vitesses et infrastructures routières pour une meilleure sécurité »).

Les Dames Goldsmith au bois de Boulogne en 1897 sur une voiturette Peugeot,
Julius LeBlanc Stewart (1855-1919)

Ce dossier ne vise pas à dire ce que doit être une bonne politique de sécurité routière, qui dépend d’abord des critères retenus pour effectuer les choix. Son objectif est d’essayer de montrer qu’il existe des données et une science qui permet de comprendre et d’éclairer certaines conséquences de certaines décisions dans un domaine où, plus souvent que dans d’autres, sa propre expertise personnelle tient souvent lieu de « vérité de bon sens ». Pour dépasser le cadre de ce dossier, le lecteur intéressé pourra se reporter avec profit à l’ouvrage La sécurité routière en France (voir encadré).

Causes et responsabilités des accidents


En 2019, parmi les 3 244 personnes décédées sur la route, 1 944 étaient responsables de leur accident ; 40 % des personnes tuées, soit 1 300 personnes, l’ont été par la faute d’un autre usager impliqué dans l’accident. Pour chaque accident corporel, la responsabilité présumée des personnes impliquées est évaluée lors de l’enquête réalisée par les forces de l’ordre.

Causes principales des accidents mortels en 2019 (plusieurs causes possibles)

Causes principales (multiples) des accidents mortels selon l’âge des auteurs présumés responsables, sur trois ans (2017-2019) en France métropolitaine.

Source : Onisr, La sécurité routière en France - Bilan de l’accidentalité de l’année 2019, Observatoire national interministériel de la sécurité routière, 2020, 201 p.

Dossier coordonné par Emeric Planet