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Les cosmétiques : réglementés ? utiles ? toxiques ?

Publié en ligne le 20 décembre 2020 - Santé et médicament -
Introduction du dossier

Notre apparence nous préoccupe beaucoup, que ce soit pour nous-mêmes ou pour notre relation aux autres. Si l’histoire des cosmétiques remonte à l’Égypte ancienne, les cinquante dernières années ont été celles d’un développement sans précédent d’une industrie des cosmétiques. Produit de luxe réservé à un petit nombre de personnes dans le passé, le marché des soins et produits corporels touche maintenant tous les publics. Le marketing rivalise d’ingéniosité pour nous faire rêver, nous suggérer bien-être et meilleure santé, et sait s’adapter aux évolutions des attentes des consommateurs (ou les susciter).

Affiche des années 1950

Les produits cosmétiques sont des produits actifs. Et derrière eux, il y a « une science pluridisciplinaire associant sciences pures et sciences appliquées et intégrant connaissances en biologie, chimie, biochimie, formulation, physiologie, psychologie, sociologie, sciences neurosensorielles, pharmacie » [1]. S’ils véhiculent une part de rêve et d’imagination, ils ont aussi des effets réels, visuels ou physiologiques, voire sanitaires (crèmes solaires, savons…). C’est pourquoi une réglementation de plus en plus précise et contraignante visant à encadrer leur fabrication et leur utilisation s’est progressivement mise en place. Les allégations marketing qui peuvent accompagner leur promotion sont également légalement encadrées.

L’usage des cosmétiques n’est pas une nécessité physiologique et résulte en grande partie de choix individuels. Il est cependant suffisamment ancré dans nos cultures pour que le recours aux différents produits disponibles apparaisse comme indispensable et suscite également des craintes. L’Homme s’est transformé en « un animal anxieux [qui], dès qu’il a un petit soupçon de danger, […] bascule dans l’aversion » [2]. Ce qui était déjà vrai pour l’alimentation l’est devenu aussi pour l’eau, l’air, les médicaments et les cosmétiques.

Des modes similaires à celles existant dans l’alimentation se retrouvent dans le monde des cosmétiques avec, par exemple, la recherche de produits « sans OGM », « bio » ou « naturels ». Des inquiétudes spécifiques se sont fait jour à propos de certains composants présents dans les cosmétiques : parabens, sels d’aluminium ou phénoxyéthanol par exemple. Les titres de la presse sont à ce propos illustratifs : « Les produits cosmétiques sont-ils dangereux ? » (Santé Magazine, 4 septembre 2016), « Les cosmétiques bio sont-ils réellement sans danger ? » (Cosmopolitan), « Les dangers des cosmétiques » (Le Figaro Particulier, 8 juillet 2014)…

Il importe cependant de ne pas confondre danger et risque, et les produits cosmétiques n’échappent pas à la règle. Quels qu’ils soient, les composants utilisés ne sont pas sans danger et ne pas respecter les précautions d’usage peut conduire à des accidents parfois sérieux. Une récente étude [3] publiée par des chercheurs américains montre que sur une période de quinze ans (2002-2016), près de 65 000 enfants de moins de cinq ans ont été hospitalisés à cause de produits cosmétiques qui avaient été laissés à leur portée. De même, vouloir faire soi-même ses produits cosmétiques n’est pas non plus sans risque [4].

Ce dossier vise à apporter quelques éléments permettant de mieux comprendre ce qu’il en est.

Références

1 | Nardello-Rataj V, Bonté F, « Chimie et cosmétiques. Une longue histoire ponctuée d’innovations », L’actualité chimique, octobre-novembre 2008.
2 | Fischler C, « Les Français ont une manière particulière de penser l’alimentation », entretien, La Croix, 22 août 2017. Sur la-croix.com
3 | Vajda J et al., “Cosmetic-Related Injuries Treated in US Emergency Departments : 2002 to 2016”, Clinical Pediatrics, 16 juin 2019.
4 | Marchetti M, « Crème solaire, dentifrice, lessive : joies et dangers des produits “faits maison” », Le Temps, 10 juillet 2019. Sur letemps.ch